Comment faire adhérer les collaborateurs et s’assurer du succès des nouvelles mobilités ? Zoom sur les bonnes pratiques et les recettes mises en avant par les prestataires spécialisés.
1- Mener des études préalables
« Les nouvelles mobilités nécessitent des études préalables à moins qu’un plan de mobilité n’ait déjà été réalisé car il faut structurer l’approche », affirme Jan de Lobkowicz, directeur du développement de Skipr. « Avant de mettre en place le crédit mobilité, il faut effectuer un audit de l’état de la flotte, identifier le nombre de véhicules statutaires et les kilométrages parcourus », conseille Thierry Cosme, directeur général de Roadmate. « Cela permet d’identifier en amont les dispositifs susceptibles d’avoir le maximum d’impact. Ainsi, nous proposons aux clients des enquêtes auprès des salariés sur leurs fréquences de déplacement, leurs modes de mobilité, sur celles qu’ils pourraient plébisciter à l’avenir, etc. », expose David Decultot, directeur du département conseil d’ALD Automotive/LeasePlan France.
« Ces études permettent de connaître les usages des salariés, mais aussi de comprendre pourquoi ils viennent en voiture, quels sont les leviers qui peuvent les amener à d’autres modes de mobilité. Ce qui sera utile lors du déploiement de solutions de mobilité », indique Lucas Quinonero, P-DG et cofondateur de Mobeelity, un cabinet pluridisciplinaire spécialisé dans le déploiement de solutions d’écomobilité.
2 – Impliquer les collaborateurs
« Lors de cette première étape, comme lors des suivantes, il faut impliquer les collaborateurs. Par exemple, nous organisons des ateliers collaboratifs par groupe de dix à vingt personnes. Plus ces collaborateurs sont sollicités en amont et participent à la construction des solutions, plus ils les adopteront et deviendront des ambassadeurs de la démarche », affirme Lucas Quinonero. Une stratégie d’ailleurs gagnante pour Loïc Pinchart, responsable RSE chez CGI Finance qui avait mis en place des ateliers de travail avec les salariés pour faire émerger des solutions.
« Il faut remettre le salarié au centre des décisions. Trop souvent, on se base sur une approche statistique et, au final, les solutions mises en place ne sont pas toujours adaptées », note Thomas Côte, fondateur et directeur général de wever. Cette plate-forme utilise l’intelligence artificielle comportementale pour réaliser des diagnostics et accompagner l’adoption de nouvelles mobilités.
3 – Choisir des mobilités adaptées
Ensuite, il faut fixer un plan d’actions. Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients : « Le vélo, souvent plébiscité, ne sera pas adapté en zone rurale si la plupart des collaborateurs habitent à 30 km. Pour le covoiturage, il faut atteindre une masse critique et éviter que, dans les premiers temps, le salarié ne soit déçu et abandonne. D’où l’intérêt de lui proposer des solutions alternatives s’il ne trouve pas une place en covoiturage », indique Lucas Quinonero, pour Mobeelity. « Il faut penser aux navettes quand le site est éloigné de la gare. Le télétravail est aussi une solution pour réduire l’usage du véhicule. Mais elle a ses limites si elle est poussée à l’extrême. Certains salariés ont alors tendance à déménager plus loin et finalement, quand ils viennent au bureau, ils font plus de kilomètres », souligne Lucas Quinonero. Autre mobilité, souvent oubliée et peu mise en avant : « La marche à pied qui est encore la meilleure solution pour ceux qui habitent à proximité de leur lieu de travail », ajoute ce responsable.
Parmi les astuces, selon David Decultot, pour ALD, « il ne faut pas trop exclure de mobilités, dans le cadre du FMD ou du crédit mobilité. Plus l’entreprise ouvre le périmètre, plus elle augmente les chances de voir ses salariés adopter ces formules. Par exemple, la trottinette, souvent écartée, est une excellente solution d’appoint avec les transports en commun, dans une approche multimodale. »
4 – Faciliter l’accès aux nouvelles mobilités
« Si les solutions de mobilité sont peu utilisées, c’est qu’elles ne sont pas adaptées ou difficilement accessibles. Pour l’auto ou le vélopartage en entreprise, le salarié doit aller sur l’intranet, pour le covoiturage, il doit utiliser l’application de l’opérateur, pour les transports en commun, il change encore d’application. L’idéal est de lui donner accès à un outil qui centralise ces mobilités. Nous proposons une application qui permet aux salariés d’accéder aux services de mobilité sur le territoire et intègre ceux de son entreprise : covoiturage, autopartage, navettes, etc. », indique Lucas Quinonero, pour Mobeelity. Arval propose son Mobility Pass et sa Mobility App et ALD Move a développé son propre outil.
« Pour faciliter l’adoption des nouvelles mobilités, il faut, par exemple, mettre en place des parkings pour les vélos, installer des bornes de recharge. On peut aussi favoriser le test de vélos en mettant à disposition des salariés des deux-roues sur un temps donné, etc. », souligne Thomas Côte, pour wever.
5 – Communiquer
Pour Skipr, Jan de Lobkowicz souligne l’importance « des campagnes de communication afin d’obtenir un maximum de résonance. Nous étudions les ressources de communication de l’entreprise et ses réseaux, les supports disponibles comme l’intranet pour définir la stratégie de communication. Nous pouvons aussi mettre en place des webinaires, des évènements sur les sites du client, rédiger des livrets explicatifs à distribuer, etc. » « Récemment, nous avons accompagné un client lors du lancement du FMD. Quelques jours avant, nous avions tenu un stand à la cafétéria pour faire découvrir la solution, puis le jour J, nous avons organisé des animations et distribué des kits informatifs. Résultat : sur 550 collaborateurs, 390 ont adopté ce forfait », témoigne David Decultot, pour ALD.
« On peut aussi mettre en place des challenges, par exemple sur le nombre de kilomètres parcourus sans voiture. Ou encore faire gagner au salarié des points chaque fois qu’il utilise un autre mode de déplacement que la voiture. Notre application le propose et avec ces points, il obtient des réductions chez nos partenaires actifs dans la mobilité durable », indique Lucas Quinonero, pour Mobeelity.
6 – Miser sur des ambassadeurs
« Nous formons des ambassadeurs : ils testent les solutions et jouent un rôle majeur dans leur déploiement », souligne Lucas Quinonero. Pour Skipr, Jan de Lobkowicz note également l’importance de l’exemplarité : « Parfois, les membres de la direction choisissent le crédit mobilité en prenant un vélo de fonction ou un plus petit véhicule. Cela contribue à convaincre les salariés. »
7 – Étudier les retours d’expérience
« Il faut toujours regarder et mesurer si l’offre est adaptée, identifier les raisons pour lesquelles une solution de mobilité est peu adoptée. Soit la solution n’est pas adaptée, soit le salarié ne la connaît pas, indique Thomas Côte, pour wever. Les retours sur l’impact environnemental des nouvelles solutions sont aussi nécessaires. Ainsi, une entreprise de 1 500 salariés, dont 150 se sont mis au vélo trois fois par semaine, a économisé 50 t de CO2 sur un an », avance-t-il.