
En grippant le secteur de l’automobile, les crises successives se répercutent logiquement sur les spécialistes des aménagements de véhicules. « Comme dans toutes les industries avec la crise du covid-19, puis celle des composants puis la guerre en Ukraine, il y a beaucoup d’aléas dans la production et les prévisions se font encore plus incertaines que d’habitude », résume Jean Margerie, directeur commercial et marketing du carrossier constructeur Gruau.
Le secteur de l’aménagement n’est donc pas épargné par les délais de livraison rallongés des châssis des constructeurs à leurs clients. « Et nous avons régulièrement des annulations »,...
En grippant le secteur de l’automobile, les crises successives se répercutent logiquement sur les spécialistes des aménagements de véhicules. « Comme dans toutes les industries avec la crise du covid-19, puis celle des composants puis la guerre en Ukraine, il y a beaucoup d’aléas dans la production et les prévisions se font encore plus incertaines que d’habitude », résume Jean Margerie, directeur commercial et marketing du carrossier constructeur Gruau.
Le secteur de l’aménagement n’est donc pas épargné par les délais de livraison rallongés des châssis des constructeurs à leurs clients. « Et nous avons régulièrement des annulations », déplore Jean Margerie. « Les constructeurs ont du mal à livrer les véhicules aux concessionnaires. De ce fait, nous constatons maintenant des retards de livraison de véhicules pour nos clients dans toute la France », confirme Patricia Dervieux, responsable du pôle Orsymobil chez l’aménageur Würth. Avec, le plus souvent, une hausse des coûts à la clé.


Des nouveautés malgré tout
Dans ce contexte difficile, les équipementiers n’en continuent pas moins d’aligner des nouveautés. Gruau développe par exemple, pour le Ford Transit Skeletal châssis-cabine, un aménagement grand volume de 20 m3. « Jusqu’ici, les constructeurs de véhicules français étaient les seuls avec Fiat à proposer des châssis-cabines pour de tels aménagements, notamment parce qu’avec la transmission de type traction, ils n’étaient pas contraints par le pont arrière », explique Jean Margerie.
Mais Ford a lancé en 2018 un châssis-cabine destiné aux camping-cars, avec un seuil d’accès le plus bas possible. Avec un utilitaire, cette configuration offre une meilleure accessibilité, tout en s’affranchissant du hayon élévateur.
« L’aménagement grand volume sur le Skeletal est moins lourd, il passe en classe 2 sur autoroute et il est moins susceptible d’accrochage en hauteur car il ne dépasse pas les 3 m », argumente Jean Margerie. Un aménagement plutôt destiné aux transporteurs urbains, pour des publics comme les antiquaires ou les loueurs courte durée pour des déménagements de particuliers. « Nous venons de recevoir 80 véhicules que nous allons équiper », annonce Jean Margerie.
De son côté, pour accompagner les professionnels au quotidien, Sortimo met en avant la commercialisation de matériels sur mesure. Sur le site Mysortimo, un professionnel peut préparer les aménagements de son véhicule avec un simulateur 3D. Des aménagements de véhicules ensuite réalisés par Sortimo ou par le professionnel lui-même qui peut ensuite le faire valider par l’aménageur. Au rayon des prestations personnalisées, Sortimo commercialise aussi des mousses sur mesure pour garnir ses mallettes qui s’adaptent exactement aux matériels des professionnels.
Sur mesure et TPMR
Toujours au rayon des nouveautés, Gruau mise sur des aménagements de véhicules TPMR (transport de personnes à mobilité réduite) pour les derniers modèles des constructeurs. C’est le cas du Volkswagen Caddy Maxi avec des aménagements de véhicules déclinés en différentes configurations. « Bientôt, nous allons lancer ces équipements pour le Ford Grand Tourneo Connect essence et diesel, soit la première concrétisation de l’alliance Volks-wagen Ford sur le VU », annonce Jean Margerie. Des équipements destinés aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités : conseils départementaux, associations mais aussi taxis. « Ils sont poussés à s’équiper en aménagements de véhicules TPMR, entre autres en prévision des Jeux Olympiques de 2024 », reprend Jean Margerie. Des taxis par ailleurs aussi amenés à passer au 100 % électrique.
Gruau a d’ailleurs déjà en catalogue un aménagement TPMR pour les véhicules électriques. « Pour les modèles de la plate-forme K0 du groupe Stellantis (Jumpy- Spacetourer, Expert Traveller, Vivaro Zafira et Proace Verso et Combi), nous avons conçu des aménagements de véhicules cinq et six places avec fauteuil roulant ou sept/huit places sans fauteuil roulant », expose Jean Margerie. Dans les versions avec fauteuil roulant, l’aménagement comprend un moteur électrique pour actionner l’enrouleur qui aide à charger le fauteuil. Ce moteur est alimenté par un pack de batteries ajouté.

L’aménagement en électrique
Avec les utilitaires électriques, la puissance disponible reste de fait encore limitée pour alimenter des dispositifs embarqués de ce type ou pour recharger l’outillage électroportatif. « Il n’est pas possible non plus d’employer la poulie moteur pour entraîner un groupe frigorifique par courroie », complète Jean Margerie. Le transfert de puissance du moteur aux équipements et matériels embarqués, répandu dans les camions et VU thermiques sous le nom de PTO, pour « power take off », existe en option sur des modèles de Stellantis. Rebaptisé e-PTO en électrique, il délivre une puissance modeste. Et bien sûr, son usage amoindrit l’autonomie du véhicule.
À défaut de pouvoir tirer la quantité d’énergie ad hoc des moteurs électriques des véhicules, les aménageurs innovent pour offrir des solutions de substitution. Dans leurs catalogues, ils multiplient ainsi les solutions de packs électriques embarqués. Des packs déjà sollicités pour les modèles thermiques, en remplacement des groupes électrogènes, parce que moins bruyants et polluants.
Pour le transport à température dirigée, d’autres solutions se profilent. « Nous expérimentons des refroidissements de la cellule frigorifique avec du CO2. Certains proposent également du CO2 recyclé, illustre Jean Margerie. Le CO2 est porté à une température très basse puis de l’air est soufflé dessus pour refroidir la cellule. » Un système coûteux toutefois, rentabilisé à partir d’une quinzaine de véhicules, estime ce responsable de Gruau.

La question du poids…
L’arrivée progressive des véhicules électriques pousse aussi les aménageurs à affiner leur travail de conception des aménagements et de diminution de leur poids. Würth annonce par exemple, pour cet été, une gamme d’aménagements en métal privilégiant l’aluminium pour les véhicules. « Elle sera plus légère que la gamme métal actuelle et plus adaptée aux modèles électriques », relève Patricia Dervieux.
D’autres aménageurs, qui avaient déjà développé des équipements en aluminium comme Sortimo, revendiquent aujourd’hui une position de « visionnaires », selon le terme de Carle-Emmanuel Barbez, responsable marketing chez Sortimo by Gruau. Sortimo a commencé à exploiter ce matériau dès le début des années 2000.
… encore et toujours
« Notre solution d’aménagement fonctionne aussi sans perçage du plancher. Un avantage par rapport aux véhicules électriques où des trous à cet endroit seraient susceptibles d’endommager la batterie. Nous gardons les points d’arrimage du constructeur pour plaquer le sol. Et sur ce plancher, grâce à des inserts métalliques, nous glissons les pieds de l’aménagement fixé sur les parois. Tout ce système reste compatible avec l’électrique », poursuit Carle-Emmanuel Barbez pour Sortimo.
Reste que si les matériaux comme l’aluminium sont plus adaptés pour aménager des véhicules électriques, d’aucuns estiment qu’ils n’apportent pas encore un gain de poids assez important pour préserver significativement l’autonomie des batteries. « Il faudrait diviser le poids par deux », estime un spécialiste de l’aménagement.
Une certitude : cette évolution des matériaux, couplée aux tarifs inflationnistes, participe à la hausse du coût des aménagements des véhicules. Et les véhicules électriques ne sont pas les seuls concernés. Les entreprises semblent en effet de plus en plus soucieuses d’améliorer les équipements de l’ensemble de leurs utilitaires, note Stéphane Crescini de SD Services.
Du prêt à l’emploi
« Depuis quelques mois, nous constatons que le panier moyen augmente », souligne ce directeur commercial. Les sommes engagées permettent d’élaborer des aménagements plus complets pour des véhicules prêts à l’emploi : véhicules ateliers, de maintenance ou de SAV. Les aménagements se font aussi plus ergonomiques, y compris pour des camions de livraison jusqu’ici peu dotés d’aménagements, sinon de protections des parois et des sols. « Nous proposons des étagères rabattables pour organiser le rangement des chargements. Avec cet équipement, des aménagements basiques atteignent dorénavant 2 000 ou 2 500 euros, alors qu’auparavant nous les facturions 500 euros », rappelle Stéphane Crescini.
Des coûts plus élevés mais qui sont appréciés à la mesure des gains de productivité dégagés, dans le cadre de la livraison ou de toute autre activité.
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