
Une aide de 65 millions d’euros pour le transport urbain. C’est ce qu’a annoncé le 14 février 2022 Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports lors du Conseil ministériel pour le développement et l’innovation dans les Transports (CMDIT). Cette aide se destine aux transporteurs de marchandises et de voyageurs qui acquièrent des véhicules électriques de distribution urbaine ou courte distance de plus de 3,5 t. Elle sera attribuée dès le 1er mars sous forme de subvention. Elle s’élèvera jusqu’à 65 % de l’écart de coût avec un véhicule thermique équivalent. Avec un plafond de 100 000 euros pour les porteurs de 3,5 à 26 t, et de 150 000 euros pour les tracteurs de 26 à 44 t. Par ailleurs, cette aide s’appliquera aussi au rétrofit électrique.

Une aide au transport urbain calquée sur celle du BioGNV
Cette aide se veut cumulable avec les aides locales et régionales, à l’exclusion du bonus de 50 000 euros du plan France Relance. Cette aide financera aussi jusqu’à 60 % du coût des infrastructures de recharge. Cette décision est née d’un constat du ministre lors du Congrès de la FNTR de septembre 2021. Selon lui, le bonus de 50 000 euros accordé par le plan France Relance pour l’électrification des poids lourds avait manqué son but. Avec moins de vingt primes versées. Cette fois, le ministre a calqué le mécanisme d’aide sur le modèle d’aide aux véhicules au GNV. Le transport routier longue distance français a en effet trouvé dans le biogaz une énergie alternative « appelée à durer ». Tant que les offres et les infrastructures de recharge électrique et hydrogène resteront difficilement inaccessibles.

Mixité énergétique et géoéconomique
Avec ce financement, le ministère entérine le principe d’une mixité énergétique géoéconomique. Soit l’électromobilité pour les territoires denses des métropoles urbaines ; et le biogaz et les biocarburants pour les territoires régionaux. Le ministère accélérera aussi l’électromobilité urbaine en permettant aux transporteurs d’acquérir à moindre coût de 400 à 900 camions électriques, infrastructures de recharge comprises, selon qu’il s’agit de porteurs ou de tracteurs. Plus adaptés au transport urbain et moins onéreux que les tracteurs, les porteurs électriques devraient capter l’essentiel des aides.

Le rétrofit reconnu vertueux
Avec cette aide au transport urbain, le rétrofit, lui, pourrait stimuler le marché des tracteurs. « Le rétrofit électrique par batteries d’un poids lourd urbain coûte environ 150 000 euros au lieu des 300 000 euros d’un véhicule neuf », argumente Jérémy Cantin, dirigeant d’e-Néo, spécialiste du rétrofit de camions électriques. Autre spécialiste du rétrofit, Neotrucks a conçu, à partir de châssis-cabines et de pièces recyclées de Renault Trucks et de packs de batteries de Novum Tech, le tracteur électrique de parc Elyt.
Et cette entreprise a ainsi déjà obtenu une aide de 1 million d’euros de l’Ademe Auvergne Rhône-Alpes. Objectif : conquérir un marché de 5000 Elyt destiné à divers usages d’ici 2025. Pour Arnaud Pigounides, président de REV Mobilities, autre spécialiste du rétrofit, « cette aide financière créera une nouvelle industrie automobile locale. Celle-ci se basera sur l’économie circulaire et l’upcycling, avec un rôle clé dans la décarbonation. »
