Un marché dynamique
Avec un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros, au niveau de celui de l’incendie industriel, l’assurance flottes se montre plus ouverte et diversifiée en 2018 qu’auparavant, malgré des résultats techniques médiocres. Mais les opérateurs souhaitent parier sur une amélioration et sont tentés par la manne financière qu’apporte ce marché à leurs placements. Et leurs moyens informatiques leur offrent une meilleure visibilité sur la statistique.
Les dix premiers assureurs flottes en 2015 | |
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1 Axa | 31,7 % |
2 Covea | 18,0 % |
3 Groupama/Gan | 15,5 % |
4 Allianz | 8,6 % |
5 SMACL | 4,9 % |
6 SMABTP | 4,7 % |
7 Generali | 4,3 % |
8... |
Un marché dynamique
Avec un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards d’euros, au niveau de celui de l’incendie industriel, l’assurance flottes se montre plus ouverte et diversifiée en 2018 qu’auparavant, malgré des résultats techniques médiocres. Mais les opérateurs souhaitent parier sur une amélioration et sont tentés par la manne financière qu’apporte ce marché à leurs placements. Et leurs moyens informatiques leur offrent une meilleure visibilité sur la statistique.
Les dix premiers assureurs flottes en 2015 | |
---|---|
1 Axa | 31,7 % |
2 Covea | 18,0 % |
3 Groupama/Gan | 15,5 % |
4 Allianz | 8,6 % |
5 SMACL | 4,9 % |
6 SMABTP | 4,7 % |
7 Generali | 4,3 % |
8 Aviva | 3,3 % |
9 Swiss Life | 2,0 % |
10 Areas | 1,6 % |
Total | 94,6 % du marché |
Source FFA/ACPR |
L’entreprise à la recherche du placement de sa flotte peut s’adresser aux courtiers, aux agents des compagnies (pour les parcs petits et moyens), aux bancassureurs qui expérimentent ce marché, aux mutuelles qui opèrent en direct ou aux loueurs de longue durée, qui disposent d’une société de courtage, voire d’un assureur, et visent à compléter leurs services par l’assurance.
Les garanties évolueront peu, celles existantes ayant fait la preuve de leur adéquation aux besoins. Mais les assureurs devront, pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, adapter l’assurance « vol » aux « vols à la souris » (vols par effraction électronique) qui se multiplient de façon inquiétante.
En revanche, les services vont connaître un développement (source : Note de conjoncture 2017 – Gras Savoye) en s’appuyant si besoin sur l’assistance : géolocalisation et détection du réparateur sur smartphone, prise en charge du véhicule accidenté et retour, véhicule de remplacement, diagnostic instantané de la conduite, suivi de la prévention, diagnostic glace, etc.
Ce qui caractérise cette ouverture
L’année 2016 s’était caractérisée par une majoration des tarifs justifiée par l’inflation des coûts de réparation touchant principalement les pièces, et par la stagnation des fréquences des accidents – les assureurs voulant redresser leurs résultats (source : Note de conjoncture 2016 – Gras Savoye).
Augmentation du coût des pièces détachées | |
---|---|
2014 | + 1,0 % |
2015 | + 3,4 % |
2016 | + 4,2 % |
2017 (T1) | + 5,8 % |
Progression du coût de la réparation au T1 2017 | + 3,9 % |
Source SRA, octobre 2017 |
Au sortir de cette période d’ajustement, les assureurs manifestent majoritairement une volonté de développer leur portefeuille « flottes », ce qui engendre un effet concurrentiel évident. Mais il convient de ne pas l’exagérer car la recherche de l’équilibre financier des résultats reste un objectif.
Répartition du coût de la réparation automobile (T1 2017) | |
---|---|
• Pièces | 50 % |
• Main-d’œuvre | 39,4 % |
• Peinture | 10,6 % |
Source SRA, octobre 2017 |
Depuis le 1er janvier 2018, il s’agit du montant du forfait de la convention IRSA pour les accidents matériels n’excédant pas 6 500 euros HT.
La fréquence des accidents est en légère baisse mais l’inflation des coûts persiste, que l’on considère celle des dossiers corporels ou celle des réparations automobiles. En 2017, cette inflation a eu pour conséquence la majoration de près de 5 % du recours forfaitaire que se font les assureurs sur les dommages matériels de moins de 6 500 euros HT, passé de 1 354 à 1 420 euros. À noter que le montant de ce recours forfaitaire est passé à 1 446 euros depuis le 1er janvier 2018 (voir notre brève).
La nouvelle appétence des assureurs pour le marché des flottes ne doit toutefois pas conduire à un dumping qui, à court terme, dégraderait leurs résultats et les amènerait à majorer leurs prix qui participent à raison de 10 à 15 % du TCO du parc automobile des entreprises.
On avait craint que le retrait d’agrément de la Mutuelle des Transports Assurance (MTA) en 2016 cause un déficit d’offre pour les risques sensibles tels que les taxis, la location courte durée et les transports publics de personnes. Mais l’on constate que ces catégories, malaimées des assureurs, trouvent toujours à se placer sur un marché devenu étroit, quoique à des conditions jugées onéreuses.
Fréquence des sinistres flottes en 2015 | |
---|---|
• Responsabilité corporels | 5,8 ‰ |
• Responsabilité matériels | 95,3 ‰ |
• Vol | 4,8 ‰ |
• Bris de glace | 86,5 ‰ |
• Dommages accidentels | 68 ‰ |
Source : étude FFA juillet 2016 |
Évolution du forfait IRSA | |
---|---|
2014 | 1 276 euros (+ 2,7 %) |
2015 | 1 308 euros (+ 2,5 %) |
2016 | 1 354 euros (+ 3,5 %) |
2017 | 1 420 euros (+ 4,9 %) |
2018 | 1 446 euros (+ 1,8 %) |
Deux marchés phares : grands comptes…
Deux marchés sont spécifiquement visés par les assureurs : les entreprises importantes et les nouvelles mobilités. Le premier constitue le champ de bataille privilégié du grand courtage, à la recherche d’affaires significatives et apporteuses de chiffre d’affaires substantielles – parallèlement à une ouverture sur d’autres branches d’assurance.
Cependant, à ce niveau, le client complet reste rare : les responsables assurance des groupes veillent à « ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier » afin de disposer d’une vue complète de l’offre de garanties et de pouvoir faire jouer la concurrence. Vient se greffer sur cette situation l’« effet Monopoly » qui consiste, pour les courtiers, à privilégier la recherche d’affaires jouissant d’une grande notoriété, gages de leur pérennité et de leur développement.
… et nouvelles mobilités
Bien que l’assurance des flottes repose sur les statistiques, ce n’est plus un secteur qui se borne « à regarder l’avenir dans un rétroviseur ». Les opérateurs s’intéressent à des risques nouveaux, dépourvus d’antécédents, que l’on réunit sous l’appellation de « nouvelles mobilités » : covoiturage, autopartage, Autolib’, VTC, transports multimodaux, propulsions nouvelles (électrique, hydrogène, gaz), nouveaux véhicules (bicyclettes à assistance électrique, gyropodes, voitures connectées ou autonomes).
Ces nouveautés sortent l’assurance automobile de la catégorisation qui l’organisait jusqu’ici et apportent une zone de flou à la frontière tracée entre l’entreprise et le particulier. Pour chaque assureur, le défi reste de se positionner sur ces segments afin d’acquérir une expérience en se créant des statistiques et en déterminant des paramètres sur lesquels asseoir les analyses de risques et les tarifications. Auparavant rebutant pour le souscripteur de compagnie, l’inconnu devient une occasion de s’instruire en s’intéressant à un nouveau business.
Le véhicule électrique fait des étincelles
Écologie oblige, les voitures électriques et surtout hybrides se poussent peu à peu sur le devant de la scène. Reste que l’autonomie des batteries, leur temps de recharge, l’insuffisance du nombre des points de charge et l’absence d’un standard unique les régissant confinent ces véhicules, souvent acquis par les collectivités locales, dans des espaces urbains bien délimités. Mais la pression des pouvoirs publics en Europe et la stratégie des constructeurs conduisent à prédire une plus grande diffusion de ces modèles, surtout en version hybride, dans un proche avenir.
Après avoir été réticents à couvrir les batteries pour les valeurs demandées par les constructeurs ou les loueurs, la majorité des assureurs se sont alignés, d’autant que ces batteries ne sont exposées à une perte totale qu’en cas d’accident grave.
Le véhicule autonome : en avant pour le futur…
Nous pensons qu’il faudra attendre la troisième décennie de ce siècle pour voir les véhicules autonomes envahir routes et autoroutes. Pour l’heure, ils en sont au stade des essais sur des voies ouvertes à la circulation publique (Ord. N° 2016-1057, 3 août 2016). Et même s’ils connaissent une grande diffusion, ils devront longtemps partager l’espace avec des véhicules traditionnels âgés en moyenne de dix ans.
Au moins au début, le prix de ces véhicules autonomes les positionnera hors des moyens des particuliers qui resteront fidèles à leurs « vieilles voitures ». Et en regardant plus loin dans le futur, il y aura toujours des personnes attachées à piloter leur voiture, à l’image des 200 000 conducteurs de véhicules de collection (Source Gralon), souvent propriétaires de plusieurs voitures.
Les véhicules autonomes amèneront sans doute plus de sécurité sur les routes mais la différence de comportement entre un conducteur humain et un ensemble électronique pilotant une voiture sera une cause d’accidents. Avant la généralisation du « tout autonome » circuleront (et circulent déjà) des véhicules équipés de moyens d’assistance électronique à la conduite gérant les distances de sécurité, l’adhérence à la chaussée, les sorties de stationnement, etc., mais tout en continuant de requérir un humain derrière le volant.
… mais avec prudence
Il faudra revoir les Codes de la route et de l’assurance : la notion de véhicule terrestre à moteur implique actuellement que le conducteur soit transporté. Lors d’un accident, il faudra établir si celui-ci est survenu du fait d’une personne (ayant repris la conduite, d’un automobiliste traditionnel ou d’un piéton) ou de la défaillance d’une fonctionnalité électronique dirigeant le véhicule autonome. Il y a un humain fautif dans le premier cas, la responsabilité repose sur le constructeur ou l’équipementier dans le second. La loi Badinter (5 juillet 1985), qui régit les accidents de circulation et va être prochainement modifiée au bénéfice des conducteurs fautifs, devra ainsi être profondément remaniée : elle décide de fait de la responsabilité en s’appuyant sur la faute de la victime et non sur celle du conducteur.
Attention aux « cyber risques »
On prédit, à notre avis un peu hâtivement, un fort recul des tarifs d’assurance automobile car l’amélioration de la sécurité mettra du temps à réduire de 90 % la fréquence des accidents de circulation. De plus, l’autonomie se paiera par une sensibilité accrue aux techniques d’appropriation frauduleuse des véhicules autonomes ; une garantie couvrant les « cyber risques » viendra compléter ou remplacer l’assurance vol. et l’incertitude de la cause des sinistres conduira à des contentieux entre les assureurs automobiles et ceux couvrant les constructeurs et équipementiers.
Enfin, l’autonomie ne suffira pas à résoudre les problèmes découlant du mauvais état des chaussées, de l’absence ou du défaut de pertinence de la signalisation, ce qui conduira à présenter des recours devant les juridictions administratives comme cela intervient maintenant. Probablement, le personnel spécialisé dans la gestion des sinistres sera maintenu au moins partiellement pour régler les indemnisations et une convention entre les divers assureurs viendra résoudre les litiges qui naîtront des recours. La sécurité de la conduite autonome étendra le besoin d’assurance en dehors de la sphère automobile en créant des emplois qualifiés à rémunérer en tenant compte de leur complexité.
L’assurance ne sera pas l’unique secteur concerné par ce bouleversement : les réparateurs, les experts, les juristes, les taxis et VTC seront touchés par la « révolution de la mobilité » qui se prépare.
L’auto-assurance pour la maîtrise tarifaire
La réunion des parcs dans des groupes importants, lors de fusions ou d’absorptions, a renforcé les capacités d’autofinancement des risques par les entreprises qui font maintenant fréquemment appel à l’auto-assurance. Plusieurs voies s’offrent à elles, même concurremment :
- elles acceptent des franchises d’un montant plus élevé, ce qui tend à diminuer corrélativement la tarification et donc l’assiette des taxes qui pèsent sur les primes ;
- elles font l’impasse sur certaines garanties et restent leur propre assureur sur la totalité d’un risque (exemples : bris de glaces, contenu des véhicules) ;
- elles demandent à leurs courtiers de réaliser un montage avec « conservation » qui repose sur le principe de l’auto-assurance, en permettant aux entreprises de préfinancer la part irréductible de leurs sinistres grâce à un dépôt effectué chez l’assureur. Avec pour conséquence de tirer vers le bas le montant de la prime et donc celui des taxes d’assurance.
Montages avec conservation
- 10 % des contrats flottes
- 35 % des véhicules en flottes
Source : FFA rapport 2015
La prévention pour la maîtrise tarifaire
Partant du constat que les assureurs déterminent les tarifications d’une année sur le coût des sinistres qu’ils enregistrent durant les périodes d’assurance précédentes, les entreprises misent sur la prévention des accidents et l’éco-conduite. Elles y sont incitées par les mesures gouvernementales qui durcissent les sanctions en cas de conduite dangereuse et d’excès de vitesse.
Repères
La mesure de la fréquence des accidents : 2 ratios
Exemple : flotte de 200 véhicules effectuant 7 000 000 km par an et enregistrant 35 accidents
- Nombre de kilomètres entre deux accidents : 7 000 000/35 = 1 accident tous les 200 000 km
- Nombre d’accidents par 100 000 km : 35/70 = 0,5 accident par 100 000 km
Dans ce cadre, un plan de prévention bien mené est susceptible de réduire notablement la fréquence des accidents et avec pour corollaire un traitement favorable par l’assureur. Si la modération tarifaire n’est pas à la hauteur des attentes, l’entreprise peut solliciter le marché devenu plus ouvert en faisant valoir ses efforts de prévention et la tendance baissière de sa fréquence de sinistres.
À lire également : Fichier des véhicules assurés : les flottes sont concernées