80 km/h : la Sécurité routière maintient ses positions

En prévision de la baisse de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central, prévue pour le 1er juillet 2018, la Sécurité routière a mis en place une campagne de sensibilisation. L’objectif : justifier une mesure très impopulaire.
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Campagne 80 km/h
(c) Sécurité routière

Pour rappel, cette baisse de vitesse est l’une des 18 mesures annoncées le 9 janvier dernier par le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR). Après l’audition du délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe par les sénateurs, un groupe de travail avait été créé pour examiner le bien-fondé de la mesure (voir notre brève).

Face à la remise en question des études ayant servi de référence au CISR pour réduire la vitesse, la Sécurité routière a choisi de communiquer sur des faits établis. Elle rappelle ainsi que la distance de freinage diminue avec la vitesse, passant en moyenne de 70 m à 90 km/h à 57 m à 80 km/h, soit 13 m de moins. Elle indique également que rouler à 80 plutôt qu’à 90 ne fait perdre que quelques minutes sur des itinéraires courts.

Mesure 80 km/h - distances de freinage et temps perdu
(c) Sécurité routière

Enfin, la Sécurité routière compte sur les statistiques de son observatoire national pour convaincre. D’après l’Onisr, la mortalité routière a diminué de 37 % entre 2002 et 2005 sur les routes à double sens sans séparateur central (de 4 734 morts à 2 966). Or, sur la même période, la vitesse moyenne a été réduite de 7 % sur ces axes, passant de 92 km/h à 85 km/h suite à l’implantation des radars automatiques.

Mesure 80 km/h - évolution de la vitesse et de la mortalité routière sur les routes à double sens sans séparateur central hors agglomération entre 2002 et 2005
(c) Sécurité routière

Il aurait toutefois été intéressant de connaître l’évolution de la vitesse moyenne et de la mortalité sur les routes concernées de 2002 à 2017. Reste que les routes hors agglomérations, principalement des routes à double sens sans terre-plein central, concernent aujourd’hui 55 % des accidents mortels, alors qu’elles ne représentent que 40 % du réseau routier.

Par souci de transparence, le CISR a prévu de publier « un bilan objectif et précis » des effets de la mesure au 1er juillet 2020. De plus, une carte « présentant l’implantation des radars automatiques sur le territoire français, le lien avec l’accidentalité et les recettes générées » sera mise en ligne à court terme sur le site web de la Sécurité routière.