De quelle manière assurer au mieux la restitution de 785 véhicules sur une période de temps réduite ? C’est la problématique à laquelle s’est trouvé confronté Raphaël Massonneau, chef du pôle vie associative et services généraux de l’ADMR de la Vienne, en 2020. Cette année-là arrivaient en effet à échéance les contrats des premiers véhicules dont le financement en LLD avait été inauguré en 2018. La LLD s’était alors substituée aux indemnités kilométriques accordées jusqu’ici aux aides à domicile qui conduisent ces véhicules. « La fédération ADMR loue des véhicules de service ensuite redistribués et refacturés mensuellement aux 45 associations locales qui emploient directement ces aides à domicile », détaille Raphaël Massoneau.
Un « référent flotte »
Au sein de l’ADMR, la flotte est gérée dans chaque association par un bénévole. Ce « référent flotte » a la charge de suivre les véhicules et, entre autres, le respect des lois de roulage établies à 24 mois pour des kilométrages de 22 000, 25 000 et 32 000 km. « Les parcs de chaque association peuvent aller jusqu’à quarante véhicules, mais la moyenne se situe plutôt entre 18 et 22 véhicules », indique le responsable. La restitution, elle, est anticipée au niveau du pôle et des e-mails sont envoyés trois mois avant l’échéance pour indiquer les véhicules à renouveler.
Dans un premier temps, ces véhicules étaient remis par les conducteurs au concessionnaire. L’ADMR travaillait alors avec la captive de Citroën, Credipar, pour le financement de ses véhicules, soit des C3. « Nous obtenions alors simplement un PV de restitution. Mais il n’y avait pas d’expertise faite au moment où le véhicule était déposé », retrace Raphaël Massoneau.
Ce fonctionnement a rapidement montré ses limites. Le gestionnaire de flotte a par exemple constaté qu’entre la concession et la plate-forme de l’expert, quatre pneumatiques ou un pare-chocs avaient disparu sur les véhicules restitués. De quoi l’alerter et justifier sa demande auprès de son loueur qu’un expert soit présent lors de la restitution, chez le concessionnaire. C’est à partir du deuxième renouvellement que cette réorganisation a été lancée. « Et cette année, l’expert travaille à demeure chez le concessionnaire pendant plus de deux mois, du 3 octobre au 22 décembre pour la restitution de 520 véhicules », précise Raphaël Massoneau. Les expertises durent environ une heure par véhicule. Les 265 autres véhicules en parc seront restitués au premier semestre 2023.
Le recours à un expert
Mais si l’expert est dorénavant présent sur le site où ont lieu les restitutions, l’ADMR, elle, ne peut pas déléguer un de ses représentants pour un temps aussi long. Afin d’éviter tout litige, une assistante du responsable de la flotte se déplace systématiquement chaque jour. À défaut de pouvoir assister à toutes les expertises, « pour chaque voiture restituée désormais, nous prenons en photo la plaque d’immatriculation et les dommages éventuels que nous mettons sur un fichier », décrit Raphaël Massoneau. Un procédé « un peu archaïque », reconnaît-il, mais qui fonctionne. L’ADMR peut ainsi faire valoir les photos en cas de désaccord sur les dommages constatés.
« Nous budgétisons un montant de 300 euros par véhicule pour les restitutions », note Raphaël Massoneau. Comme dans toutes les flottes, la plus grande part des véhicules sont restitués en bon état. « La majorité des conducteurs font preuve de rigueur et d’attention. De petites sommes, voire zéro euro, nous sont facturées pour de nombreuses restitutions. Mais il reste toujours une part d’environ 30 % qui pose problème », relève ce responsable du parc.
Un changement de loueur
Outre une sensibilisation croissante des utilisateurs, Raphaël Massoneau travaille également à négocier avec son loueur la baisse des frais de restitution. « Dans le cadre des deux premiers contrats, nous n’avions pas négocié d’états de vétusté ou de franchises pour ces frais. Mais cela a été le cas avec notre prochain loueur », souligne le responsable du parc.
C’est donc la Diac qui va à l’avenir livrer ses véhicules à l’ADMR, des Clio, après la vague de restitutions en cours. Récemment rebaptisée Mobilize Financial Services France, cette captive de Renault a fait de la restitution un argument commercial auprès de son nouveau client. « C’était leur point fort pour se différencier de la captive avec laquelle nous travaillons actuellement. La prochaine concession devrait donc se montrer plus souple sur les rayures et la dégradation des pneus », anticipe Raphaël Massoneau. Un assouplissement que ce loueur accorde cependant à la faveur d’une diminution de la durée des contrats, de 24 à 18 mois.
Des coûts orientés à la hausse
Ce changement est aussi le bienvenu alors que Raphaël Massoneau constate une augmentation des frais de restitution. Et celle-ci n’est pas due, comme dans d’autres flottes, au durcissement des critères d’appréciation des dommages par le loueur, mais bien à une hausse du coût des réparations facturées. Une autre conséquence de la crise traversée aujourd’hui par le secteur de l’automobile.