
Selon l’Ademe, « les entreprises sous-estiment les charges réelles que représentent les flux de déplacements de leur personnel ou de leur production ». Parmi les dépenses cachées, l’agence cite notamment « le coût de gestion du stationnement automobile des employés et des visiteurs », ainsi que « l’impact économique sur leur activité des retards dus à la congestion des réseaux routiers, à l’absentéisme lié au stress des déplacements domicile-travail ou aux accidents de la route », sans compter l’empreinte écologique des déplacements.
Autant de coûts indirects qu’une démarche d’écomobilité peut contribuer à diminuer, à condition de bien s’y prendre. L’Ademe recommande ainsi la méthodologie BMA (pour « booster de mobilité augmentée ») qui consiste à « travailler sur les activités que les mobilités permettent de satisfaire plutôt que sur les mobilités en tant que telles ». En pratique, il s’agit de suivre quatre étapes.
Faire un diagnostic des déplacements
La première étape consiste à « faire un diagnostic complet et approfondi de tous les déplacements engendrés par ses activités », des trajets domicile-travail aux déplacements professionnels en passant par les pauses déjeuner, les loisirs et les visiteurs. Il faut également prendre en compte les capacités de stationnement (automobile et cycle), l’accessibilité du site, les risques, les évolutions prévues en termes d’effectifs et d’activité, les projets d’infrastructure ainsi que les stations d’avitaillement en carburants alternatifs. « Une carte isochrone permet de localiser le domicile des salariés et d’identifier le temps nécessaire pour se rendre au travail avec différents modes afin de repérer ceux qui seraient susceptibles de pouvoir changer leurs habitudes », complète l’agence. Il s’agit ensuite d’identifier des « lignes de désirs » pour d’autres types de déplacements.
Repérer les freins et les leviers du changement
Une fois ce diagnostic établi, la deuxième étape vise à anticiper les freins et repérer les leviers du changement. Problèmes d’accessibilité, freins psychologiques et sous-information peuvent nuire au déploiement de la démarche d’écomobilité. À l’inverse, un contexte favorable, un événement comme un déménagement de l’entreprise ou la présence de personnes ressources portant le projet en interne voire en externe peuvent contribuer à son succès.
Concevoir un programme d’actions et le mettre en œuvre
Troisième étape : lancer une série d’actions selon les spécificités du périmètre, des activités et des freins mis en évidence par le diagnostic. Toutefois, ce plan d’actions doit toujours répondre à 5 objectifs : « réduire le nombre et la distance des déplacements, favoriser les alternatives plus respectueuses de la santé, du climat et de l’environnement, faciliter la multimodalité et l’intermodalité, promouvoir une mobilité inclusive et diminuer le risque routier », précise l’Ademe.
Parmi les actions possibles : développer le covoiturage, l’autopartage, le télétravail, les audio et visioconférences ; rationaliser l’attribution des places de parking en fonction des besoins réels, aider les salariés à trouver des logements près de leur lieu de travail ; contribuer à l’implantation d‘un restaurant interentreprises ; organiser des formations à l’éco-conduite ; promouvoir l’IK vélo ; mettre à disposition des flottes de VAE ; ou encore faire remonter les demandes d’aménagements sécurisés aux collectivités.
Mettre en place un suivi des transformations
Enfin, la dernière étape consiste à « suivre, évaluer les transformations et faire vivre la démarche. » Pour cela, il est nécessaire de fixer en amont des indicateurs permettant d’évaluer les résultats obtenus, tels les kilomètres parcourus, la part de report modal, l’accidentologie ou encore le taux d’utilisation des services proposés. Sur cette base, l’entreprise pourra modifier ou réorienter les actions et moyens déployés. Et pour s’assurer que les efforts sont maintenus par tous, il est recommandé de diffuser le bilan annuel et d’en faire un outil d’évaluation de la performance de la société. L’information des nouveaux venus et l’organisation d’événements réguliers comme les challenges mobilité sont aussi des clés pour maintenir les effets dans le temps.
Des outils pour valoriser sa démarche

L’Ademe liste également les outils à disposition des entreprises. En tête de file, le plan de mobilité (voir notre dossier), qu’il soit mono-site, multi-sites ou interentreprises. Pour le mettre en place, l’agence recommande aux entreprises de faire appel aux conseillers rattachés à leur autorité organisatrice de la mobilité (AOM) ou à la Chambre de commerce et d’industrie de France (CCI France) ; ou encore au club Mobilité Capitale animé par la région Île-de-France.
Les entreprises peuvent également entreprendre une démarche ISO 26 000 ou acquérir le label Lucie. Un label spécifique existe aussi pour les entreprises de moins de 50 salariés, baptisé EnVol (engagement volontaire de l’entreprise pour l’environnement). Les acteurs du transport peuvent quant à eux intégrer le programme Objectif CO2.