
Le baromètre 2022 du forfait mobilités durables a vu de nombreuses fées se pencher sur son berceau. On y trouve les deux initiateurs : le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires et l’ADEME. Puis le soutien de France Mobilités et le pilotage de l’opération par les sociétés de conseil Via ID et Ekodev.
Tout ce petit monde s’est réuni le 30 juin 2022 pour faire un point sur le forfait mobilités durables en entreprise. Bonne nouvelle pour la planète : il est en plein développement. C’est la première conclusion de cette étude menée auprès de 823 organisations sondées, dont 72 % appartiennent au secteur privé. Le FMD serait donc de plus en plus connu.
En effet, 78 % des entreprises interrogées en ont entendu parler contre 69 % en 2021. 38 % de ces dernières l’ont mis en place, soit 12 % de plus qu’en 2021. « Le FMD gagne en notoriété », résume Marty Brige-Legros, consultant en mobilité durable pour Ekodev. D’autant que le baromètre précise que les employeurs dont le siège social se situe en zone urbaine ont déployé leur FMD pour 48 % d’entre eux. Autre sujet de satisfaction : 26 % des entreprises qui connaissent le dispositif, mais ne l’ont pas mis en place, envisagent de le déployer avant fin 2022.
Déploiement du forfait mobilités durables, des motivations diverses
Côté qualitatif, le baromètre analyse aussi les motivations des employeurs qui ont déployé le FMD. 69 % des employeurs veulent inciter les salariés à utiliser les modes de transport alternatifs et à développer des pratiques respectueuses de l’environnement. 62 % veulent répondre aux attentes des salariés. 34% des employeurs souhaitent régler des questions comme le remplacement des indemnités kilométriques vélos. Enfin, 27 % le font pour donner suite aux négociations annuelles obligatoires (NAO) mises en place.
Marty Brige-Legros pointe, par ailleurs, les principales difficultés que rencontrent les entreprises en matière de FMD. Pour celles qui ont mis en place le dispositif, le principal écueil tient à la difficulté de collecter des preuves de déplacement. C’est le cas pour 15 % d’entre elles. 15 % également relèvent la méconnaissance du sujet. « Mais une grande minorité d’entre elles, 35 %, n’ont pas du tout rencontré de difficultés. Ce pourcentage s’affiche en hausse de 12 % par rapport à 2021 », se réjouit Marty Brige-Legros.
Les restrictions budgétaires brident le déploiement du FMD
D’autres écueils apparaissent pour les entreprises qui n’ont pas mis en place de forfait mobilités durables. Pour ces dernières, le principal écueil tient aux enveloppes budgétaires à allouer. C’est l’avis de 40 % des entreprises concernées. Vient ensuite la méconnaissance des dispositifs. Ainsi que la concurrence avec d’autres dispositifs déjà mis (location de vélos à assistance électrique, prêt de vélos, indemnités kilométriques offertes, etc.). En 2021, la principale réticence venait des directions. C’est beaucoup moins le cas en 2022 où cet argument arrive en quatrième position.
Le baromètre fait aussi le point sur les modes de déplacements éligibles au FMD. Ainsi, les employeurs privilégient à 96 % l’utilisation du vélo, le covoiturage et le transport en commun sans abonnement. De plus, 65 % des employeurs acceptent de cumuler le FMD et le remboursement des abonnements du transport en commun.
Tout cela explique l’augmentation du montant moyen du forfait mobilités durables. « Il est passé, depuis notre première édition de 2021, de 400 à 434 euros par an, indique Léa Degardin, directrice des affaires publiques et de développement durable de Via ID. Et les entreprises de moins de 250 salariés octroient un FMD plus élevé (427 euros) alors que celles de plus de 250 salariés n’offrent que 334 euros… ». Par ailleurs, une minorité d’entreprises (21 % en 2022 contre 4 % en 2021) atteignent le plafond actuel de 600 euros par an et par salarié.
Le FMD s’accompagne d’une plus grande confiance entre entreprises et salariés
Le FMD montre aussi un rapport de confiance qui s’installe dans les entreprises. 84 % d’entre elles ne demandent en effet qu’une attestation sur l’honneur du salarié comme preuve de déplacement décarboné. Pour l’administration des entreprises, le gouvernement propose aussi un formulaire d’attestation pour le covoiturage.
Tout se passe donc comme si employeurs et employés s’étaient accordés pour éviter de compliquer ce contrôle. Même si certaines entreprises exigent une facture ou une preuve par peur des abus. De même, le suivi du FMD est « léger ». Un tiers des entreprises n’en font aucun et 57 % contrôlent via une solution interne de type tableur.
FMD : à déploiement croissant, engouement incertain
L’étude démontre que la part des salariés qui s’emparent du FMD reste minoritaire. Ce nombre a tout de même nettement évolué. En 2021, de 5 à 15 % des collaborateurs seulement en avaient fait la demande. Mais un an après, ce pourcentage est passé à 25 %. « Pour développer l’appétence des salariés en matière de FMD, je préconise aux employeurs de développer le dialogue social », note Julie Gozlan, facilitateur France Mobilités et chef de projet nouvelles mobilités au ministère de la Transition écologique chargé des transports. « Mais aussi, de se persuader que le fait, pour les salariés, de venir au bureau en vélo améliore la qualité de la vie au travail avec une diminution des arrêts maladie. Il faudrait aussi que les entreprises se convainquent que pousser leurs salariés vers une mobilité durable est une bonne chose pour leur image de marque employeur », conclut-elle.