
À l’occasion d‘une conférence de presse, le spécialiste de la collecte et du recyclage des pneumatiques a présenté les chiffres de son bilan annuel. En 2016, Aliapur a ainsi affiché un chiffre de 54,6 millions d’euros, soit une hausse de 2,7 % par rapport à 2015.
La filière a collecté près de 335 000 t de pneumatiques collectés, soit 101,24 % de l’objectif annuel. 263 057 t ont été valorisées, ce qui a permis l’économie de l’équivalent des émissions de CO2 de 309 409 véhicules particuliers par an. En 2017, Aliapur a pour objectif de collecter 350 000 t de pneus usagés et de poursuivre sa politique de diversification des voies de valorisation.
Une diversification forcée en 2016
L’année a été marquée par l’interdiction de toute importation de déchets par le Maroc. « Il a fallu faire preuve de réactivité pour trouver d’autres pays de destination et d’autres voies de valorisation énergétique et écouler les 60 à 90 000 t de broyats envoyées chaque année dans les cimenteries marocaines », a déclaré Hervé Domas, directeur général d’Aliapur.
Cette stratégie forcée de diversification a abouti à la signature de nouveaux contrats avec des cimenteries au Portugal, en Espagne, en Turquie et en Corée ; au développement de la valorisation matière pour la production de gazons synthétiques et d’objets moulés en Inde ; et à un accord passé avec un fabricant d’écrans plasma japonais pour alimenter ses sites de production.
Le bâtiment pour valoriser les broyats de pneumatiques
En parallèle, Aliapur continue de chercher de nouvelles pistes de valorisation pour les pneus, notamment du côté du bâtiment. « Le granulat de caoutchouc intéresse les industriels notamment pour ses propriétés acoustiques, pour l’isolation phonique des bâtiments à l’intérieur comme à l’extérieur », a indiqué Hervé Domas.
Autre application à Lyon, où le concepteur d’infrastructures Maïa Sonnier teste l’utilisation des poudrettes (granulats de 0 à 800 microns) dans le but d’augmenter l’élasticité et la durée dans le temps des joints entre les pavés rénovés en ville. Si le test réalisé sur une parcelle de 30 m2 est concluant, la technique sera utilisée par l’entreprise. « Ce projet confirme notre stratégie R&D : nous acceptons un projet d’innovation uniquement si un industriel est intéressé et prêt à le commercialiser, » a ajouté le directeur d’Aliapur.
Toutefois, l’utilisation du pneumatique dans l’industrie reste encore limitée : « Un verrou important est la méconnaissance des industriels sur les propriétés du matériau. Nous avons donc un rôle d’information et de traduction, qui permet de faire émerger des solutions gagnant-gagnant », a expliqué Jean-Philippe Faure, directeur R&D. La filière mise notamment sur la sortie du statut de déchet pour les pneumatiques usagés, pour faciliter les exportations et être plus écoutée par des utilisateurs potentiels.
Une stratégie d’open innovation
Aliapur cherche également à développer l’open innovation, inspirée du monde numérique. « Nous mettons à disposition toutes nos compétences, innovations, savoir-faire et brevets en open source pour une utilisation en fablab, afin d’encourager la recherche de nouveaux produits », s’est félicité Hervé Domas.
Toujours côté innovation, le directeur d’Aliapur estime que l’arrivée des pneus connectés sur le marché ne va pas révolutionner notre métier : « Il n’y a pas de difficulté technique : une puce de petite taille passe au broyage et est souvent évacuée avec le métal. En revanche, cela facilitera le travail de nos collaborateurs lors du tri, pour reconnaître la taille ou le taux d’usure par exemple. »
Collecter auprès des flottes pour récupérer plus de données
Toute entreprise détenant au minimum 100 pneus usagés peut faire une demande de collecte. « Il est plus intéressant pour nous de passer directement par les flottes plutôt que par des tiers, pour récolter des informations sur les pneus collectés. Toutes les entreprises qui font une demande d’ouverture de compte sur notre extranet Aliabase disposent ainsi d’une remontée des données de toutes les collectes effectuées : date, tonnage, statut de la collecte, etc. », a indiqué Stéphane Petitrenaud, directeur des opérations chez Aliapur. De plus, un certificat est envoyé tous les ans en janvier avec le nombre de pneus collectés et l’économie environnementale réalisée.