
L’autopartage serait une pratique en développement dans les entreprises, ce que suggère le baromètre annuel d’Arval sur la mobilité. Selon cette étude, 42 % des entreprises faisaient appel à l’autopartage en 2021, un résultat en progression de 18 points par rapport à l’année précédente. Et toujours d’après ce baromètre, 63 % des entreprises souhaitaient intégrer cette pratique dans leur gestion de parc en 2021.
Cette tendance apparaît dans les statistiques mais elle se ressentirait aussi sur le terrain : « Cela ne s’est pas encore traduit dans les chiffres mais nous notons...
L’autopartage serait une pratique en développement dans les entreprises, ce que suggère le baromètre annuel d’Arval sur la mobilité. Selon cette étude, 42 % des entreprises faisaient appel à l’autopartage en 2021, un résultat en progression de 18 points par rapport à l’année précédente. Et toujours d’après ce baromètre, 63 % des entreprises souhaitaient intégrer cette pratique dans leur gestion de parc en 2021.
Cette tendance apparaît dans les statistiques mais elle se ressentirait aussi sur le terrain : « Cela ne s’est pas encore traduit dans les chiffres mais nous notons une hausse de la demande d’autopartage », assure Jean-Baptiste Schmider, P-DG du réseau Citiz qui propose des voitures en libre accès dans 170 villes de France, avec des abonnements spécifiques pour les entreprises.
Un contexte porteur
De fait, entre les contraintes environnementales liées à loi d’orientation des mobilités (LOM), à la mise en place des ZFE-m (zones à faibles émissions-mobilité) et à la flambée des prix du carburant, toutes les conditions semblent réunies pour pousser entreprises et collectivités à s’orienter vers l’autopartage : qu’elles choisissent d’organiser leur propre flotte en pool et-ou qu’elles d’orientent leurs salariés vers des voitures mises à disposition par des opérateurs privés dans l’espace public.
Lama Architectes a fait le choix de cette seconde option. Cette agence d’architecture localisée à Strasbourg a donc récemment supprimé sa voiture partagée et l’a remplacée par les véhicules en libre accès du prestataire Citiz. « Nous n’avons que des usages très ponctuels de la voiture. Pour certains chantiers, nous l’utilisons si le train nous fait perdre trop de temps, avec trop de correspondances, ou encore quand la destination n’est pas desservie. Avec les voitures de Citiz, nous pouvons aller jusque dans le Grand Est. En général, les chantiers de l’agence se situent autour de l’agglomération strasbourgeoise, dans les Bas-Rhin et Haut-Rhin et dans tout le Grand Est jusqu’à Nancy », détaille Valérie Almeras, architecte associée et cogérante de cette agence.
Un choix à peser
Avec cette nuance apportée par Valérie Almeras : « La location d’un véhicule en autopartage n’est toutefois pas rentable pour se rendre une journée entière sur un chantier. Le recours à la voiture personnelle est alors plus intéressant. » Dans ce cas, Lama Architectes rembourse les trajets en indemnités kilométriques. Autre solution : coupler le train à la location des voitures Citiz. « Pour aller à Amnéville (57) où nous avons un projet à l’étude, nous prenons le train jusqu’à Metz et empruntons ensuite une voiture Citiz. Ainsi, les membres de l’agence ont maintenant le réflexe, avant leurs déplacements, de regarder quelle est la gare la plus proche et si une station Citiz y est implantée », poursuit cette responsable (voir le témoignage ci-contre).
Autre entité récemment passée à l’autopartage, le groupement hospitalier Rance-Émeraude à Saint-Malo (35), à la tête de 120 véhicules dont 100 VP. Dans cette structure, l’autopartage est encore en phase de test pour succéder à un fonctionnement avec des pools de véhicules affectés à un service. « Nous l’essayons depuis deux ans avec six véhicules en partage global et une quarantaine d’utilisateurs », décrit Johann Sauvêtre, coordinateur logistique de ce groupement hospitalier, tout en soulignant que la crise sanitaire a ralenti le déploiement de la solution.
Une flotte mieux connue…
La mise en place de l’autopartage peut aussi découler de la volonté de mieux maîtriser sa gestion de flotte. « Afin de rationaliser le parc, nous voulions connaître les trajets parcourus par nos véhicules. Mais jusqu’ici, nous en avions une vision plutôt limitée », illustre Cédric Le Floch, responsable des achats du département du Calvados, à la tête d’environ 800 véhicules. Avec cette flotte en achat, ce suivi était jusqu’alors réalisé prioritairement par le garage interne qui exploite son propre logiciel pour planifier les maintenances des véhicules. « Et par le biais des cartes Total, nous avons une remontée d’informations sur les kilométrages », complète Cédric Le Floch. Ce responsable recueillait également les statistiques des réservations de véhicules effectuées à la journée auprès des différents services.
Mais la situation a changé depuis que le Calvados a retenu il y a peu OpenFleet pour son parc partagé. Quarante véhicules de service s’équipent déjà de l’outil de ce prestataire d’autopartage, avec l’objectif de 165 véhicules équipés d’ici la fin de l’année dans plusieurs sites, sur un total de 300 véhicules de service. « OpenFleet va nous permettre de mieux pointer les sites où la tension est forte pour la flotte et là où les véhicules sont le mieux utilisés. Car cette interface n’indique pas seulement quand l’ensemble du parc est réservé, elle nous donne aussi une connaissance du nombre de fois où l’agent a essayé de réserver un véhicule sans succès », explique Cédric Le Floch.
… et des dépenses maîtrisées
Et au-delà de la réduction de la taille de flotte par la suppression des véhicules les moins sollicités, l’autopartage peut aussi générer des gains économiques grâce à un meilleur suivi des révisions. « Avec les véhicules partagés, les remontées de données de l’ordinateur de bord nous aident à mieux programmer les maintenances », confirme Johann Sauvêtre pour le groupement hospitalier de Saint-Malo. Une remontée d’informations particulièrement pertinente pour les véhicules mis en partage sur plusieurs sites et jusqu’alors mal suivis. « Nous en avons une quinzaine et nous voulions bénéficier d’une meilleure visibilité sur ces véhicules, et sécuriser leur usage avec une maintenance programmée et assurée. Cela équivaut aussi à une meilleure une maîtrise des dépenses », expose Johann Sauvêtre.
Autre objectif visé avec l’autopartage : la volonté d’améliorer les performances environnementales de la flotte. Pour celle du groupement hospitalier de Saint-Malo, cette recherche d’optimisation à travers l’autopartage implique aussi les véhicules électriques. Avec la LOM, cette structure hospitalière a en effet été amenée à les multiplier et en compte une dizaine désormais dans son parc. Le bénéfice de l’autopartage sera là encore de donner une meilleure visibilité sur la nature des trajets et les kilométrages parcourus.
« Aujourd’hui, notre flotte comprend en électrique quelques Renault Zoé, des Nissan e-NV200, et nous avons aussi mis en partage des Peugeot e-208, un modèle qui possède une certaine autonomie mais qui représente un coût élevé. Avec une meilleure connaissance des déplacements effectués avec les véhicules électriques, nous voudrions mieux adapter les modèles, avec pour quelques-uns une autonomie moindre, comme celles de la Dacia Spring ou de la Citroën AMI », envisage Johann Sauvêtre pour ce groupement hospitalier. Sachant qu’avec les véhicules en autopartage, et plus spécifiquement les véhicules électriques, l’objectif reste d’en maximiser l’usage pour les rentabiliser.
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Johann Sauvêtre prévoit non seulement de faire entrer en parc différents modèles de véhicules électriques, mais aussi de se pencher sur l’intégration de modèles hybrides. Pour l’instant, la flotte de l’hôpital n’en compte que deux. « Ils pourront servir pour des trajets plus longs pour lesquels nous n’avons que des véhicules thermiques », projette ce responsable. Des véhicules qui contribueront aussi à améliorer le bilan carbone de la flotte, autre objectif de ce groupement hospitalier.
« Nous amorçons d’autres actions en lien avec notre direction du développement durable qui a déployé toute une démarche RSE (responsabilité sociétale et environnementale) dans l’hôpital, notamment pour revoir les modes de déplacement, indique Johann Sauvêtre. Le suivi des trajets avec le dispositif d’autopartage a ainsi conduit à constater que des véhicules ne sont employés que pour réaliser de très courts trajets dans Saint-Malo intra-muros. Partant de ce constat, notre idée est d’inciter à l’avenir les salariés à plutôt rouler en vélo électrique ou à prendre les transports en commun », préconise ce responsable. Des actions de sensibilisation ou de formation à l’éco-conduite sont aussi envisagées grâce au suivi des indicateurs de consommation de carburant.
De l’autopartage au covoiturage
Au sein du département du Calvados, l’autopartage s’insère dans un cadre plus large d’amélioration du bilan carbone des déplacements, envisagé dans le plan de mobilité porté par les ressources humaines de cette collectivité. « Ce plan de mobilité va du plan vélo à la décarbonation de la flotte et à sa rationalisation », précise Cédric Le Floch.
L’autopartage participera aussi à cette décarbonation en favorisant le covoiturage. « Avec l’outil d’OpenFleet, lors de la réservation d’un véhicule, l’agent peut spécifier s’il est ouvert au covoiturage. Un autre agent qui consulte le logiciel peut alors savoir où ce collègue va et combien de places sont libres dans la voiture », décrit Cédric Le Floch. Cette association du covoiturage à l’autopartage est envisagée à l’hôpital de Saint-Malo : « Nous allons la déployer dès la rentrée », annonce Johann Sauvêtre.
Sensibles à la volonté des collectivités ou des entreprises de renouveler l’approche de la mobilité des salariés et des agents, des prestataires comme Mobility Tech Green cherchent aussi à diversifier leurs offres. « Nous avons repensé le dispositif de covoiturage proposé avec l’autopartage pour une gestion plus intelligente et plus dynamique de la mise en relation des utilisateurs », illustre Alexandre Fournier, directeur marketing et communication de Mobility Tech Green. Cet opérateur d’autopartage réfléchit également à commercialiser des vélos de fonction, des vélos d’ailleurs employés pour compenser la diminution du nombre des véhicules en parc suite au déploiement de l’autopartage. Des fonctionnalités qui contribuent à accroître encore les bénéfices tirés de la mise en partage.