
Après trois mois de concertation, les différents groupes de travail ont livré leurs conclusions qui alimenteront la future loi d’orientation des mobilités. Axées sur les « transports du quotidien », ces Assises se sont notamment intéressées aux déplacements domicile-travail et professionnels.
Sur ces sujets, la journée a fait la part belle aux retours d’expérience des collectivités territoriales. En effet, celles-ci doivent à la fois repenser les déplacements de leurs propres agents ; mais aussi encourager et faciliter la transition vers une mobilité plus durable dans les villes et les entreprises de leur territoire.
Parmi les intervenants, Pierre Hanauer, chargé de mission management de la mobilité de la ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, a présenté Optimix : un projet d’outil autour des plans de mobilité (PDM). « Nous nous sommes d’abord appliqué un PDM à nous même depuis 1998 avant d’aller le vendre aux entreprises et collectivités. En 1998, 68 % de nos agents venaient en voiture au travail, contre 33 % en 2014, a indiqué Pierre Hanauer. À partir de là, avons réfléchi à une solution relativement simple : une plateforme web regroupant des outils à destination des entreprises et administrations, afin qu’elles puissent structurer un PDM. »
Optimix : le plan de mobilité pour tous
Le premier est un outil de diagnostic basé sur un questionnaire personnalisable à diffuser auprès des salariés, avec dépouillement automatique des résultats, qui fonctionne aussi en interentreprises. « Cela nous permet d’avoir une vision agglomérée des diagnostics conduits par les entreprises au niveau d’une agglomération par exemple, et nous fournit potentiellement beaucoup de données », a précisé le chargé de mission. Optimix héberge aussi un outil de conseil individualisé en mobilité. « L’entreprise, sur la base de son fichier de salariés, peut générer une fiche mobilité fournissant toutes les solutions pour venir au travail autrement qu’en voiture », a expliqué Pierre Hanauer. Enfin, la plateforme met à disposition un outil de covoiturage.
57 structures utilisent actuellement Optimix, un chiffre qui devrait grimper à 64 en 2018. L’Eurométropole prévoit d’ailleurs d’améliorer et d’ajouter des fonctionnalités pour rendre la plateforme incontournable. » Reste à régler quelques questions fiscales : « Par exemple, un utilisateur d’une plateforme de covoiturage ne pourra plus déclarer autant de frais réels, c’est un petit frein, a pointé Pierre Hanauer. De même, les indemnités kilométriques vélo sont aujourd’hui plafonnées et mériteraient sans doute une petite augmentation. »
Des solutions aussi en milieu rural
Arnaud Boudou, directeur général adjoint du parc naturel régional des Causses, a également témoigné. Sur ce territoire montagneux qui regroupe 93 communes et 70 000 habitants, dans le sud de l’Aveyron, près du viaduc de Millau, les problématiques de mobilité sont très différentes.
« 43 % de la consommation énergétique totale est consacrée à la mobilité, a informé Arnaud Boudou. 89 % des ménages sont équipés d’au moins une voiture, et un très fort taux de deux véhicules. Et 50 % des actifs travaillent en dehors de leur commune de résidence, avec une moyenne de 18 km parcourus pour se rendre sur leur lieu de travail. » Si bien qu’à certains endroits, « plus de 20 % de la population dépense plus de 40 % de ses revenus juste pour ses déplacements », a détaillé Arnaud Boudou.
Pour y remédier, le parc a lancé plusieurs initiatives, comme la matérialisation d’aires de covoiturage en 2008, des journées de formation à l’écoconduite dans les entreprises et administrations du territoire, ou encore le déploiement d’un système d’autostop automatisé avec Rézo’pouce qui compte aujourd’hui 36 communes, 150 arrêts et 265 inscrits.

Entre accompagnement et exemplarité
Le parc a aussi organisé des commandes groupées de VAE : une trentaine de vélos électriques ont ainsi été acquis par des collectivités pour équiper leurs agents en remplacement de véhicules. Enfin, le territoire prévoit d’organiser l’offre de déplacement collectif sur l’axe Millau Saint-Affrique avec un billet unique ; et va mettre en place un plan de déplacement interentreprises en milieu rural, certainement basé sur le covoiturage.
« Pour être exemplaire, nous avons passé toute notre flotte de VP en hybride (7 véhicules), et développé la visioconférence et le télétravail, a indiqué Arnaud Boudou. Nous accompagnons les partenaires qui veulent s’y mettre. » Le parc a désormais pour projet de mettre en autopartage une partie des véhicules de sa flotte, en adaptant le système de VE partagés Citiz au milieu rural. « Nous avons commencé par mettre à disposition une voiture en centre-ville de Millau, et des sociétés privées nous ont déjà fait savoir qu’elles étaient prêtes à mettre des voitures de leur flotte en autopartage », s’est félicité Arnaud Boudou.