
Après de premiers résultats livrés en mars dernier, l’Arval Mobility Observatory a publié son 16e baromètre des flottes automobiles au complet. 5 600 gestionnaires de flotte issus de 22 pays et utilisant au moins un véhicule d’entreprise ont été interrogé en ligne du 10 janvier au 11 février 2020 par l’institut de sondage Kantar, soit avant la crise du covid-19.
En France, 312 entretiens ont été réalisés dont 154 auprès de PME (de 1 à 99 employés) et 158 auprès d’entreprise de 100 employés et plus, parmi lesquelles des sociétés du secteur du commerce (29 %), mais aussi des services (27 %), de l’industrie (26 %) et de la construction (18 %).
57 % des flottes ont moins de 10 véhicules
Le baromètre révèle que les flottes européennes comptent en moyenne 107 véhicules (VP et VUL confondus), contre 93 véhicules pour les flottes françaises. Ces dernières comptent majoritairement entre 1 et 10 véhicules – 57 % des flottes –, un pourcentage proche de la moyenne européenne (56 %). En parallèle, seuls 2 % des répondants français ont indiqué avoir un parc de 1 000 véhicules et 12 % de 100 à 99 véhicules.
Les flottes de véhicules particuliers sont moins répandues en France (77 %) qu’en Europe (88 %), « en particulier auprès des petites entreprises », précise l’observatoire. Inversement, les flottes d’utilitaires légers sont légèrement plus fréquentes dans l’Hexagone (79 %) qu’en Europe (76 %). Autre information : les répondants français ont en moyenne 55 VP et 38 VU en parc, contre respectivement 72 VP et 35 VUL en Europe.
Une durée de détention moyenne de 5 ans
En France comme en Europe, la durée de détention moyenne des véhicules est d’environ 5 ans. Ce chiffre grimpe à environ 6 ans pour les seuls VUL. Les entreprises de moins de 10 salariés ont également tendance à conserver plus longtemps leurs véhicules, jusqu’à 6 ans environ (7 ans pour les VUL). Les entreprises de 100 salariés et plus renouvellent plus fréquemment leurs véhicules, en particulier en France où la durée moyenne de détention est de 4,4 ans, contre 4,9 ans en Europe (respectivement 5,1 ans et 5,5 ans pour les seuls VUL).
Financement : la location privilégiée
La location reste le mode de financement principal en France avec 39 % d’entreprises ayant recours à la LLD et 23 % à la LOA, contre respectivement 29 % et 24 % en Europe. En outre, 50 % des répondants ont l’intention de faire davantage appel à la LLD d’ici trois ans. 26 % privilégient à l’inverse l’achat par l’entreprise et 13 % le crédit auto (39 % et 9 % en Europe). « Cette domination de la LLD au global cache des disparités marquées en fonction de la taille des entreprises : sa part passe de 14 % au sein des plus petites entreprises – qui privilégient l’achat comptant ou à crédit – à 71 % au sein des plus grandes », précise l’observatoire.
23 % des parcs en croissance
Au moment de l’enquête, 23 % des entreprises françaises interrogées anticipait une augmentation de la taille de leur flotte, soit un peu moins que la moyenne européenne (28 %). En cause : le développement de l’entreprise (57 %), le lancement d’une nouvelle activité nécessitant des voitures de société (31 %) ou encore le recours à la voiture de société pour recruter de nouveaux talents (42 %).
Au contraire, 9 % des sondés français prévoyaient une diminution de leur parc (8 % en Europe) ; principalement parce que moins d’employés auront accès aux voitures (50 %), que le nombre d’employés diminue (52 %) ou bien l’entreprise est en déclin (35 %). À noter que cette baisse est également liée à la responsabilité sociale de l’entreprise dans 20 % des cas ou bien à l’introduction de solutions de mobilité alternatives (16 %), mais aussi du fait de l’augmentation des taxes (15 %).
Mix énergétique : le diesel encore majoritaire dans 3 ans
Côté motorisations, les gestionnaires français estiment que le diesel ne représentera plus que 55 % dans le mix énergétique de leur flotte dans trois ans et l’essence 27 % (VP et VUL confondus). En effet, suite à l’entrée en vigueur du WLTP pour l’homologation, 55 % d’entre eux prévoient de faire évoluer le mix énergétique de leur politique automobile, afin de respecter le plafond de CO2 défini par leur entreprise (31 % en Europe).
Toutefois, 33 % comptent au contraire relever ce plafond, contre seulement 15 % en Europe. « De ce fait, le potentiel des énergies alternatives est plus limité en France qu’en Europe », note l’Arval Mobility Observatory. Seules 55 % des entreprises françaises ont déjà mis en place au moins une technologie alternative ou prévoient de le faire d’ici 3 ans, bien en dessous de la moyenne européenne (62 %). Pourtant, 30 % des flottes françaises y avaient déjà recours à la date de l’enquête, soit presque qu’autant que la moyenne européenne (34 %).
Seule exception : les entreprises françaises de 1 000 employés et plus. 68 % d’entre elles ont déjà au moins une technologie alternative en parc et ce chiffre devrait passer à 94 % d’ici trois ans, soit plus que les moyennes européennes (respectivement 57 % et 81 %).
Vers plus de véhicules électrifiés en entreprise ?
De manière générale, les flottes qui s’intéressent aux motorisations alternatives cherchent à limiter leurs émissions de CO2 et de polluants atmosphériques, réduire leurs dépenses de carburant et améliorer l’image de l’entreprise. À noter que les responsables de parc français anticipent plus souvent les futures politiques publiques restrictives que la moyenne européenne.
Comme leurs homologues européennes, les flottes françaises privilégient les véhicules électrifiés et en particulier les hybrides, tant pour les VP que les VUL. 40 % des sondés ont déjà ou auront d’ici trois ans des hybrides non rechargeables, 37 % des hybrides rechargeables et 35 % des véhicules électriques à batterie (contre respectivement 45 %, 43 % et 40 % en Europe).
L’observatoire pointe toutefois que le potentiel de l’hybride et de l’électrique est plus limité en France que dans le reste de l’Europe, notamment chez les plus petites entreprises. « A l’avenir, la France pourrait ainsi se retrouver distancée par d’autres pays, avertit-t-il. Les freins sont liés au prix, au réseau de points de recharge et à la largeur de gamme de véhicules électriques. »
Certaines entreprises françaises envisagent également d’intégrer d’ici trois ans des véhicules hydrogène (19 %), du bioéthanol (19 %) du GPL (12 %) ou du GNC (10 %).
Mobilités alternatives : les français parmi les plus frileux
En parallèle, 62 % des entreprises françaises utilisent déjà au moins une solution alternative de mobilité ou prévoient de le faire d’ici trois ans. Il s’agit généralement du covoiturage (44 %), des transports publics (40 %), de la location moyenne durée (35 %) ou de l’autopartage en entreprise (33 %). À noter que 25 % proposent un budget mobilité et 23 % une carte mobilité.
« Globalement, les PME en France se montrent plus frileuses dans l’adoption ou l’intention d’adoption de solutions alternatives que leurs homologues européennes, note l’observatoire. A l’inverse, les entreprises de plus de 1 000 salariés sont plus nombreuses à avoir adopté ou à avoir l’intention d’adopter des solutions alternatives : 65 % pour le covoiturage (contre 58 % en Europe) et 62 % pour les applications permettant de réserver des solutions de mobilité (contre 52 %). Elles sont en revanche en retard sur les cartes mobilité ou les solutions de vélos. »
La télématique embarquée encore trop intrusive
Enfin, les entreprises françaises restent circonspectes quant à la télématique embarquée. Seules 28 % d’entre elles ont déployé ce type de solution pour tout ou partie de leur flotte (contre 33 % en Europe), principalement dans de grandes entreprises et plutôt sur les VP (23 %) que les VUL (19 %). Les gestionnaires ayant équipé leur parc ont déclaré que la télématique leur sert avant tout à améliorer la sécurité des conducteurs (37 %) et des véhicules (36 %), ainsi qu’à améliorer les comportements des conducteurs (34 %) et l’efficacité opérationnelle (33 %). Mais la télématique reste encore perçue comme un outil intrusif mal accepté par les employés.