
Auto-partage et électrique : deux concepts qui se marient bien. Ce mode de déplacement fait en effet tomber les deux principales barrières à l’usage des véhicules électriques, à savoir l’autonomie et le prix. « Pourtant, historiquement, à la naissance de l’auto-partage, l’électrique était encore peu présent. Mais, la tendance s’affirme », constate Benoît Chatelier pour Carbox, société active dans les services d’auto-partage b to b.
Des véhicules électriques souvent destinés à des trajets « prédictifs » de courte distance, comme les parcours dits de premier et dernier kilomètre, mais aussi à des déplacements reliant les différents sites d’une...
Auto-partage et électrique : deux concepts qui se marient bien. Ce mode de déplacement fait en effet tomber les deux principales barrières à l’usage des véhicules électriques, à savoir l’autonomie et le prix. « Pourtant, historiquement, à la naissance de l’auto-partage, l’électrique était encore peu présent. Mais, la tendance s’affirme », constate Benoît Chatelier pour Carbox, société active dans les services d’auto-partage b to b.
Des véhicules électriques souvent destinés à des trajets « prédictifs » de courte distance, comme les parcours dits de premier et dernier kilomètre, mais aussi à des déplacements reliant les différents sites d’une société. « L’électrique est particulièrement adapté à l’auto-partage. Il s’agit de deux concepts extrêmement liés, je dirais même que l’un ne va pas sans l’autre », argument Georges Gallais, président de VU Log, spécialiste des solutions de mobilité urbaine.
L’électrique en concurrence avec le thermique
Construire un système d’auto-partage, thermique ou électrique, engendre des coûts liés à une gestion complexe en termes d’entretien, mais aussi à la mise à disposition des véhicules et du système de réservation. Et ce sans compter la location ou l’achat des modèles électriques, avec un surcoût par rapport aux équivalents thermiques.
Un surcoût qui tendrait cependant à s’estomper : « En 24 mois, certains modèles électriques, dont les utilitaires, deviennent aussi rentables que leur version thermique. Grâce aux stratégies des constructeurs et des loueurs, les TCO se rapprochent. L’offre électrique est plus importante, les véhicules plus accessibles », souligne Patrick Mignucci de B.E. Green, prestataire de services de transport collectif écologique.
Le surcoût de ces modèles électriques serait d’ailleurs rapidement amorti lorsque ces derniers sont intégrés dans un système d’auto-partage : « Ce mode de déplacement accroît le taux d’utilisation des véhicules de service. Et plus un véhicule électrique est employé, plus il devient rentable économiquement », avance Georges Gallais.
Outre un amortissement plus rapide, l’électrique ne consomme pas de carburant et ne génère que de faibles coûts d’entretien et de maintenance : de fait, il ne nécessite pas de vidange d’huile et ne possède pas de boîte de vitesses ni d’embrayage. « Au final, l’investissement dans un système d’auto-partage électrique suppose toutefois un coût 10 % plus élevé qu’un système de taille équivalente en thermique », note Benoît Chatelier.
L’auto-partage pour réduire la flotte
De son côté, Bouygues Télécom tire un bilan positif de son service d’auto-partage électrique. Depuis un an et demi, l’opérateur propose à ses salariés 22 Citroën C-Zéro en auto-partage, au sein d’une flotte de 900 véhicules. Concrètement, ces C-Zéro ont représenté plus de 35 000 heures d’utilisation et 6 298 réservations pour 2012. « Chacun des 22 véhicules en location nous coûte 900 euros par mois, avance Jeanine Le Sourne. Un investissement compensé par la baisse de la cadence des navettes sur les deux sites de la région parisienne, mais aussi par la suppression d’une dizaine de véhicules de service », détaille la responsable du parc de l’opérateur télécoms.
Le constat est semblable chez Atos. La SSII a instauré un système d’auto-partage électrique baptisé MyCar. Utilisables gratuitement par les salariés, les dix Bluecar limitent le poids des indemnités kilométriques. « Nos commerciaux employaient auparavant leur véhicule personnel pour les déplacements professionnels. Avec MyCar, ils peuvent désormais conduire les Bluecar et bénéficier du dispositif Autolib en région parisienne, notamment des bornes de recharge et du service client. Et quand on compare les prix d’un kilomètre parcouru en essence ou en électrique, l’équation économique est sans appel », affirme Sophie Chambon, responsable du développement durable chez Atos.
Couplé avec des modes de transports multimodaux, l’auto-partage se pose aussi en levier important d’économies en restreignant le budget « hors flotte (LCD, taxis, etc.) », comme le résume Benoît Chatelier pour Carbox : « Le kilomètre parcouru en taxi revient à environ 2,5 euros. Avec un véhicule électrique en auto-partage, ce coût s’établit à 0,65 euro. »
Pour les sociétés utilisatrices, l’auto-partage électrique se veut aussi un moyen de s’ériger en entreprise socialement responsable. « Ce mode de déplacement rend visible l’engagement dans le développement durable », confirme Benoît Chatelier. « Sur ce sujet, l’image est très forte et les entreprises en tiennent toujours plus compte dans leur communication », complète Georges Gallais, de VU Log
« L’auto-partage est un bon moyen de proposer un nouveau mode de transport à 0 % de CO2, et alternatif au diesel omniprésent dans les flottes professionnelles. Avec un système d’auto-partage, on arrive à une meilleure efficacité énergétique globale. Un constat d’autant plus vrai quand il se conjugue avec l’électrique », synthétise Patrick Mignucci, de B.E. Green.
Microsoft a démarré il y a deux ans un service de deux navettes électriques géré par B.E Green. Aujourd’hui mutualisées avec le laboratoire pharmaceutique Lundbeck et France Télévisions sur son site d’Issy-les-Moulineaux (92), ces navettes évitent le rejet de près de 24 tonnes de CO2 par an. Avec la récente arrivée de Safran dans ce service mutualisé et d’une troisième navette, ce gain s’élèvera à 36 tonnes en 2013. Ainsi, l’équation est simple : chaque navette évite le rejet de 12 tonnes de CO2 par an.
Autre exemple récent, Michelin a créé à Clermont-Ferrand son service d’auto-partage composé de 17 Citroën C-Zéro et Peugeot iOn pour un nombre d’utilisateurs potentiels estimé à 4 000, avec environ 150 000 km parcourus sur une année. Avec ce système, l’entreprise anticipe un recul de 20 tonnes de ses émissions de CO2 sur un an, mais aussi des gains financiers. Pour Jeanine Le Sourne, le constat est semblable chez Bouygues Télécom : « Chacun des dix véhicules supprimés grâce à l’auto-partage rejetait 122 g/km de CO2. Ce sont autant d’émissions évitées. »
Une adhésion presque assurée des salariés
Autre élément positif avec l’auto-partage électrique, l’adhésion rapide des utilisateurs. « Une fois surmontées les première réticences, liées à l’absence de pratique d’un véhicule électrique, ce dispositif a tout de suite séduit. Nous avons à ce jour un fort taux de fidélisation : 92 % des inscrits sont des utilisateurs actifs du service », rappelle Sophie Chambon, pour Atos.
Ce qui a séduit les salariés de Bouygues Télécom, selon Jeanine Le Sourne : la flexibilité des horaires, avec un système bien plus pratique que les navettes qui passaient avant à heures fixes, mais aussi la facilité d’utilisation. La réservation s’effectue sur un site internet dédié. Le collaborateur déverrouille le véhicule au moyen de son badge professionnel. « Une fois passée l’appréhension de la première utilisation, les collaborateurs ont tous été conquis par ces véhicules souples et silencieux », se souvient la responsable du parc. Maintenant, le système compte plus de 1 200 usagers.
Si, pendant longtemps, le véhicule de fonction s’est posé comme un véritable objet statutaire, la donne serait en train de changer. Ce véhicule est dorénavant de plus en plus considéré comme un objet utilitaire, qui sert au déplacement d’un point A au point B et qui ne doit plus nécessairement être attribué à un salarié. Et l’auto-partage en entreprise peut aussi se révéler une alternative économique intéressante pour les salariés sans véhicule de fonction ou qui n’ont pas les moyens de s’acheter ou de louer un véhicule. De nombreuses entreprises permettent d’ailleurs à leurs salariés, contre rémunération, de recourir aux véhicules en auto-partage pour leurs trajets personnels les soirs et les week-ends. « Avec un usage personnel facturé, le coût du service est amorti plus rapidement », conclut Jeanine Le Sourne.
Auto-partage : les entreprises sur la voie de l’électrique
- Auto-partage : les entreprises sur la voie de l’électrique
- L’auto-partage public au service des entreprises
- Safran se met aux navettes électriques mutualisées
- Sodetrel, l’auto-partage électrique par EDF