
Le délai de publication du rapport sur l’assurance des flottes en 2019 a créé, avec la crise sanitaire de 2020, un vide dans l’information sur les statistiques. Et la Fédération française des assureurs est restée muette sur ce sujet jusqu’en octobre 2020. Mais en signalant que la tendance relativement haussière se maintenait, le rapport 2019 des sinistres aux cotisations demeurant à 86 % depuis deux ans (voir ci-dessous).
Résultats des flottes automobiles | ||||||
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2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
Rapport sinistres/cotisations | 73 % | 79 % | 81 % | 85 % | 86 % | 86 % |
Encaissements (milliards d’euros) | 1,927 | 1,974 | 2,023 | 2,08 | 2,186 | 2,302 |
Crise sanitaire...
Le délai de publication du rapport sur l’assurance des flottes en 2019 a créé, avec la crise sanitaire de 2020, un vide dans l’information sur les statistiques. Et la Fédération française des assureurs est restée muette sur ce sujet jusqu’en octobre 2020. Mais en signalant que la tendance relativement haussière se maintenait, le rapport 2019 des sinistres aux cotisations demeurant à 86 % depuis deux ans (voir ci-dessous).
Résultats des flottes automobiles | ||||||
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2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
Rapport sinistres/cotisations | 73 % | 79 % | 81 % | 85 % | 86 % | 86 % |
Encaissements (milliards d’euros) | 1,927 | 1,974 | 2,023 | 2,08 | 2,186 | 2,302 |
Crise sanitaire et numérisation
Les professionnels de l’assurance ont été, comme tous les salariés, contraints de s’adapter au confinement. Pour la plupart, cela s’est concrétisé par du télétravail et de la formation à distance. Dans nombre d’entreprises, une part des trajets a été remplacée par des séances de visio-conférence. Pour cette année, la détermination des conditions de renouvellement des contrats flottes fera aussi probablement intervenir de la téléconférence et les offres aux entreprises devraient souvent être présentées à distance avec un diaporama.
Parc automobile 2019 | ||
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Parc national | 50 453 | 1,20 % |
Flottes | 4 374 | 0,60 % |
Étude 2019 FFA, octobre2020, en milliers de véhicules |
Autre conséquence parallèle : le marché de l’assurance a poursuivi, avec motivation, l’introduction du « digital » dans ses fonctionnements. Ce phénomène récent ne manquera pas de toucher l’assurance des flottes. Des « assurtechs », soit une centaine d’entreprises en France, se créent ainsi à l’ombre des assureurs pour apporter des services aux assurés, notamment dans le domaine de la gestion des sinistres automobiles, la communication au moyen de plates-formes, le traitement de données, etc.
Du mouvement sur le marché
Les assureurs automobiles s’investissent aussi dans l’électrique et l’hydrogène, l’État insistant auprès d’eux pour que la tarification soit incitative à l’instar de la fiscalité. Ce qui concerne même les trottinettes qui ne peuvent être qu’une niche pour les assureurs auto. Allianz a par exemple déclaré s’intéresser à la couverture des engins de déplacement personnel avec le loueur de trottinettes et de vélos électriques de l’américain Lime.
Évolution du forfait IRSA (pour 100 % de responsabilité) | ||
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2016 | 1 354 € | + 3,52 % |
2017 | 1 420 € | + 4,87 % |
2018 | 1 446 € | + 1,83 % |
2019 | 1 482 € | + 2,50 % |
2020 | 1 568 € | + 5,80 % |
Les sommes forfaitaires de la convention IRSA (Indemnisation et recours entre sociétés d’assurance automobile) sont utilisées uniquement pour les recours entre assureurs. Les dommages réellement subis sont verses en fonction du rapport de l’expert. |
En fragilisant des compagnies, la crise sanitaire va aussi rebattre les cartes des assureurs, certains pouvant éprouver des difficultés financières. Les bancassureurs, très présents dans l’assurance des particuliers, moins dans celle des flottes, bénéficieront assurément d’un avantage. Les promesses de modération tarifaire faites durant le confinement vont être difficiles à tenir et les organisations de consommateurs ont déjà saisi les politiques pour qu’ils obtiennent des assureurs des conditions tarifaires modérées, ce que font certains sans se faire prier, comptant sur cette redistribution des cartes.
Reste une intensification de l’usage de la loi Hamon sur la résiliation hors échéance qui constitue la réponse aux compagnies maintenant leur projet de majoration tarifaire. Mais à chacun ses armes, les assureurs ont la résiliation pour sinistre.
Évolution des tarifs
En dépit du confinement, il est prévu que les tarifs d’assurance automobile progressent en 2021 de 1,5 à 2 % en moyenne (source : Addactis) du fait de la tendance haussière des sinistres observée en 2019. En 2021, la croissance des ventes de voitures propres plus coûteuses à réparer devrait aussi avoir un effet sur le montant des cotisations d’assurance.
Durant les confinements, le roulage a été limité et les particuliers, soutenus par des organismes de consommation, ont donc obtenu des ristournes pour tenir compte de la moindre utilisation de leur voiture. Les flottes ont moins sollicité ce type de geste mais il y a eu quelques exemptions de cotisation à des échéances trimestrielles. Les responsables de parc, qui ont eu la prudence de négocier avec leurs loueurs des contrats à loyers flexibles, ont pu adapter leur loyer au roulage réellement effectué. Dans les entreprises où la fonction « assurance » est proche de celle de la gestion de parc, il a ainsi pu être possible d’adapter la cotisation perçue au roulage effectif.
En tout état de cause, la cotisation d’une flotte en 2021 devra prendre en compte la sinistralité enregistrée en 2020. Mais l’assureur prendra aussi en considération la charge des sinistres sur la période 2018-2019. Les actuaires détermineront assurément des coefficients pour la prise en considération de l’aspect atypique de 2020 et sa répercussion sur 2021.
Pour l’assurance « missions » souscrite par l’entreprise pour garantir les trajets professionnels des collaborateurs au moyen de leur véhicule personnel, la tarification repose sur le kilométrage défrayé ; il est probable que la cotisation a dû être réduite par un roulage déclaré en recul comparé à l’année précédente. Toutefois, la garantie de certains assureurs peut fixer un maximum de réduction lorsque le roulage déclaré est bas.
Fréquence et coût moyen des sinistres flottes en 2019 | ||||
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Nature du sinistre | Fréquence | Évolution 2019/2018 | Coût moyen 2019 | Évolution 2019/2018 |
Corporel | 5,2 ‰ | – 2,50 % | – | – |
Matériel | 78,3 ‰ | – 6,5 % | 1 210 € | 4,20 % |
Vol | 4,1 ‰ | + 1,7 % | 4 915 € | 2,50 % |
Bris de glace | 70,6 ‰ | – 8,80 % | 550 € | 8,00 % |
Dommages tous accidents | 66,9 ‰ | – 2,90 % | 2 205 € | 6 % |
Étude 2019 FFA, octobre 2020 |
Le fichier des véhicules assurés
Durant la période de confinement, les assureurs sont restés tenus d’alimenter le fichier des véhicules assurés. Ce FVA, confronté à celui des immatriculations (SIV), permet de contrôler les véhicules faisant l’objet d’une interpellation par la police. Dans ce contexte, les forces de l’ordre ont été invitées à admettre la validité de cartes vertes établies par les assurés à partir du site de l’assureur sur du papier blanc. Le certificat d’assurance, lors du contrôle du véhicule en stationnement, était donc remplacé par une copie du tirage de la carte verte apposée à droite derrière le pare-brise. Cette expérience satisfaisante pourra sans doute être renouvelée si besoin.
Un mariage dans l’expertise automobile
On ne s’y attendait pas. La crise sanitaire a déclenché le rapprochement de BCA Expertise (1 400 salariés), dont le capital est détenu à 100 % par des assureurs, et de l’ANEA (Alliance nationale des experts automobiles) qui représente l’expertise libérale. Le secteur de l’expertise a enregistré une perte de chiffre d’affaires de 195 millions d’euros. La profession travaille en grande partie sur les accidents de circulation mais se diversifie dans l’expertise des pannes mécaniques des garnisseurs et dans les missions d’assistance aux particuliers.
En outre, la sinistralité diminuant de 2 % environ par année, le champ d’activité se restreint, d’autant plus que le secteur de l’expertise commence à être le « terrain de jeu » des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle employées par des assurtechs ou directement par des assureurs. Des photos prises après sinistre au smartphone par l’assuré ou le réparateur permettent de réaliser une évaluation complète. Une start-up qui a déjà expérimenté le modèle à l’étranger se donne ainsi deux ans pour capter le marché.
La communication entre les assureurs et les experts existe depuis longtemps. Mais à l’ère numérique, les compagnies s’interrogent sur la nécessité d’investir et envisagent la sous-traitance avec deux objectifs : gagner du temps et diminuer les coûts de gestion. Cette technologie modifiera probablement la façon de gérer un sinistre mais on peut s’interroger sur sa capacité à signaler la dangerosité d’un véhicule accidenté.