Pour Gaëtan Marsy, responsable d’exploitation au sein d’Agéo, l’éco-conduite revêt cinq intérêts principaux. « Tout d’abord, elle s’inscrit dans le plan de développement de notre politique RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise). Elle en constitue un appui. De plus, cet apprentissage d’une conduite plus douce réduit les probabilités d’accident de nos salariés par le biais de l’anticipation, de la bonne lecture de la route et de la préparation du trajet qu’elle promeut », détaille ce responsable.
Gaëtan Marsy met aussi en avant la contribution de l’éco-conduite pour diminuer la consommation d’énergie et donc l’empreinte carbone d’Agéo. « C’est le volet environnemental. L’éco-conduite promet aussi des économies substantielles du fait de cette baisse de 20 % de notre consommation de gasoil. Enfin, comme l’obtention de nos missions passe par la réponse à des cahiers des charges de marchés publics, nous sommes “challengés” sur la qualité de notre politique RSE et sur ce que nous mettons en place pour limiter notre empreinte carbone », poursuit ce responsable.
Un volet environnemental
L’éco-conduite représente donc, dans ce cadre, un moyen de gagner des marchés publics. « Ainsi, nous venons de répondre à un appel d’offres où 10 % de la note finale concernait la gestion de notre mobilité et la formation du personnel à l’éco-conduite », reprend Gaëtan Marsy. Pour information, la flotte d’Agéo comprend quatre véhicules.
Pour toutes ces raisons, Agéo a donc opté pour des cours d’éco-conduite menés en mars 2022. Il s’est agi d’une formation pour six personnes en groupe de trois. Chacun des groupes a suivi un cursus de deux heures. « Cela aurait pu durer plus longtemps mais nous sommes très occupés. Nous avons donc décidé de limiter à deux heures », note Gaëtan Marsy.
Avec le formateur, chaque groupe de trois est tout d’abord monté à bord d’une voiture. « Nous sommes passés à tour de rôle comme conducteur pour un premier trajet de 11 km en conduisant le plus normalement possible. Chacun devait conduire à sa main. Ont alors été notés notre consommation et notre vitesse moyenne, le temps de trajet et le nombre de kilomètres parcourus sans accélérer. C’était en quelque sorte un état des lieux de notre conduite habituelle », décrit ce responsable.
Dans un second temps, les salariés d’Agéo ont suivi un cours théorique de trente minutes sur les grands principes de l’éco-conduite et sur la façon dont ces salariés voient leur propre conduite. « Nous avons évoqué la nécessité d’anticiper au volant, de prévoir les croisements ou les stops, de maintenir un régime moteur adapté en dessous de 2 000 tours/minute. Nous avons aussi rappelé d’éviter de freiner et de stabiliser la vitesse en adoptant une conduite souple, de rouler avec le rapport le plus élevé et de bénéficier de l’énergie cinétique de son engin le plus possible », énumère Gaëtan Marsy.
Pratique et théorie
Ensuite, les conducteurs d’Agéo ont refait le même parcours en appliquant les recommandations du formateur. « C’était intéressant de passer les uns après les autres pour accumuler les conseils du coach et analyser les erreurs de chacun. À la fin du second parcours, nous avons analysé nos nouveaux paramètres. C’est éclairant. La distance moyenne restait toujours de 11 km mais la consommation était passée de 6,6 l/100 km en conduite “normale” à 5,2 l en éco-conduite. Cela représente un gain de 21 %. Et financièrement, cela revient à une économie annuelle de 950 l, soit, à 1,8 euro le litre de gasoil, 1 710 euros d’économie pour un coût de formation de 960 euros », expose Gaëtan Marsy.
En parallèle, la vitesse moyenne est passée de 41 à 35 km/h et le temps de trajet a varié de 36 secondes en faveur de la conduite « normale ». « Nous avions la sensation de nous “traîner” en éco-conduite mais le temps de trajet a été grosso modo identique. En matière de rejets de CO2, nous sommes passés en moyenne de la catégorie D, celle rejetant de 141 à 160 g/km, à la catégorie B, celle comprise entre 101 et 120 g/km. Cela équivaut à une diminution de rejets de 2,5 t sur un an », ajoute Gaëtan Marsy. Tout en soulignant que tous ces chiffres pourront être intégrés dans le bilan carbone et la politique RSE d’Agéo.
Des résultats
« Bien évidemment, pour l’instant, ces résultats restent théoriques car nous n’avons pas le recul nécessaire pour mesurer les gains effectifs de l’ensemble de la flotte sur un an. Mais c’est quand même séduisant. D’ailleurs, les autres salariés du groupe ont montré de l’intérêt pour cette formation et veulent aujourd’hui suivre ce type de cursus. Cela fait bouger les lignes, constate Gaëtan Marsy. Et ce cursus offre aussi l’occasion de parler d’éco-conduite entre nous, de nous rappeler les préconisations émises par le formateur, de nous comparer en évoquant la possibilité de consommer moins de 5,2/100 km. Une dynamique se met en place. Nous valorisons collectivement cette conduite et les conducteurs font désormais plus attention », conclut Gaëtan Marsy.