Applications conducteur : les prestataires au rendez-vous

Les différents prestataires des applications conducteur s’observent avec la plus grande attention. Et souvent ils développent les mêmes offres à quelques mois de distance. Car en matière de gestion de flotte comme dans de nombreux domaines, le mimétisme produit des effets durables. C’est donc le cas avec les applications destinées aux conducteurs.

En effet, il y a une dizaine d’années apparaissaient les premiers outils, avant de se répandre rapidement chez l’ensemble des prestataires. « Tout le monde possède un portail à destination des gestionnaires de flotte et des conducteurs, confirme Olivier Rigoni, directeur du cabinet de conseil Cogecar. Leur finalité principale porte sur la prise de rendez-vous. »

Loueurs longue durée, constructeurs automobiles, enseignes indépendantes de l’après-vente, etc. Tous les acteurs cherchent à améliorer la qualité de service à travers des outils spécifiques. Comme le remarque Olivier Rigoni : « Les loueurs longue durée ne sont pas les seuls à opérer en tant que fournisseurs. Et ces prestataires ne sont pas forcément les plus pertinents pour proposer de tels outils. »

Applications conducteur : les loueurs au premier rang des prestataires

Pourtant, sur le marché des applications conducteur, les loueurs se montrent comme des prestataires très actifs. ALD Automotive a ainsi développé sa première application pour les conducteurs dans les années 2010. Pour Thomas Nérot, responsable marketing d’ALD Automotive France : « Sur ce sujet, les loueurs ont joué un rôle moteur pour lancer une dynamique » . Avec son application My ALD Driver, le loueur est accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur les smartphones des utilisateurs. Par ailleurs, ALD Automotive avait créé ses premiers outils numériques pour les gestionnaires de flotte au début des années 2000

Simple à ces débuts, le premier outil pour conducteurs d’ALD Automotive prenait la forme d’un portail accessible en ligne. Il ouvrait l’accès à un numéro d’urgence, à un descriptif des services disponibles et à la localisation des points de service. À l’origine, le contenu n’était pas personnalisé, avant de commencer à le devenir par la suite.

Aujourd’hui, My ALD Driver se destine aux professionnels comme aux particuliers, et se veut un véritable copilote. L’application est incluse dans l’offre de services du loueur et a vocation à accompagner le conducteur au quotidien. Grâce à son centre de contact, ALD a identifié les questions les plus souvent posées par les conducteurs. Ainsi, il a développé son application pour y répondre.

Pour communiquer avec les conducteurs, LeasePlan s’appuie pour sa part sur un portail internet et une application mobile. Baptisée My LeasePlan, cette dernière est en place depuis six ans. « À l’époque où nous l’avons lancée, l’application était relativement statique, se souvient Florence Clech-Verdier, directrice SI, data et transformation du loueur. Avec des données génériques sur les processus et un accès sans identifiant ni mot de passe. » Au fil du temps, l’outil a évolué vers davantage de dynamisme.

Les prestataires des applications conducteur : des enseignes, des éditeurs…

Les spécialistes de la réparation rapide ont pareillement déployé des portails pour que les gestionnaires de flotte puissent suivre leurs interventions en aval. En amont, ces prestataires développent aussi des applications pour les conducteurs. Celles-ci servent à fixer des rendez-vous et à géolocaliser le centre le plus proche. Les constructeurs envoient aussi des alertes, pour inciter les conducteurs à réaliser un entretien périodique en temps et en heure. Autres intervenants, les acteurs de la formation et de la prévention prodiguent des conseils sur les bonnes pratiques de la conduite.

Pour leur part, les éditeurs de logiciels ont une vision plus globale. De par leur position, ils peuvent fournir des données plus exhaustives aux responsables de parc et aux conducteurs. C’est la volonté du progiciel de gestion de parc Winflotte, racheté en 2016 par OptiXT. Concentré sur les métiers de la mobilité, l’éditeur gère également des flottes pour le compte de ses clients. Il a en effet intégré Géocontact, un outil de gestion de pool de véhicules, à son panel de solutions.

Depuis 2019, le progiciel Winflotte a été entièrement remanié et sa nouvelle version sortira en septembre prochain. Elle a été testée dans trois groupes dont Deloitte et JCDecaux. « Winflotte 10 propose les grandes fonctionnalités du marché, explique David Métais, directeur général de ce prestataire. Il s’enrichit de modules pour améliorer la productivité du responsable de parc. »

« Parallèlement, sous le nom de Mobiflotte, notre application conducteur améliore aussi cette productivité en faisant des conducteurs des acteurs de la gestion de la flotte. Des tensions parasitent parfois la communication entre ce responsable et les conducteurs. Mobiflotte apaise les échanges en impliquant davantage les collaborateurs », argumente ce responsable.

… et des télématiciens

Quant aux spécialistes de la télématique, leurs développements informatiques se veulent plus pertinents sur les éléments mobiles des conducteurs. Ils bénéficient de fait d’un panel d’informations enrichi sur les utilisations des véhicules. À l’origine chez Océan (Orange Business Services), les informations recueillies concernaient l’éco-conduite. Elles incluaient le recensement des évènements brutaux et l’identification des axes d’amélioration. Progressivement, d’autres fonctionnalités ont fait leur apparition. Comme la mise en place de calendriers pour désactiver la géolocalisation lors des usages privés. Ce qui permet de respecter les recommandations de la CNIL.

De façon générale, les télématiciens relèvent à distance des données sur les comportements de conduite. De leur côté, les entreprises les intègrent à leurs cursus pour réduire la sinistralité. Ces formations s’appuient aussi sur les informations collectées pour dispenser les préceptes de l’éco-conduite. Par l’intermédiaire d’une application spécifique, un concours du meilleur éco-conducteur peut par exemple s’organiser. Une manière de diffuser les bonnes pratiques sur un mode ludique.

Les prestataires misent sur le traitement des données réelles…

Face aux éditeurs de logiciels et à des informations jugées théoriques, Océan met en avant sa différence par le traitement de données réelles obtenues grâce à l’installation d’un dispositif spécifique dans le véhicule. « De plus, nous relions le véhicule, le gestionnaire de flotte et le conducteur de manière plus rapprochée », insiste Sergio Villanueva Alonso, responsable marketing au sein de la direction d’Océan.

À titre d’illustration et comme les constructeurs, Océan met en avant sa capacité à remonter les informations sur la conduite, à organiser des challenges entre conducteurs et à déployer des outils d’animation. « Si vous n’êtes pas connecté au véhicule, vous ne pouvez pas obtenir les informations nécessaires, affirme Sergio Villanueva Alonso. C’est tout aussi vrai pour l’autopartage. »

Les fournisseurs de solutions d’autopartage ont en effet accès à des données complètes sur les trajets des véhicules qu’ils gèrent. « Ces derniers intervenants bénéficient d’une vision complète alors qu’ils n’avaient pas vocation à détenir les informations les plus pertinentes, estime Olivier Rigoni pour Cogecar. Sur ces sujets, il aurait été plus logique de voir les loueurs et les constructeurs en première ligne. »

… mais le futur des applications conducteur est au multimodal

Demain, au-delà du seul véhicule, la mobilité des professionnels empruntera différents modes de déplacement. À l’image du vélo, de la trottinette, des transports en commun, de l’autopartage, etc. Pour réaliser un parcours multimodal de bout en bout et avec un maximum de fluidité, un seul outil numérique devra s’imposer. Il devra intégrer l’ensemble des offres de mobilité sur les smartphones des collaborateurs. Nous en sommes encore loin.