
L’aménagement et l’équipement des utilitaires se veulent une démarche au long cours. Avec, au premier rang des priorités, le combat pour la charge utile. Viennent s’y greffer d’autres enjeux qui complexifient la démarche des entreprises.
« Il faut parvenir à trouver l’équilibre entre le coût de l’aménagement, sa solidité et sa légèreté », résume Carle-Emmanuel Barbez, responsable marketing de Sortimo. Ce combat prend parfois la forme d’une « guéguerre » entre le bois et le métal, sous la pression du marketing des spécialistes du métal. Ces derniers insistent sur la solidité supposée supérieure du métal, si l’on en croit les crash-tests – bien...
L’aménagement et l’équipement des utilitaires se veulent une démarche au long cours. Avec, au premier rang des priorités, le combat pour la charge utile. Viennent s’y greffer d’autres enjeux qui complexifient la démarche des entreprises.
« Il faut parvenir à trouver l’équilibre entre le coût de l’aménagement, sa solidité et sa légèreté », résume Carle-Emmanuel Barbez, responsable marketing de Sortimo. Ce combat prend parfois la forme d’une « guéguerre » entre le bois et le métal, sous la pression du marketing des spécialistes du métal. Ces derniers insistent sur la solidité supposée supérieure du métal, si l’on en croit les crash-tests – bien que des spécialistes du bois aient aussi passé ces tests.
La guerre du bois contre le métal
Mais pour les gestionnaires de flotte, l’essentiel reste de résoudre cette équation complexe. Et la majeure partie d’entre eux continue de préférer le bois. Comme si toutes les innovations et les multiples gammes en métal ne changeaient rien à l’affaire. Rien ne paraît donc pouvoir bouleverser ce statu quo. Et peu d’annonces sont susceptibles de faire bouger les lignes d’un marché qui, pourtant, reprend du poil de la bête dans le sillage de l’industrie automobile. « C’est un marché qu’il faut envisager sur le très long terme, avec une croissance lente, puis un moment disruptif qui change tout, et nous ne sommes pas encore à ce moment », admet Carle-Emmanuel Barbez. En attendant ce « moment disruptif », le métal n’en grappille pas moins quelques petits points d’année en année.
Les spécialistes du métal estiment que les prix attractifs du bois orientent encore beaucoup les décisions d’achat – sans oublier le poids des habitudes. Il faut aussi prendre en compte la capacité du bois à satisfaire les besoins parfois sur mesure et très précis de certains métiers : car si le bois est si demandé, c’est aussi qu’il a des qualités intrinsèques. Et pourtant, de grands spécialistes du bois comme Kit Utilitaire ont intégré et fait évoluer une ou plusieurs gammes en métal afin de se positionner sur tous les fronts. Et à ce débat entre bois et métal s’en ajoute un autre : jusqu’où remplacer l’acier par l’aluminium ? Ce métal si léger, et donc si intéressant dans la perspective de mieux lutter contre la charge utile.
Vers le tout-aluminium ?
Mais le « tout-aluminium » n’est pas encore la priorité, loin s’en faut, et peu d’acteurs ont lancé des gammes entièrement conçues dans ce métal. SD Services s’y est mis avec un positionnement plus haut de gamme, argumente Stéphane Crescini, directeur commercial et marketing de l’équipementier. Ce qui justifie un tarif un peu plus élevé, soit environ 3 500 euros TTC et 15 % de plus par rapport à la gamme précédente en acier.
Un aménagement de fourgonnette de type Kangoo ou Partner coûte alors en moyenne environ 1 000 euros en contreplaqué, quelque 1 300 euros en aluminium ; pour un modèle de type Master ou Boxer, il faut compter 3 500 euros en contreplaqué, et 4 600 euros en aluminium. Parmi les acteurs du tout-aluminium, il y aussi Avup, un acteur implanté surtout dans l’Est de la France, distributeur notamment de la marque Gema. La société italienne Gema a conçu une gamme entièrement en aluminium, mais avec un positionnement prix qui se veut compétitif.

Pour Nassim Bellil, responsable commercial d’Avup, l’aluminium est certes plus cher, mais sur la durée et en tenant compte des coûts d’exploitation, il se révèle économique – c’est du reste le raisonnement des industriels du métal en général face au bois. Mais Nassim Bellil affirme aussi que compte tenu des procédés industriels employés par Gema, Avup peut positionner ces aménagements en aluminium à des tarifs comparables à ceux de l’acier. « C’est de l’aluminium extrudé, donc renforcé, qui reste léger mais assure la sécurité des équipements », commente-t-il. Les tarifs d’Avup oscillent entre 1 500 euros TTC pour les équipements les plus simples jusqu’à 11 000 euros pour les plus complets.
Respecter les exigences de solidité
L’aluminium est plus léger, donc plus fragile que l’acier. Il faut alors le travailler de telle sorte qu’il puisse répondre aux exigences de solidité, tout en respectant ses promesses dans la lutte pour la charge utile. L’enjeu réside dans les procédés industriels qui doivent faire en sorte de conserver les avantages de l’aluminium, mais en gommant les inconvénients.
Pour Carle-Emmanuel Barbez de Sortimo, selon le procédé industriel, de la tôle pliée ou du profilage d’aluminium, on ne bénéficie pas de la même rigidité. Pour Yves Parquet, directeur réseaux et grands comptes de Durisotti, il y a du chemin pour parvenir à concilier solidité et légèreté. L’industriel tend pour sa part à combiner aluminium et acier ; il n’est pas question de substituer le premier au second, mais de « concevoir un produit pour en assurer l’homogénéité. Avec les bennes, il faut travailler les deux métaux en fonction de la répartition des charges », illustre-t-il. Dans les Polyvolumes du carrossier, l’aluminium a remplacé l’acier dans les coins avant et arrière des véhicules. Il faut agir sur tous les gains de poids possibles, « car les nouveaux modèles des constructeurs ont pris de 50 à 100 kg », rappelle Yves Parquet.
D’autres prestataires associent les deux métaux, à l’instar d’Optima qui a lancé voilà plus de deux ans une gamme intégrant aluminium et acier, pour un gain de poids de 30 %. À prix quasiment égal avec un panier moyen d’environ 1 975 euros TTC pour l’aménagement et l’équipement d’un fourgon.

Jouer sur la modularité des équipements
D’autres enfin s’en tiennent au « tout-acier », à l’instar de Kit Utilitaire qui vient de signer un accord avec le suédois System Edstrom, lointain cousin de Modul-System. La gamme d’aménagements et d’équipements intégrée dans l’offre du prestataire est totalement en acier. De fait, pour Marc Lepetit, directeur commercial de Kit Utilitaire, l’acier offre un rapport qualité/prix supérieur ; « il y a de très beaux produits en aluminium mais ils restent chers », estime-t-il.
Le ou les matériaux employés ne constituent pas les seuls arguments des prestataires. Ces derniers jouent beaucoup sur les qualités d’assemblage de leurs équipements pour faire en sorte de respecter les deux contraintes de légèreté, de gain en charge utile d’un côté, et de solidité de l’autre, qu’ils vont combiner avec le principe de modularité. Cette modularité est plus ou moins poussée selon les prestataires, et permet de concevoir l’assemblage des équipements un peu comme des Lego, de telle sorte que l’on obtient un aménagement au plus proche des besoins des entreprises, sans avoir à recourir au sur mesure pur et dur, forcément plus cher.
« La modularité signifie standardiser au mieux les éléments de façon à en simplifier l’assemblage, explique Marc Lepetit. Nous avons ainsi un seul type de vis, tous les perçages peuvent se faire dans la même proportion de pas. Cela a une incidence sur le poids car nous n’avons pas de pièce inutile, et les économies d’échelle se répercutent sur les prix. »
Les structures des aménagements et les systèmes de fixation font l’objet de l’attention de tous les prestataires. Outre les gains de poids et les possibilités offertes d’une plus grande modularité, ces systèmes vont en effet renforcer la solidité de l’ensemble, et donc la sécurité en général. Car les VUL pourraient bien un jour être plus réglementés, à l’image de ce qui existe déjà pour les modèles plus grands, type N2 (entre 3,5 et 12 t) et N3 (supérieurs à 12 t).
Sortimo Top System
Anticiper les réglementations
C’est en tout cas le raisonnement de la société StoreVan qui met en avant une directive européenne émise en 2014 et relative à la sécurité dans les véhicules de transport de personnes et de marchandises. Parmi les mesures prévues, un renforcement des contrôles techniques, mais aussi une procédure de contrôle de l’arrimage. « Cela ne concerne pas pour l’instant les VUL de moins de 3,5 t, admet Grégory Bouchut, responsable commercial chez StoreVan. Mais la directive offre aux États membres la possibilité de soumettre à des contrôles techniques des véhicules qui échappent à son champ d’application. »
Grégory Bouchut en est convaincu, les VUL de type N1 seront à terme réglementés comme les N2 et N3. La société a donc décidé d’introduire des systèmes d’arrimage et de fixation qui assurent tout aussi bien la modularité des équipements qu’une sécurité maximale dans la perspective d’une telle évolution réglementaire. Ce sont des systèmes de rails « aéro », dérivés de l’industrie aéronautique, soit des rails en aluminium qui s’encastrent dans différentes surfaces des VUL, y compris leur plancher.
StoreVan
La sécurité avant tout
« Ce système de rails d’arrimage est plus facile pour sangler les marchandises », avance Grégory Bouchut. D’autant plus que ce système est en train de se standardiser, estime-t-il, puisque plusieurs prestataires l’adoptent. Ce système prévoit aussi l’utilisation d’un plancher en multiplis avec résine phénolique, conçu en fonction des arrimages d’origine du véhicule et d’arrimages supplémentaires au ras du plancher.
Avup a pareillement œuvré sur ses systèmes de fixation pour sécuriser les fixations qui ont tendance à céder parfois avec le temps, fait remarquer Nessim Bellil. Mais aussi pour gagner en capacité de charge, soit jusque 120 kg pour les étagères et 90 kg pour les tiroirs. Le prestataire optimise aussi les points d’arrimage fixés au plancher pour mieux répartir la charge.
Notons aussi l’usage croissant du polypropylène dans les parois, chez Avup mais aussi chez d’autres prestataires, une matière résistante et légère lancée il y a plusieurs années et pour laquelle la demande est maintenant plus forte.
Durisotti – Véhicules destinés au transport de personnes à mobilité réduite (PMR) pour l’association caritative Cazin Perrochaud (62)
Sécuriser les chargements
De manière générale, les évolutions récentes des offres des prestataires mettent beaucoup en avant la sécurité dans les utilitaires. « C’est une vraie tendance », fait remarquer Aline Basile, co-gérante d’Optima. Et cette tendance implique tous les éléments de sécurisation dans les VUL, qu’il s’agisse de la sécurité des biens avec par exemple les antivols, ou de la sécurité des personnes et de leur bien-être, « pour diminuer par exemple les problèmes musculo-squelettiques », souligne-t-elle.
Entre autres produits, Optima a lancé une serrure anti-intrusion qui s’enclenche automatiquement quand on ferme la porte du véhicule, arrière ou latérale. Cette serrure, en acier « ultra résistant », adhère à la surface de la porte de telle sorte qu’il est impossible d’enfiler des outils pour faire levier. SD Services communique aussi beaucoup sur la sécurité. « Nous proposons des systèmes de serrure renforcés pour mieux faire face à la hausse du nombre des infractions », argumente Stéphane Crescini.

Autre tendance dans le domaine des accessoires, les mallettes pour une meilleure intégration dans ces aménagements et ces équipements. « Ce mois de mai, nous commercialisons une nouvelle version de la mallette, dotée d’un équipement électroportatif et d’un système de clipsage qui se fait désormais sur le couvercle, plus facile à manipuler », décrit Carle-Emmanuel Barbez pour Sortimo. Cette prochaine version, compatible avec les anciennes, sera dotée d’une sécurité renforcée, ajoute le dirigeant. D’autres prestataires annoncent aussi soit de nouvelles mallettes, soit des évolutions des modèles existants, à l’image de SD Services ou de Kit Utilitaire.