Bien choisir sa solution de financement

Après un an et demi de crise, les TPE comme le reste des entreprises se montrent très prudentes dans leurs stratégies de financement. Néanmoins, dans un contexte très difficile, elles ont pour certaines d’entre elles réussi à tirer leur épingle du jeu grâce notamment aux différents soutiens dont elles ont pu bénéficier. La location longue durée a ainsi bénéficié d’un intérêt accru de leur part.
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Bien choisir sa solution de financement

Dans ce climat de crise que la France connaît depuis le dernier trimestre 2008, rares sont les secteurs à échapper à un tour de vis financier. Le financement des véhicules professionnels pour les TPE n’échappe pas à la règle : les conditions du crédit sont devenues plus dures, la demande s’est elle-même tassée, moins d’activité, moins de transports, ce qui a donc incité les petites entreprises, artisans et commerçants à garder leurs véhicules certes déjà usagés mais encore utiles par ces temps difficiles.

Dans ce contexte où les possibilités de financement paraissent plus exiguës, il est bon de s’intéresser aux moyens qui sont néanmoins mis en place pour faciliter la tâche des TPE. C’est ainsi que la Fédération Bancaire Française a annoncé avoir augmenté son enveloppe de crédit d’investissements aux TPE et aux PME de 6 % à 38 milliards d’euros pour cette année. Et dès que la crise s’est déclenchée à l’automne 2008, des moyens supplémentaires ont été donnés à OSEO, établissement public, afin de soutenir les PME (lire encadré en page 15). On peut cependant noter que le segment des TPE, très divers par définition, n’a pas forcément subi la crise de la même façon selon les secteurs concernés. L’Union Professionnelle Artisanale notait ainsi dans le courant de l’été dernier que l’artisanat résistait mieux à la crise que le reste de l’économie. Le CIC pour sa part, tout en soulignant que « l’ensemble des crédits débloqués en 2009 a été effectivement en baisse au regard des chiffres de 2008 », il constate que « l’encours global des crédits accordés a néanmoins progressé sur ce segment de clients de 5 %. »

Des contrats de location prolongés

Si les TPE n’ont pu financer à leur guise l’acquisition de véhicules, que ce soit au comptant ou sous forme de crédit, voire de crédit-bail, elles en ont profité pour s’intéresser d’un peu plus près à la location longue durée (LLD) dont les avantages peuvent séduire en temps de crise. Ce mode de financement permet en effet d’avoir un impact moindre sur la trésorerie de l’entreprise et évite une sortie importante d’argent d’un seul coup. Telle est du moins la position des loueurs qui estiment avoir marqué des points l’année dernière. Sans triomphalisme cependant.

L’avis de la Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF) sur la progression du marché de la LLD est plus nuancé. Il est même qualifié «d’immobile » par la Fédération. Selon elle, « les loueurs ont cherché à fidéliser les clients en aménageant les contrats : réduction des kilomètres, allongement de la durée. Des solutions précaires qui ont pour effet d’augmenter les frais d’entretien et de diminuer les plus values latentes. »

Les loueurs reconnaissent volontiers avoir rallongé la durée de leurs contrats sur la demande de leurs clients. « Il y a eu plus de prolongations de contrats en 2009 qu’on a pu en faire par le passé », admet Christophe Conegero, directeur equipment solutions vehicles pros d’Arval. « Mais c’est le principe même de la LLD qui offre aux bénéficiaires une réelle flexibilité. »

De fait, cela a permis à de nombreuses entreprises de renégocier leurs contrats afin de conserver leurs véhicules plus longtemps et de baisser les loyers. Certaines entreprises ont quant à elles pris la décision de raccourcir la durée de leurs contrats, explique Raphaël Almerge, responsable marketing et communication de LeasePlan. Ce qui, évi- demment, a eu un impact à la hausse sur leur loyer mensuel. On ne comprend pas bien forcément la logique financière, mais l’essentiel « est de coller à l’utilisation réelle faite par les entreprises de leurs véhicules », estime-t-il.

Mais à quel prix ? Prenant en charge la revente des véhicules loués sur le marché de l’occasion, les loueurs ont aussi subi le contrecoup de la crise du marché du VO, une situation jugée préoccupante par TLF. Si la tendance ne montre pas des signes de reprise dans le courant de l’année en cours, la situation de la location longue durée pourrait être plus difficile en 2010 qu’elle n’a été en 2009. Avec, comme corollaire, une hausse des loyers pour les entreprises qui s’engageraient sur de nouveaux contrats. Un frein peut-être à l’expansion de la LLD…

Les loueurs nuancent cependant ce constat. « 2009 a été dure pour tout le monde, mais cela n’a pas été le scénario catastrophe qu’on a pu craindre un moment », affirme Christophe Conegero, en précisant toutefois que « la crise économique fait toujours sentir ses effets en 2010. »

Des hausses de loyers limitées

Pour faire face à la dépréciation des véhicules d’occasion, de nombreux loueurs ont dû augmenter leurs loyers l’an dernier. Une hausse qu’ils jugent toutefois limitée comparée à la baisse des valeurs résiduelles enregistrée depuis deux ans par le marché : de 1 000 à 1 300 euros selon les modèles depuis août 2008 d’après la société Arval. Même son de cloche chez LeasePlan. « On s’en est plutôt bien sorti même si on a perdu parfois jusqu’à 1000 € par véhicule au plus fort de la crise », admet Raphaël Almerge.

Christophe Conegero tient cependant à préciser que « la crise du marché de l’occasion n’est pas le seul facteur à expliquer la hausse des loyers, le coût d’usage du véhicule a lui aussi augmenté. »

Autre élément positif pour la LLD constaté par le CIC, « le volume de contrats de location longue durée de nature professionnelle a progressé de 5 % en 2009. » Comme pour toute entreprise, externaliser ainsi la gestion de sa flotte, fût-elle constituée d’un seul véhicule permet de se concentrer sur son activité.

Pas besoin de contacter un concessionnaire, ni de s’occuper des assurances, de l’entretien, de la revente du véhicule, mise à disposition d’un véhicule-relais en cas de panne…

Ces différentes prestations sont proposées en option jusqu’à l’externalisation totale. « Dès qu’on commence à externaliser, on ne s’arrête plus », clame ainsi Jean-François Chanal, directeur général du loueur ALD Automotive.

Les TPE soignent leur image

« Le taux de souscription des services est en hausse significative, notamment pour les assurances, de plus en plus souvent incluses dans les contrats de LLD », observe Christophe Conegero chez Arval. Autre tendance, les TPE seraient aujourd’hui plus sensibles à l’image qu’elles donnent. Le fait de disposer de véhicules professionnels affichant leur identité et leurs valeurs, c’està- dire avec leur logo et éventuellement des messages publicitaires, «marquage » assumé par les loueurs, est un élément de la LLD qui les séduit de plus en plus.

Stages d’éco-conduite

Par ailleurs, de nouveaux services émergent autour du développement durable. Disposer de véhicules qui consomment moins, tout comme assurer une conduite dans des meilleures conditions, notamment vis-à-vis des assurances, sont des éléments qui entrent désormais en ligne de compte dans le calcul du coût d’exploitation d’un véhicule, le fameux «TCO» acronyme de l’anglais « total cost of ownership ». « Ce sont des préoccupations que l’on trouve certes davantage chez les grands comptes et les grandes PME, mais qui commencent apparaître chez les petites entreprises », affirme Jean-François Chanal. ALD Automotive propose ainsi des stages d’écoconduite en partenariat avec Beltoise Evolution. « La sinistralité est due parfois à un problème précis chez un conducteur par exemple qu’il suffit de former », ajoute-t-il. Ces stages sont de plus en plus souvent proposés par les loueurs. LeasePlan s’est ainsi associé avec l’Automobile Club Prévention, un organisme privé de formation labellisé notamment par le Ministère des Transports.

« Ces stages permettent de réduire le risque routier professionnel », explique Raphaël Almerge. « Ils se font avec les véhicules réels des utilisateurs sur leur parcours professionnel habituel. » Faut-il encore que ces différentes prestations proposées correspondent aux spécificités des TPE, dont la demande peut parfois être très pointue. « Nous pouvons répondre à des demandes très spécifiques, notamment en matière de carrossage ou de véhicule spécialisé, fourgon, tracteur, … », soutient ainsi Rogelio Aguilar, responsable développement de la société SIT Location. De fait, la diversité des profils de TPE est telle qu’il faut avoir accès à tous les types de véhicules existant sur le marché. Il est donc impératif pour une petite entreprise de vérifier si le loueur en vue a la capacité d’acquérir n’importe quel véhicule pour s’adapter à ses contraintes métiers. Tous les prestataires du marché n’offrent pas cette garantie.

Des offres simples et packagées

Enfin, les produits proposés par les loueurs longue durée doivent être simples d’utilisation, lisibles et transparents. Une exigence à laquelle ces prestataires répondent notamment au travers d’offres «packagées». Le tout, en conservant la personnalisation inhérente à ce type de prestations. Reste que commercialiser ce type d’offre auprès des TPE demeure difficile, tant cette catégorie d’entreprises est vaste et hétérogène en termes de population et de besoins.

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