
L’événement a fait l’objet d’un reportage dans l’édition limousine de France 3 : la municipalité de Brive-la-Gaillarde en Corrèze (19) vendait aux enchères une partie de sa flotte. « Nous avons cédé 49 véhicules pour Brive et trois véhicules du CCAS (Centre communal d’action sociale) », précise Jean-Claude Rusterholtz, responsable stratégie et logistique à propos de cette vente qui s’est déroulée en février 2015. Il s’agissait essentiellement de VP du type Clio ou Twingo, de quelques Fiat Punto GPL et de quelques fourgonnettes – des modèles choisis en fonction de leur âge et de leur kilométrage.
Au final, le montant des gains s’est élevé à...
L’événement a fait l’objet d’un reportage dans l’édition limousine de France 3 : la municipalité de Brive-la-Gaillarde en Corrèze (19) vendait aux enchères une partie de sa flotte. « Nous avons cédé 49 véhicules pour Brive et trois véhicules du CCAS (Centre communal d’action sociale) », précise Jean-Claude Rusterholtz, responsable stratégie et logistique à propos de cette vente qui s’est déroulée en février 2015. Il s’agissait essentiellement de VP du type Clio ou Twingo, de quelques Fiat Punto GPL et de quelques fourgonnettes – des modèles choisis en fonction de leur âge et de leur kilométrage.
Au final, le montant des gains s’est élevé à 77 100 euros : 69 900 euros pour la ville et 7 200 euros pour le CCAS. Si revendre des véhicules n’a rien d’inhabituel, c’est le recours à un commissaire-priseur qui a surpris : « Auparavant, nous réalisions les ventes nous-mêmes par le biais d’annonces dans le journal, rappelle Jean-Claude Rusterholtz. Mais cela a posé des problèmes avec des utilisateurs qui revenaient vers nous pour des réparations. »
Limiter le coût de l’entretien de la flotte
La revente de ces 52 véhicules a finalement eu peu d’impact sur l’effectif total de la flotte de Brive. « Avant la vente, nous possédions 72 VP et 22 VUL. Aujourd’hui, nous avons 59 VP et 32 fourgonnettes », décrit Jean-Claude Rusterholtz. La diminution du parc ne concerne donc que trois véhicules : « Nous l’avons renouvelé avec des modèles moins chers en entretien et des besoins nouveaux sont aussi apparus », poursuit-il.
De fait, quel que soit le mode opératoire choisi, par petites annonces ou avec un commissaire-priseur, cette vente traduit une volonté commune à nombre de municipalités : tirer vers le bas le coût de la flotte, notamment pour les dépenses d’entretien en main-d’oeuvre et en pièces détachées. Une piste d’économie qui s’imposait à Brive, avec un impact indéniable sur l’entretien effectué par le garage municipal : « La vente correspond aussi à une baisse du personnel de ce garage », pointe Jean-Claude Rusterholtz.
On retrouve une situation similaire à Saint-Brieuc dans les Côtes-d’Armor (22), une commune qui dispose d’environ 300 véhicules. « Les effectifs liés à la maintenance ont reculé de 20 % depuis 2006 », avance Claude Amdali, responsable du parc automobile. Les renouvellements mais aussi le choix des modèles ont accompagné cette réduction du personnel, avec à la clé une charge de travail moindre. « Pour faire décroître les coûts de maintenance, nous cherchons à homogénéiser la flotte. Qui intègre prioritairement des Twingo, Clio, Kangoo, Trafic et Master », énumère Claude Amdali.
Homogénéiser les parcs pour limiter les coûts
Une démarche partagée à Niort (79) par Benoît Taris, responsable du service achats de la mairie en charge des véhicules et matériels. Et le gain dû à cette homogénéisation va bien au-delà de l’économie de main-d’oeuvre : « Nous souhaitons rationaliser le parc en harmonisant les modèles. Cela génère des économies sur la maintenance mais aussi sur les équipements et la formation des agents », expose le responsable.
Mais si cette stratégie séduit sur le papier, elle reste parfois difficile à mettre en oeuvre : « Avec une flotte en acquisition, nous gardons les véhicules une dizaine d’années et les modèles des constructeurs évoluent sur cette durée, relève Benoît Taris. Pareillement, en recourant aux marchés publics pour nos achats en appels d’offres, ce ne sont pas les forcément les mêmes constructeurs qui remportent les marchés d’une fois sur l’autre. » Si l’uniformisation demeure complexe, d’autres pistes sont à envisager pour s’assurer du moindre coût de l’entretien. À Saint-Brieuc par exemple, Claude Amdali veille à n’acheter que des véhicules ayant au moins deux ans de traçabilité technique. Et pour compenser la baisse des effectifs des garages municipaux, le responsable s’assure aussi de s’appuyer sur un réseau efficace de fournisseurs locaux : pour éviter le stockage des pièces mais également pour garantir des réparations rapides. « Afin de bénéficier d’une réactivité correcte, nous collaborons en priorité avec les fournisseurs de proximité pour le matériel spécifique », indique-t-il.
La mise en pool pour mieux maîtriser les dépenses
Reste que la diminution du coût de l’entretien, rendue dans certains cas obligatoires du fait du recul des effectifs des garages, ne constitue qu’une piste parmi d’autres pour peser sur les coûts de la flotte. En parallèle, les pools continuent de se développer dans les mairies. Toujours à Saint Brieuc : « Nous avons mis en place trois pools avec une gestion informatisée des réservations, relate Claude Amdali. Cela nous a conduits à supprimer 20 VL qui parcouraient moins de 2 000 km par an. »
Et à Saint-Brieuc, les pools sont complétés par des accès à d’autres modes de transport pour les trajets des agents : « Afin de limiter l’utilisation des véhicules, nous mettons aussi à la disposition du personnel des tickets de bus et des vélos dans ces trois pools », reprend le responsable.
Ces regroupements se veulent aussi la garantie d’une optimisation de l’usage des véhicules. Toujours à Saint-Brieuc, ce sont en priorité les modèles neufs qui sont affectés aux pools et aux services d’astreinte. « Ils y effectuent en moyenne 15 000 km par an. Après trois ans, ils sont réaffectés dans les services effectuant en moyenne 7 500 km par an, jusqu’au terme de leur amortissement », explique Claude Amdali.
Ce système des pools se généralise dans les mairies et plus largement chez des opérateurs de l’État. À la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de Normandie, les 63 véhicules de service sont ainsi distribués entre les différentes implantations.
Vers une gestion plus automatisée des pools
« Ces véhicules parcourent 15 à 20 000 km par an. Ils sont répartis en pool au siège de Rouen et dans les sites en Normandie pour assurer les missions des agents : activités d’action sociale ou de prévention du risque professionnel. Ils permettent de venir au siège, d’aller aux réunions, d’assurer des visites à domicile ou de se déplacer dans les manifestations et les colloques », détaille Sébastien Martine, sous-directeur informatique et logistique de la Carsat.
Et si ce pool fonctionne correctement, le responsable souhaite encore en améliorer l’efficacité. Jusqu’ici, l’outil de réservation développé en interne fait le lien entre les ordres de mission et la réservation des véhicules. Mais il a l’inconvénient de demander de nombreuses saisies aux agents : sur le parcours prévu, le kilométrage effectué, etc. Afin d’éviter cette perte de temps, la Carsat planche sur un outil plus abouti pour remonter automatiquement les informations sur les trajets grâce à des boîtiers « sans géolocalisation », précise Sébastien Martine.
Au-delà de la facilité d’usage du pool, de tels outils, plus pratiques, contribuent aussi à familiariser les agents avec ce mode de fonctionnement. Un bénéfice non négligeable quand on sait les résistances nombreuses face à la mise en pool. Une raison pour gérer la transition avec soin.
Dans le cadre de l’Office public d’aménagement et de construction de l’Isère, l’Opac38, les pools ont disparu temporairement suite à une redistribution des affectations. En entraînant une surcharge de travail des agents, cette réorganisation a imposé que chacun ait un véhicule. « Nous voudrions revenir au système de pool mais avec des conditions assouplies, comme la possibilité de retour à domicile pour ceux qui ont des besoins ponctuels », projette Bertrand Bosco, responsable de service des moyens généraux pour la direction des affaires juridiques de l’organisme. D’ores et déjà, les agents ont accès aux véhicules de Cité Lib, le réseau local de voitures en autopartage. « En échange d’un financement de Cité Lib pour une année, nos collaborateurs peuvent utiliser les véhicules présents dans le département pour leur déplacements professionnels », décrit Bertrand Bosco. Cette flotte à disposition contribue à faire face à la croissance marginale du nombre d’agents, notamment en formation continue au sein de l’agence. « Nous répondons efficacement aux besoins ponctuels en véhicules supplémentaires, plutôt que de louer en courte durée. Et nous bénéficions de tous les avantages et de la souplesse de l’autopartage », souligne Bertrand Bosco.
Des trajets personnels avec le pool
Cette collaboration avec le réseau d’autopartage local Cité Lib amène aussi l’ensemble des agents de l’Opac38 à emprunter les voitures dans le contexte privé : « Avec un tarif normal de location mais sans payer ni abonnement ni droit d’entrée, il reste juste aux agents à s’acquitter du dépôt de garantie », complète le responsable des moyens généraux.
Pour les collectivités et administrations, les pools offrent un autre bénéfice : ils contribuent à restreindre les émissions de CO2 des parcs. Et si cet objectif est atteint par la baisse du nombre de véhicules, d’autres actions sont possibles. L’intégration de véhicules propres en fait bien sûr partie.
Réduire les émissions de CO2, grand objectif
C’est vrai pour la Carsat de Normandie qui s’appuie sur ces pools locaux : « Nous nous sommes fixé comme règle d’intégrer des véhicules au grammage inférieur à 130 g de CO2, indique Sébastien Martine. Dans notre flotte, 93 % des véhicules se situent sous ce seuil. Sur la base du bilan carbone de 2012, nous avons diminué de 16 % les émissions de gaz à effet de serre pour un objectif à 12 % », constate le responsable.
Mais le levier privilégié pour améliorer le bilan carbone reste l’intégration de modèles électriques. « Nous visons dix à quinze citadines dans un premier temps, anticipe Bertrand Bosco pour l’Opac38. Elles seront employées pour des parcours urbains et péri-urbains entre nos huit sites. Nous projetons ensuite d’intégrer cinq petits utilitaires pour les régies d’entretien situées au coeur des villes. » Pour financer ces modèles électriques, l’Opac38 a fait le choix de la LLD : « Nous allons lancer l’appel d’offres à l’automne. L’avantage de la location est de nous permettre de rester à jour sur les nouvelles technologies. Nous passerons peut-être à l’acquisition quand ces technologies seront plus stables », indique Bertrand Bosco. Une stratégie de financement qui n’est pas accessible à toutes les administrations.
Influer sur le comportement au volant
Enfin, dernier levier pour réduire des coûts de la flotte comme pour améliorer son bilan carbone : la formation. Là encore, le choix des véhicules peut influer sur le comportement des agents : « Nous avons construit des formations sur la sécurité routière et l’éco-conduite que nous intégrons dans les plans de formation. Mais nous assurons aussi des sensibilisations à l’environnement avec des dispositifs comme le start and go ; nous en faisons la promotion auprès des conducteurs à travers des accompagnements à la prise en main des véhicules ou dans les informations diffusées dans le “guide du roulant” », expose Sébastien Martine à la Carsat de Normandie.
Des initiatives qui montrent si besoin que le gestionnaire de flotte est plus que jamais un acteur incontournable de la maîtrise des coûts s’il collabore efficacement avec les conducteurs.
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