Et si l’on envisageait l’aménagement des VUL sous l’angle de leur coût d’exploitation, le TCO ? Ce raisonnement économique s’applique à bien des postes du budget automobile des entreprises et des collectivités, pourquoi pas à cette problématique spécifique de l’aménagement ?
Jusqu’à présent, les entreprises consacraient l’essentiel de leurs efforts à évaluer leurs besoins les plus immédiats : passaient donc avant tout l’adéquation des équipements aux activités des utilisateurs des véhicules, et la sécurité des personnes et des biens. Une fois pointées toutes ces nécessités « métiers », il restait à voir le budget global de l’équipement,...
Et si l’on envisageait l’aménagement des VUL sous l’angle de leur coût d’exploitation, le TCO ? Ce raisonnement économique s’applique à bien des postes du budget automobile des entreprises et des collectivités, pourquoi pas à cette problématique spécifique de l’aménagement ?
Jusqu’à présent, les entreprises consacraient l’essentiel de leurs efforts à évaluer leurs besoins les plus immédiats : passaient donc avant tout l’adéquation des équipements aux activités des utilisateurs des véhicules, et la sécurité des personnes et des biens. Une fois pointées toutes ces nécessités « métiers », il restait à voir le budget global de l’équipement, constitué sur la base des tarifs des prestataires.
Ces derniers tentent désormais de faire adopter un angle de vue différent et proposent de lisser le coût sur une durée plus longue, pour faire en sorte que l’on raisonne plutôt en coût d’usage qu’en coût d’achat pur et dur.
Du tarif pur et dur au coût d’usage
Et pour cause : nombre d’équipementiers cherchent à promouvoir leurs gammes de produits métalliques pour séduire une clientèle encore très fidèle au bois depuis toujours. Et ce alors que les entreprises françaises continuent de raisonner en tarif et non en TCO – à l’inverse de ce qui se passe en Europe du Nord, convertie au métal. En coût d’usage, le métal serait-il finalement plus économique que le bois ? « L’avantage économique de l’acier sur le long terme reste évident », affirme en tout cas Carle-Emmanuel Barbez, responsable marketing de Sortimo.
Tous les métaux ne sont certes pas logés à la même enseigne. Ne parlons pas du titane, matériau léger et résistant, mais que son coût prohibitif écarte de toute comparaison. Mais peuvent entrer dans l’équation l’acier, plusieurs alliages et l’aluminium qui gagne en popularité.
Le raisonnement est simple : sur une durée plus longue, le coût d’usage du métal se révélerait inférieur à celui du bois parce que le métal se montre plus résistant sur la durée et plus efficace dans la lutte pour la charge utile. Avec des conséquences positives sur les coûts induits comme la consommation de carburant, la durée de vie du véhicule, etc.
D’autant que l’on note une tendance nette à prolonger la durée de vie des aménagements et des équipements en les transférant dans de nouveaux véhicules, surtout lorsque les entreprises fonctionnent en location longue durée.
Cette « transférabilité » des aménagements métalliques est plus facile. Un élément d’ailleurs devenu l’un des arguments clés de l’offre en métal. « Mais pour diminuer le coût d’usage d’une flotte, il faut d’abord s’attaquer au problème de la charge utile », pose Philippe Tavel, directeur général de Modul System.

2. Sortimo – Lift à échelle
3. Sortimo – Station de charge Bosch
La charge utile, encore et toujours
La charge utile, une problématique ancienne, qui prend encore plus d’acuité avec le poids toujours plus élevé des véhicules (électronique embarquée, éléments de sécurité, clim, etc.). Les prestataires répondent donc en intégrant toujours plus de métal.
« Nos processus de fabrication ont évolué et grâce aussi à une sélection d’aciers, les étagères ont vu leur poids baisser de moitié en l’espace d’une vingtaine d’années, tout en occupant un volume et un espace identiques », argumente Philippe Tavel.
L’actualité métallique des prestataires se veut de fait chargée. Optima a par exemple lancé, il y a 18 mois environ, une gamme d’équipements en acier-aluminium, « 30 % plus légère que la précédente, elle-même plus légère que le bois dans des proportions équivalentes », argumente Olivier Hutteau, directeur général. Un alliage assez classique avec une réduction de matière, mais sans que la présence d’aluminium ne change l’approche tarifaire, ajoute en substance Olivier Hutteau : le panier moyen reste autour de 1 975 euros TTC pour l’aménagement et l’équipement d’un fourgon, avec une large palette de prix, de 800 à 10 000 euros.

L’aluminium gagne aussi du terrain dans les gammes métal. Connue à la fois pour ses qualités mais aussi pour son prix élevé, cette matière est de plus en plus fréquemment employée. SD Services lance ainsi ce printemps une gamme de produits totalement en aluminium, destinée à remplacer sa gamme en acier. « C’est son originalité car la grande majorité des produits en France sont en fait des alliages entre acier et aluminium », explique Stéphane Crescini, directeur commercial et marketing de la société.

2. SD Services – Aménagement contreplaqué Woodsys
3. SD Services – Accessoires Systainer
4. SD Services – Galerie aluminium
L’aluminium, plus léger et plus moderne
Le prix de cette gamme aluminium sera un peu plus élevé que celui de la gamme acier existante : pour un véhicule de 9 m3, il faudra compter en moyenne 3 500 euros au lieu des 3 000 euros habituels. Et le gain en charge utile ne sera pas suffisamment significatif pour représenter un argument de poids aux yeux de Stéphane Crescini qui mise beaucoup plus sur la qualité, l’homogénéité et la robustesse de l’aluminium pour séduire.
Würth a pour sa part lancé l’an passé une gamme de produits conçus à partir d’un alliage entre acier et aluminium, avec un gain en charge utile de 10 à 15 %. Une gamme complétée ce printemps par des tiroirs de petites dimensions, composés exclusivement d’aluminium.
Durisotti a lui aussi eu recours à l’aluminium dans sa gamme d’équipements, notamment pour ses véhicules Polyvolumes. « Une structure en aluminium apporte bien des avantages, c’est plus léger, plus efficace contre la corrosion et cela apporte un “look“ moderne », justifie Yves Parquet, directeur réseaux et grands comptes de l’équipementier.
Un aménagement aluminium pour un Polyvolume Durisotti de 22,5 m3 revient à environ 13 600 euros. Et l’équipementier compte sur d’autres matières, comme la fibre de lin, pour apporter des réponses à la question de la charge utile.

2. Würth-Orsymobil – Gamme Access
Des matériaux toujours plus innovants
Dernier argument favorable à l’aluminium, les problématiques liées à l’environnement, toujours plus prises en compte par les flottes. De façon indirecte, la légèreté de la matière a des conséquences sur l’usure du véhicule, sa consommation et donc son empreinte carbone, mais de façon directe aussi puisque le véhicule se recycle plus facilement.
D’autres prestataires travaillent également sur les équipements métalliques. À l’instar de Renault Tech, la filiale spécialisée dans les équipements du constructeur, qui va dévoiler une gamme de meubles métalliques plus légers en septembre prochain.
Comme toujours dans l’aménagement des utilitaires pour des usages métiers, plusieurs critères viennent tempérer le facteur de la charge utile. Avec à la clé un mix très pragmatique entre les matériaux disponibles sur le marché.
Renault Tech combine différentes matières pour certains aménagements. « Nous faisons principalement appel à du bois recouvert d’un revêtement anti-dérapant en plastique pour les planchers, mais aussi à du polypropylène quand il n’y a pas d’ancrage de meubles nécessaire au plancher. Cette matière posant quelques problèmes d’accroche, nous l’utilisons uniquement sur les côtés », détaille Christophe Cazenove, responsable marketing. Le polypropylène offre le double avantage de la résistance et de la légèreté.
Tous ces arguments en faveur de la charge utile et des matières plus légères ne changent pourtant rien à l’affaire : en France, les entreprises demeurent fidèles au bois, dans des proportions qui n’évoluent guère d’une année sur l’autre, atteignant les quatre cinquièmes du marché.
Les prestataires se montrent toutefois optimistes, les prises de conscience sont là, au moins par de nombreux grands comptes. Cela signifie qu’un changement va bien finir par se faire sentir dans les chiffres. Mais il n’est pas impératif que le marché français se mette au diapason des marchés d’Europe du Nord : si le bois est si souvent employé, c’est que les arguments en sa faveur ne se veulent pas seulement économiques.

Des équipements transformables
Longtemps, ses détracteurs ont reproché au bois sa moindre solidité par rapport au métal, réputé plus robuste face aux crash-tests. Mais les entreprises font aussi confiance à leur expérience, laquelle a pu montrer que des mobiliers en bois bien conçus pouvaient se révéler aussi solides.
Mais l’un des points faibles du bois reste son inadéquation aux besoins grandissants de transformation des équipements et aménagements. Ces besoins prennent des formes diverses dont la principale consiste à transformer un VP en VUL.
« Cette transformation concerne pas loin d’un véhicule sur quatre si l’on prend en considération le marché des immatriculations en France l’année dernière, observe Jean Margerie, directeur commercial et marketing de l’équipementier Gruau, maison mère de Sortimo. C’est de loin la transformation la plus achetée par les gestionnaires de flotte. »
Il est vrai que les avantages fiscaux des VUL comparés aux VP (absence de TVS, récupération de la TVA) incitent les entreprises à recourir à ce type de services. La banquette arrière du VP est alors enlevée et stockée, puis l’ensemble est aménagé avec les cloisons nécessaires afin de protéger l’habitacle des passagers, et d’intégrer les systèmes d’arrimage et de clipsage pour installer les meubles de rangement. Ces véhicules servent surtout à déplacer une ou deux personnes avec de l’outillage léger derrière.
« Grâce au stockage des banquettes arrière, nous reconditionnons les véhicules en leur état d’origine pour faciliter leur revente. Les VP ont en effet une meilleure valeur résiduelle qui dépend bien évidemment de leur état et de leur kilométrage à la fin de leur période d’utilisation en tant que VU », précise Jean Margerie.
Renault Tech travaille aussi beaucoup sur ces transformations et insiste notamment sur l’aménagement adéquat pour que le véhicule puisse ensuite se retransformer en VP : « On ne peut pas percer n’importe où et mettre les meubles et équipements n’importe comment », prévient Christophe Cazenove pour Renault Tech.

Des transferts toujours plus nombreux
Un constat du reste vrai pour toute forme de transfert d’aménagement. De plus en plus demandés certes, soit près de 20 % de l’activité aujourd’hui contre quelques pour cents il y a quelques années, selon Philippe Tavel de Modul System, ces transferts ne peuvent se faire à grande échelle.
« Il n’y a pas d’aménagements qui aient une durée de vie identique, même portés sur des véhicules semblables dans la flotte », ajoute Philippe Tavel. La valorisation du transfert en est donc rendue un peu plus complexe. Mais il est possible de faire des propositions de valorisation et dans certains cas, de faire en sorte que l’aménagement soit porté sur un nouveau véhicule pour une valeur proche de ce qu’aurait coûté un nouvel aménagement, estime Philippe Tavel.
Pour faciliter cette activité de transfert d’aménagement, Würth a créé une équipe itinérante d’une dizaine de techniciens qui se déplacent sur site afin d’assurer la ré-installation des anciens équipements sur les nouveaux véhicules. « Un investissement initial de 3 000 euros peut s’amortir sur deux ou trois générations de véhicule à moindre frais, et concurrencer directement les équipements faits maison ou en bois », argumente Alexandre Petri, responsable développement commercial de l’entreprise.
Chez les équipementiers, l’imagination est bel et bien au pouvoir.
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