L’Ademe imagine l’évolution des transports et de la mobilité jusqu’en 2035

Selon le scénario énergie-climat 2035-2050 de l’Ademe, les changements observés en direction des mobilités et motorisations alternatives vont s’accélérer dès 2030.
3470
Ademe scénario énergie-climat 2035-2050

En octobre 2017, l’Ademe a mis à jour son scénario énergie-climat 2035-2050. Ce document imagine une trajectoire réaliste de transition énergétique pour la France, en s’appuyant sur des études techniques sectorielles réalisées au cours des quatre dernières années. Tout un pan est consacré à l’évolution des transports et de la mobilité entre 2010 et 2035.

Transport de voyageur : vers une mobilité réduite et partagée

L’Ademe estime que les comportements de mobilité vont continuer de changer en faveur des alternatives à la voiture individuelle. « La mobilité des personnes est ainsi d’abord contenue, puis baisse de 17 % en 2035 et de 24 % en 2050 », précise le rapport. Cette évolution est rendue possible tout d’abord grâce à l’essor du télétravail, au vieillissement de la population et à un aménagement du territoire amélioré rapprochant lieux de vie et de travail.

En parallèle, le déploiement de services de mobilité en milieu urbain et péri-urbain, tels les véhicules électriques en libre-service et le covoiturage, contribueront également à la transformation de la mobilité. Grâce au covoiturage – qui représente aujourd’hui 10 % des déplacements domicile-travail, soit 6 milliards de voyageurs-km –, l’Ademe estime que le taux de remplissage moyen des véhicules se stabilisera à 2 personnes par véhicules à partir de 2035, contre seulement 1,4 en 2010.

L’accélération des ventes de motorisations alternatives

Côté motorisations, l’Ademe imagine que les véhicules hybrides rechargeables (VHR), électriques (VE) et GNV représenteront 40 % du parc en 2035 et 98 % en 2050. Dans le scénario, l’amélioration des motorisations thermiques contribue également à réduire les émissions dans un premiers temps, grâce à la généralisation des techniques d’hybridation mais aussi à l’allègement des véhicules.

Le rapport prend aussi compte de l’essor du vecteur gaz, notamment pour les parcs captifs et les usages urbains et péri-urbains, et en particulier du bioGNV. En conséquence, les émissions moyennes du parc automobile passeraient de « 167 g CO2/km aujourd’hui à 103 g CO2/km en 2035 et à 47 g CO2/km en en 2050 », selon l’Ademe. De même, « les véhicules neufs émettront en moyenne 66 g CO2/km en 2035 et moins de 50 g CO2/km en 2050 », contre 130 g aujourd’hui.

Le GNV, motorisation la plus vendue en 2050 ?

Suite au renouvellement du parc, le scénario prévoit qu’en 2035 le parc de VP neufs comptera 38 % de véhicules GNV, 22 % d’hybrides rechargeables et 16 % d’électriques ; tandis que la part de l’essence sera réduite à 15 % et celle du diesel à 9 %. Si bien que la France pourrait atteindre 100 % de VP neufs propres en 2050, avec 32 % de GNV, 28 % d’hybrides rechargeables et 30 % d’électriques. Même tendance pour les flottes de bus et de cars, toutefois plus orientées vers le gaz : l’Ademe imagine ainsi que 100 % des cars et 29 % des bus rouleront au GNV dès 2030. Une proportion qui grimpera à 86 % pour les bus en 2050, le reste roulant à l’électrique (14 %).

Ademe scénario énergie-climat 2035-2050 - Evolution ventes VP neufs
Source : Ademe scénario énergie-climat 2035-2050

Transport de marchandises : vers la diminution du transport sur route

Quant au transport de marchandises, l’Ademe estime que la France peut contenir l’augmentation des tonnes/km parcourues à 0,6 % par an entre 2035 et 2050, contre 0,7 % par an en 2010. Pour cela, le scénario table sur une limitation de la croissance de l’activité à 1 point de PIB de plus en 2050, soit 0,3 % par an. De plus, le rapport anticipe une diminution puis une stabilisation du trafic sur route après 2050, grâce au développement du transport ferroviaire, fluvial et maritime intérieur (un tiers du transport en 2050) et des centres logistiques péri-urbains.

Ademe scénario énergie-climat 2035-2050 - Transport marchandises
Source : Ademe scénario énergie-climat 2035-2050

4 propositions de politiques publiques

Toutefois, pour atteindre les objectifs fixés à la fois par l’Accord de Paris à l’échelle mondiale et le paquet énergie-climat 2030 à l’échelle européenne, ainsi que par la loi de transition énergétique et par le plan climat à l’échelle nationale, l’Ademe souligne « la nécessité d’une inflexion de court terme des politiques publiques ». C’est pourquoi l’organisme a également publié une étude intitulée « Propositions de mesures de politiques publiques pour un scénario bas carbone », dont quatre concernent le secteur du transport. Ainsi, l’Ademe propose l’établissement d’un superbonus de 3 700 euros pour les VE et de 600 euros pour les VHR, valable jusqu’en 2030 et pour la conversion de tout véhicule quelques soient son âge ou sa motorisation. En parallèle, une subvention de 1 000 euros serait attribuée pour l’installation d’une borne de recharge normale.

L’Ademe préconise également le « rattrapage du taux de la TICPE appliqué au gazole sur celui appliqué à l’essence à l’horizon 2022. L’organisme propose aussi que l’avantage fiscal des poids lourds GNV soit maintenu jusqu’en 2030 et que celui-ci soit étendu aux bus électriques et hybrides rechargeables ; et que l’écart de fiscalité entre GNV et gazole soit maintenu jusqu’en 2030. Enfin, l’Ademe envisage d’instaurer des zones à circulation restreinte (ZCR) révisées tous les 5 ans dans les 20 collectivités lauréates de son prix « Villes respirables en cinq ans » ; et d’un système de péage urbain à hauteur de 10 euros par jour dans 11 autres métropoles.