
Très investi dans la transition énergétique, avec notamment l’intégration d’énergies alternatives, le groupe Bert propose depuis mi-2022, sous la marque Bert&You, une gestion de flotte faisant du mix énergétique une source de profit pour le client s’il s’engage sur huit à dix ans. Entretien avec Eric Cabaillé, directeur de la communication de Bert&You.
Flottes Automobiles : Quel est le parc moteur du groupe Bert et comment se répartit-il dans vos activités ?

Eric Cabaillé : Le groupe Bert possède 1 000 moteurs Iveco, Mercedes-Benz, DAF et Renault Trucks, répartis dans quatre pôles d’activité. Les deux premiers rassemblent le transport Général Cargo, la distribution et l’affrètement et représentent 25 % de notre chiffre d’affaires (CA) de 260 millions d’euros. La location de véhicules avec conducteur totalise 50 % de notre CA avec trois activités. L’une est le transport de gaz conditionné, avec 250 véhicules consacrés aux clients Air Product et Linde Group. Deuxième activité : le département Températures dirigées qui concerne uniquement la grande distribution, pour Lidl, Carrefour ou Leclerc. Sans oublier, toujours dans le cadre de la location de véhicules avec conducteur, l’activité porte-voitures qui regroupe 40 véhicules-nourrices. Enfin, les activités logistiques complètent notre CA, avec 25 %.
Que représente à ce jour la flotte à énergies alternatives de Bert et comment évoluera-t-elle ?
Notre flotte comprend 50 poids lourds Iveco au GNV dont 40 au GNL pour les longues distances et 10 au GNC pour de la distribution. De plus, à la demande de deux clients du Sud-Est de la France, nous testerons prochainement le biocarburant HVO-XTL en mode exclusif sur nos véhicules thermiques. Nous avons aussi cinq tracteurs de parc électriques, dont quatre Blydd by Gaussin pour nos clients Carrefour, Auchan et Mondial Relay et, depuis octobre 2022, un Neotrucks pour Boulanger.

Pour 2023, nous avons aussi commandé un Renault Trucks Z.E. E-Tech de 16 t pour de la distribution, un Volvo FM Electric pour nos tournées lyonnaises, ainsi que deux poids lourds à hydrogène Hyliko.

De plus, nous avons signé des lettres d’intention d’achat pour cinq véhicules électriques à livrer en 2024, dont deux Renault Trucks, deux Volvo Trucks et un Volta Trucks.

Qu’est-ce qui motive Bert à tester et multiplier les véhicules à énergies alternatives dans sa flotte ?
En offrant à nos clients différentes énergies, nous assurons notre transition énergétique. C’est pourquoi nous testerons aussi le B100 si un client nous le demande. Et ce malgré notre opposition à la culture du colza pour produire un carburant dont l’avenir reste incertain. Mais toutes ces énergies s’accompagnent d’une phase d’apprentissage que l’on peut chèrement payer. Chose que nous avons vécue entre 2018 et 2020 avec le GNV à cause des moteurs de 330 ch et du réseau d’avitaillement insuffisant. Depuis, Iveco a équipé ses véhicules industriels au gaz d’un moteur de 460 ch. Ainsi, ce dernier offre non seulement le même rendement et la même consommation qu’un équivalent thermique, il produit aussi moins de vibrations et est moins bruyant. Nos conducteurs sont désormais satisfaits de rouler au gaz et toutes nos agences équipées d’une station de GNV disposent d’une bonne image aux yeux des clients.
Quels enseignements en tirez-vous ?
Nous déterminons quels industriels fournissent des solutions sûres et viables. Aussi, nous avons appris qu’il faut un pied de facture pour chaque énergie, électricité comprise, pour le transport et pour les activités logistiques. Nous comparons aussi les technologies entre elles, comme les tracteurs de parc Gaussin ou Neotrucks. En effet, c’est ainsi que nous avons découvert que, même si le Neotrucks ne travaille que huit heures par jour, car il doit se recharger, il reste 100 000 euros moins cher. Et son TCO sur huit ans reste identique à celui du Gaussin. Ce sont les conditions de travail sur le parc qui orientent le choix.

Enfin, tester permet de prendre et conserver une avance sur nos concurrents qui ne le font pas. C’est pourquoi nous avons lancé notre projet « Equilibre ». Celui-ci vise à jouer la carte du mix énergétique aussi longtemps que nécessaire et à investir les bons montants dans les bons véhicules et les bonnes énergies.
En quoi ces essais ont-ils modifié vos démarches commerciales et environnementales ?
Jusqu’à décembre 2021, nous ne proposions une solution de mobilité verte à nos clients qu’à leur demande. Mais, depuis mi-2022, nous ciblons les grands comptes. Ainsi, à la solution gazole qu’ils souhaitent, nous ajoutons un volet « Mobilité Verte ». Il comprend des énergies alternatives et une boîte à outils fournie sur la base de leur schéma de transport. Comme notre mobilité verte est organisée par site et que quinze de nos agences peuvent disposer de stations d’alimentation multiples, nous leur proposons un mix énergétique calqué sur les distances que doivent parcourir les véhicules. Par exemple, du HVO pour les longs trajets et du BioGNC ou de l’électrique pour leur distribution périurbaine ou 100 % de BioGNV.

Comment réagissent vos clients ?
Comme nous leur proposons un retour sur investissement pertinent sur huit ans, ils se montrent favorables ou temporisent. Et nous pouvons ainsi les classifier en fonction des nouvelles énergies qui les intéressent et créer des gestions de flotte basées sur une créativité énergétique. C’est important. En effet, comme les véhicules verts se louent en longue durée et que Bert n’est pas riche, nous devons trouver des clients prêts à s’engager avec nous dans un partenariat sur huit ans et incluant un financement participatif et des clauses d’amélioration.