
Lancer son activité n’est jamais chose aisée. Et cela l’est encore moins dans le contexte si particulier de 2020. Pour Emmanuel Laurent, qui ouvert son entreprise de menuiserie cet été à Mespaul, dans le Finistère, la crise sanitaire aura eu au moins une répercussion majeure : celle d’écourter sa réflexion sur le mode de financement de son véhicule. « J’ai réfléchi à d’autres solutions que l’achat. Mais avec le confinement, le lancement de l’entreprise a été retardé. Je me suis donc finalement orienté vers l’achat qui se présentait comme la solution plus simple », indique le jeune entrepreneur.
Pour le choix du modèle, le menuisier s’est basé...
Lancer son activité n’est jamais chose aisée. Et cela l’est encore moins dans le contexte si particulier de 2020. Pour Emmanuel Laurent, qui ouvert son entreprise de menuiserie cet été à Mespaul, dans le Finistère, la crise sanitaire aura eu au moins une répercussion majeure : celle d’écourter sa réflexion sur le mode de financement de son véhicule. « J’ai réfléchi à d’autres solutions que l’achat. Mais avec le confinement, le lancement de l’entreprise a été retardé. Je me suis donc finalement orienté vers l’achat qui se présentait comme la solution plus simple », indique le jeune entrepreneur.
Pour le choix du modèle, le menuisier s’est basé sur son expérience passée. S’il vient tout juste de se lancer à son compte, il accumule une vingtaine d’années d’exercice dans son domaine d’activité, acquises dans plusieurs entreprises de sa région. « J’ai choisi un Fiat Ducato L2H3 », reprend Emmanuel Laurent, un véhicule doté de quelques options auxquelles il tenait comme la caméra de recul.
Le meilleur compromis
Cet utilitaire a été acheté chez un revendeur brestois de la marque Fiat, après la visite de plusieurs autres concessions. « D’une concession à l’autre, voire chez le même constructeur, les montants affichés peuvent varier pour un même véhicule, a noté Emmanuel Laurent. J’ai pu finalement pu obtenir à Brest un véhicule plus puissant que ceux qui m’avaient été proposés d’autre part. » Une donnée importante pour l’artisan qui souhaite pouvoir atteler une remorque.
« Je n’avais pas vraiment eu le choix. J’ai acheté le véhicule en 2020 mais c’est un modèle 2019, ce qui m’a permis d’obtenir une bonne remise », précise Emmanuel Laurent. Une démarche commune à nombre de TPE et PME. « Pour le choix de leur véhicule, ces entreprises sont à la recherche du meilleur compromis, sans fidélité à une marque. Elles cherchent à un instant T le meilleur coût en fonction du marché mais aussi du réseau de proximité qui va assurer l’entretien du véhicule », avance Gérard de Chalonge, directeur commercial et marketing du loueur Athlon.
L’achat d’un camion neuf a aussi contribué à rassurer la banque auprès de laquelle Emmanuel Laurent a souscrit son emprunt. Avant de se lancer, le futur artisan avait déterminé la somme qu’il prévoyait pour son budget et qui incluait le camion et l’outillage. La banque lui a accordé un prêt sur la base de la mise en gage du véhicule. « La banque estime que pour un artisan, le véhicule demeure un outil de travail indispensable. Et elle est aussi rassurée que son client circule dans un véhicule fiable qui ne risque pas de tomber en panne et donc de suspendre son activité », ajoute Damien Fourmont, coordinateur au sein d’Initiatives Loire Atlantique Sud, une association locale qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans leurs projets.
En se tournant vers sa banque pour financer son véhicule, Emmanuel Laurent fait un choix majoritaire parmi les petites entreprises françaises : un tiers d’entre elles s’orientent vers l’achat.
Le choix de l’acquisition
Jérémy Maganto a lui aussi fait le tour des concessions avant de choisir l’utilitaire pour son entreprise d’électricité générale basée à Montipouret dans l’Indre. À l’instar d’Emmanuel Laurent, il lance son activité à 32 ans, après avoir exercé plusieurs années dans des entreprises de la région. Séduit par les publicités des constructeurs, le jeune électricien s’est dans un premier temps renseigné sur le prix du neuf. « Mais les remises sont celles proposées normalement aux professionnels », a-t-il rapidement constaté. Pas de bonnes affaires à espérer de ce côté, le jeune électricien s’est tourné vers l’occasion.
« Cela correspondait plus à mon budget. Plutôt qu’un utilitaire neuf dont les prix démarrent à 21 000 ou 22 000 euros, et au-delà de 30 000 euros pour un véhicule bien équipé, j’ai pu trouver un véhicule à 40 000 km à un peu plus de 16 900 euros sur le marché de l’occasion. Ce véhicule a non seulement plus d’options qu’un véhicule neuf dans les premiers prix, mais surtout, il était disponible immédiatement et équipé d’un attelage avec en outre une révision récente », décrit Jérémy Maganto. Le modèle retenu est un Mercedes Sprinter. Là aussi, l’électricien base son choix sur son expérience passée. « C’est un modèle standard L2H2. Avec un modèle plus grand, ce ne serait pas pratique en ville, et avec un plus petit, on ne peut pas entrer dedans pour travailler », expose-t-il.
Des véhicules d’occasion
Olivier Robin, lui aussi électricien, a la chance de pouvoir tenir debout dans le Boxer L1H1 qu’il vient d’acheter, d’occasion également. « C’est un véhicule trouvé sur le site Le Bon Coin mais acheté dans un garage, ce qui était important pour pouvoir récupérer la TVA », pointe ce menuisier qui vient de se lancer à Germond-Rouvre, dans les Deux-Sèvres. Le jeune entrepreneur parle en connaissance de cause. Alors qu’il était salarié, il circulait au volant d’un Volkswagen Transporter dans lequel il ne pouvait pas tenir, ce qu’il voulait éviter avec son propre utilitaire. Et comme il peut se tenir debout sans encombre dans un L1H1…
La taille du véhicule était importante pour Olivier Robin. Mais pour le choix de son véhicule d’occasion, ses attentes étaient aussi précises sur le kilométrage. « Je voulais un utilitaire avec moins de 100 000 km, souligne-t-il. Celui que j’ai trouvé affiche en 70 000, c’est un bon kilométrage pour un véhicule susceptible d’atteindre les 300 000 km. »
Le jeune électricien a prévu de faire rouler le véhicule cinq ans, le temps de l’amortissement de son crédit. Une durée qui devrait lui permettre de rester dans un kilométrage réduit puisqu’il pense d’intervenir dans un rayon de 30 à 40 km autour de Niort dans les Deux-Sèvres. Quant au mode de financement, cet entrepreneur s’est renseigné sur les alternatives à l’achat. « Pour la location, ma banque m’a indiqué que ce n’était pas possible à moins de trois ans d’existence de l’entreprise. Mais cela aurait été possible dans le cadre d’une reprise d’activité », rapporte-t-il.
Pour le lancement de son entreprise en octobre, le jeune menuisier Freddy Chiffoleau a bénéficié non seulement de son expérience passée mais aussi des conseils recueillis auprès d’Initiatives Loire Atlantique Sud, l’association précédemment évoquée. Celle-ci accompagne aussi les jeunes entrepreneurs en leur accordant un prêt d’honneur et en les mettant en contact avec un chef d’entreprise aguerri qui joue le rôle de parrain.

Bien évaluer le besoin
« Pour le financement de mon utilitaire, j’ai bénéficié de l’accompagnement de ce parrain qui a pu m’aider à décrocher des tarifs intéressants chez un concessionnaire avec lequel il travaille », retrace Freddy Chiffoleau. Qui s’est alors orienté vers un Mercedes Sprinter « pour une meilleure fiabilité et pour l’image auprès de la clientèle. » Afin de se démarquer de ses concurrents, Freddy Chiffolleau a aussi choisi une peinture gris métallisée.
« Aux entrepreneurs qui se lancent, nous conseillons de ne pas acheter de véhicules au rabais, indique Damien Fourmont de l’association Initiatives Loire Atlantique Sud. Et s’ils les achètent d’occasion, de prendre des véhicules de qualité parce que la perte d’un chantier inhérent à un véhicule en panne peut avoir de graves conséquences financières ». Et pour déterminer le véhicule qui pourrait correspondre à la future activité, le responsable insiste sur l’importance d’estimer dans un premier temps le nombre de kilomètres qui vont être parcourus par an. « Une fois cette estimation faite, il faut viser un véhicule qui puisse tenir plusieurs années avec un minimum de risque de panne » ajoute ce responsable.
Le recours au crédit-bail
Quant au financement, Damien Fourmont préconise pour un véhicule récent ou neuf de s’orienter vers un crédit-bail : « Ce financement vient limiter l’endettement de l’entreprise. » Ce responsable oriente ainsi les entreprises que l’association conseille vers des partenaires susceptibles de faire des offres intéressantes. Freddy Chiffoleau a choisi cette solution avec un véhicule financé sur quatre ans et une valeur résiduelle fixée à 4 %. « Globalement, nos conseils sont bien suivis », poursuit le représentant d’Initiatives Loire Atlantique. En constatant qu’en général, les véhicules sont facilement financés par les banques.
L’ACHAT DES VÉHICULES
• L’achat est financé sur les fonds propres de l’entreprise ou à crédit.
• L’entretien est assuré par l’entreprise, le concessionnaire ou une plate-forme de services.
• Le véhicule est revendu aux salariés ou à des garages.
AVANTAGES
• Le parc automobile intègre le patrimoine de l’entreprise.
• Un contrat de service constructeur peut être ajouté.
• Les amortissements permettent de lisser l’impact financier de l’achat sur plusieurs années.
INCONVÉNIENTS
• La gestion est lourde.
• Une part de la trésorerie est immobilisée.
• Le contrat de service constructeur peut être incomplet.
• Il y a un risque de vieillissement du parc, de perte de valeur sur le marché de l’occasion, avec de l’entretien à assurer.
• Selon les choix des marques, les interlocuteurs se multiplient
LE CRÉDIT-BAIL, LEASING OU LOCATION AVEC OPTION D’ACHAT (LOA)
• Le véhicule est financé par un organisme de crédit pour un loyer et une durée convenus.
• Le véhicule reste sa propriété jusqu’à ce que l’entreprise le rachète ou pas.
• L’assurance, l’entretien et la revente sont à la charge de l’entreprise et sous sa responsabilité.
AVANTAGES
• L’entreprise n’immobilise pas d’actifs. Les charges de ce contrat, dont le loyer, sont intégrées dans le poste autres achats et charges externes du bilan financier, ce qui permet de réduire le montant d’imposition.
• Le véhicule peut être racheté à tout moment.
INCONVÉNIENTS
• Il y a risque de perte de valeur du véhicule à la revente.
• Selon la nature de la flotte, les interlocuteurs se multiplient.
• La flotte vieillit et nécessite de l’entretien.
LES INDEMNITÉS KILOMÉTRIQUES
• Le collaborateur choisit et achète son véhicule.
• Il est défrayé en fonction du nombre de kilomètres parcourus.
• Il assure la gestion du véhicule : assurance, carte grise, etc.
AVANTAGES
• Le temps de gestion est à la charge du salarié qui peut choisir son véhicule.
INCONVÉNIENTS
• Le salarié n’opte pas forcément pour un véhicule adapté à l’usage et peut ne pas assurer l’entretien adéquat.
• Connaître le kilométrage est difficile.
• Il faut gérer les notes de frais.
• Il faut intégrer le surcoût des primes d’assurance.
LA LLD
• La gestion du parc est confiée à un prestataire extérieur qui assure le financement et propose différents services.
• Le contrat dure de 12 à 60 mois, pour 10 000 à 150 000 km, contre un loyer mensuel.
• La voiture est restituée en fin de contrat, ce qui peut occasionner des frais de remise en état.
AVANTAGES
• La gestion du parc est externalisée et n’immobilise pas d’actifs, les charges peuvent être lissées dans les loyers fixés à l’avance.
• Le contrat peut être modifié en cours d’exécution.
• La gestion est facilitée.
INCONVÉNIENTS
• Il y a nécessité de définir le contrat à l’avance (loi de roulage).
• Les coûts variables sont rendus forfaitaires. Les frais de restitution peuvent être élevés si peu de contrôles périodiques de l’état du véhicule sont réalisés.
• La multiplication des loueurs pour une seule entreprise peut compliquer la gestion.
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