Le gouvernement fédéral allemand a organisé un sommet d’urgence consacré au diesel mercredi 2 août au ministère de l’Intérieur à Berlin, en présence de BMW, Daimler, Ford, Opel, Volkswagen, Porsche et Audi. Cette réunion exceptionnelle fait suite aux scandales en série concernant les fraudes aux tests anti-pollution et aux soupçons d’entente entre les grands constructeurs allemands. L’objectif : mettre en place des mesures rapides pour réduire les émissions polluantes des véhicules diesel.
Les moteurs diesel réhabilités
Loin de vouloir abolir le diesel, l’Allemagne mise sur les progrès technologiques pour régler le problème des émissions d’oxydes d’azote (NOx). La déclaration commune adoptée le 2 août rappelle ainsi que « la technologie diesel moderne et propre peut également contribuer à la protection du climat. » Barbara Hendricks, ministre fédérale de l’environnement, a de plus assuré que le gouvernement « fera tout son possible pour éviter les interdictions de circulations » des véhicules diesel dans les grandes villes.
L’enjeu consiste également à réhabiliter l’industrie automobile allemande : « Nous avons appelé à une nouvelle culture de la responsabilité dans l’industrie automobile », a déclaré Alexander Dobrindt, ministre fédéral des transports et des infrastructures digitales. Trois associations de l’industrie automobile (VDA, VDIK et IG Metall) étaient d’ailleurs présentes, ainsi que l’association des villes allemandes et la fédération des associations patronales allemandes (CBM).
5,3 millions de diesel modernisés à la charge des constructeurs
Le gouvernement allemand attend donc que les entreprises automobiles opèrent à leur charge des mises à jour logicielles sur 5,3 millions de véhicules particuliers diesel Euro 5 et Euro 6. Cette mesure doit permettre une réduction de 25 à 30 % des émissions de NOx produites par ces voitures d’ici fin 2018. Toutefois, la déclaration commune ne précise pas si ce chiffre comprend les 2,46 millions de véhicules que Volkswagen doit rappeler avant fin 2017 sur ordre du KBA (l’autorité fédérale allemande des transports), ni sa répartition entre les différents constructeurs.
Ces derniers devront aussi s’assurer que la mise à jour n’affecte par les autres performances des voitures, tels que les émissions de CO2 et d’autres polluants, la consommation de carburant, ou encore le bruit et la puissance du moteur. L’efficacité des mises à jour sera contrôlée en laboratoire et via des mesures sur la route. En outre, pour protéger les droits des utilisateurs (et notamment la garantie des composants concernés par la mesure), un conseil consultatif des consommateurs sera mis en place à l’Office fédéral des véhicules à moteur.
Inciter à l’achat de véhicules récents ou électriques
Seconde mesure majeure : les constructeurs devront multiplier les incitations financières (ou primes à la casse) pour accélérer le renouvellement du parc de véhicules Euro 5 et inférieurs par des modèles disposant des dernières technologies de traitement des émissions polluantes ou d’une motorisation électrique. Là encore, aucun objectif chiffré n’est mentionné dans la déclaration commune. Les constructeurs étrangers sont invités à prendre des mesures comparables à celles exigées de leurs concurrents allemands.
Le contrôle de l’État renforcé
Pour s’assurer du respect des normes en conditions réelles de conduite, la confédération a prévu de renforcer ses contrôles des émissions polluantes. Le KBA testera ainsi les véhicules déjà agréés et ceux homologués par d’autres autorités. L’entrée en vigueur de la norme RDE (Real-Driving Emissions) pour les tests anti-pollution a également été avancée : les constructeurs allemands doivent présenter un concept d’ici octobre 2017.
Un fond pour la mobilité durable en ville
Enfin, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un fond « mobilité urbaine durable » à destination des 28 villes et agglomérations allemandes dépassant les limites d’émissions imposées par la Commission Européenne. Le fond sera financé conjointement par l’industrie automobile et par l’État à hauteur de 500 millions d’euros dans un premier temps. Il est déjà question de 250 millions d’euros supplémentaires, a indiqué Alexander Dobrindt. L’objectif est de soutenir la mise en place de plans directeurs plus verts, via la numérisation, l’automatisation et l’intermodalité des transports.
Un groupe d’experts pour préciser les mesures
« Évidemment, le résultats obtenu aujourd’hui n’est pas encore suffisant », a nuancé Barbara Hendricks. C’est pourquoi les mesures adoptées ce 2 août seront précisées par un groupe d’experts, au cours de quatre réunions. Celles-ci porteront sur la réduction des émissions des véhicules, la gestion du trafic, la transition des flottes publiques vers des modèles à faibles émissions et l’optimisation des technologies de propulsion et des carburants alternatifs.