
Le bioéthanol tient sa revanche. Après avoir fait un flop retentissant à la fin des années 2000, ce carburant alternatif, produit en France à partir de betteraves ou de céréales, refait surface. Selon la Collective du bioéthanol, les volumes de Superéthanol E85 ont crû de 85 % (340 000 m3) entre 2018 et 2019. Ce carburant pèse désormais 3 % de part de marché des essences. En 2020, il pourrait encore croître de 50 %. Et pour cause, l’E85 s’affiche à 0,69 euro le litre à la pompe en moyenne. Il s’agit du carburant le moins cher du marché, devant le GPL (gaz de pétrole liquéfié) et le GNV (gaz naturel de ville).
Une aubaine donc pour le pouvoir...
Le bioéthanol tient sa revanche. Après avoir fait un flop retentissant à la fin des années 2000, ce carburant alternatif, produit en France à partir de betteraves ou de céréales, refait surface. Selon la Collective du bioéthanol, les volumes de Superéthanol E85 ont crû de 85 % (340 000 m3) entre 2018 et 2019. Ce carburant pèse désormais 3 % de part de marché des essences. En 2020, il pourrait encore croître de 50 %. Et pour cause, l’E85 s’affiche à 0,69 euro le litre à la pompe en moyenne. Il s’agit du carburant le moins cher du marché, devant le GPL (gaz de pétrole liquéfié) et le GNV (gaz naturel de ville).
Une aubaine donc pour le pouvoir d’achat des automobilistes et le TCO des flottes des entreprises et des collectivités. Pour en profiter, deux solutions : équiper ses véhicules essence de boîtiers de conversion homologués ou acquérir des véhicules flexfuel d’origine pouvant carburer indifférement à l’essence ou à l’E85 – une offre qui fait hélas cruellement défaut sur le marché.
Bioéthanol : une fiscalité favorable
Outre les économies induites sur les coûts d’usage, le Superéthanol E85 donne accès à des avantages fiscaux pour les particuliers et les professionnels. À commencer par la carte grise gratuite dans toutes les régions métropolitaines, sauf en Centre-Val-de-Loire et en Bretagne où elle est à moitié prix. La TVA est récupérable à 80 % sur l’E85 comme pour l’essence ou le gazole. Et les véhicules flexfuel d’origine bénéficient d’un abattement de 40 % sur les émissions de CO2 dans le calcul du malus. Mais cet abattement n’est pas valable pour la TVS qui s’applique comme pour les véhicules essence ou diesel. Seuls les modèles flexfuel émettant moins de 100 g/km de CO2 peuvent s’y soustraire pendant douze trimestres, par exemple des hybrides équipés de boîtiers de conversion (voir le témoignage de la société Raoux). À noter que la filière bioéthanol réclame le relèvement de ce seuil à 150 g/km (WLTP) pour les modèles flexfuel d’origine, mais aussi la vignette Crit’Air 1 comme en bénéficient déjà les véhicules GPL et GNV.
En attendant, le réseau de distribution du Superéthanol E85 se développe à grands pas. Il se crée chaque jour deux stations en France depuis septembre dernier. À fin janvier, on recensait 1 740 stations-service, soit 634 de plus en un an. Actuellement, une station sur six offre de l’E85 (19 % du réseau national). Les régions Occitanie, Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur comptent le plus fort taux d’équipement en stations E85 avec respectivement 26 %, 22 % et 21 %. Cette dynamique devrait se poursuivre en 2020 pour dépasser la barre des 2 000 points de vente. Et toutes les enseignes de stations-service s’y mettent, y compris celles de la grande distribution qui a pris les devants. Intermarché arrive en tête avec 563 stations E85 à fin 2019, devant Total (502), Système U (160), Leclerc (158) et Carrefour (112).
Le réseau à toute vitesse
« En 2019, nous avons triplé nos pompes E85 dans le cadre d’un plan de développement important de ce carburant, déclare Armand Olichon, directeur achats non marchands de Système U. Plus de 160 stations U proposent du Superéthanol E85, soit 20 % de notre parc. Et nous visons 30 % de stations en 2020 pour répondre aux besoins des clients particuliers et professionnels, notamment en milieu rural. » À noter que pour aider les usagers à se ravitailler, l’application gratuite « Mes stations E85 » (50 000 utilisateurs) géolocalise les stations à proximité ou sur un itinéraire, avec leurs tarifs.
Reste que le succès du bioéthanol en France s’explique avant tout par l’arrêté de décembre 2017 qui encadre l’homologation des boîtiers de conversion E85 par l’État. Ces équipements de seconde monte sont commercialisés par quatre installateurs agréés : FlexFluel Company, Biomotors, Borel et ARM Engineering. Ils permettent de convertir la plupart des modèles essence au bioéthanol : 80 % des véhicules essence en circulation sont compatibles.
L’homologation des kits E85
L’installation d’un boîtier a un coût (1 000 euros en moyenne) mais génère des économies de 40 % sur le budget carburant. L’usager peut récupérer 600 euros par an pour 13 000 km parcourus, sachant qu’il faut compter sur une surconsommation d’E85 d’environ 20 % par rapport à l’essence sans plomb. En clair, un modèle donné à 7 l/100 km en SP95-E10 verra sa consommation passer à 8,75 l/100 km en bioéthanol. Une fois le véhicule équipé, il est possible de rouler indifféremment au SP95, SP98, SP95-E10 ou au Superéthanol-E85, et ce dans n’importe quelle proportion et avec un même réservoir. D’où la ruée des automobilistes vers les boîtiers de conversion. Un marché longtemps resté dans la clandestinité mais qui se structure depuis l’arrêté de décembre 2017, entre autres avec des partenariats entre fabricants et centres auto.
Ainsi, Speedy a choisi FlexFuel Company pour offrir à ses clients le montage des kits E85. « En 2019, nous avons formé nos équipes non seulement à la technique mais aussi à la vente des boîtiers. Nous avons déjà équipé 1 000 véhicules depuis mars dernier et nous envisageons de doubler les installations cette année, fait savoir Romain Vancappel, directeur marketing, achats, stratégie et innovation de Speedy. Lorsque la proposition passe par des techniciens, cela crée un véritable élan et les résultats sont immédiats. Nos clients deviennent ensuite les meilleurs ambassadeurs du produit », poursuit-il. Speedy travaille également sur une offre pour que le client puisse tester le produit avant de l’acheter.
Bioéthanol : que font les constructeurs ?
Le choix du bioéthanol dans les entreprises se heurte toutefois à un problème de taille : l’absence d’offre de véhicules flexfuel d’origine chez les constructeurs. Ford n’a pas renouvelé son Kuga FlexiFuel, l’un des seuls véhicules essence/E85 d’origine. Lancée sur le tard, cette version bi-carburation du SUV a rencontré un vif succès en s’écoulant à 6 356 exemplaires, soit 70 % des ventes du modèle sur ses six derniers mois de carrière.

Hélas, le dernier Kuga, lancé cette année, ne sera pas décliné en version FlexiFuel, la priorité du constructeur étant donnée à l’électrification de sa gamme. Néanmoins, Ford promet de revenir sur cette technologie dès 2021 avec une gamme de modèles flexfuel et hybrides. « Nous n’abandonnons pas le marché, insiste Louis-Carl Vignon, président de Ford France. Le succès du Kuga FlexiFuel nous a au contraire confortés dans la décision de proposer, dans un futur proche, d’autres modèles compatibles avec l’E85. »
En attendant, et pour entretenir la flamme des biocarburants, Ford a choisi de s’associer au fabricant de boîtiers Biomotors pour commercialiser, à travers son réseau de plus de 400 agents, l’installation de kits de conversion sur les véhicules d’occasion de la marque. Aussi, une flotte de modèles Ford sous contrat de LLD peut être convertie à l’E85 au sein du réseau de la marque.
À part Ford, le seul constructeur à posséder jusqu’ici une offre bi-carburation était Volkswagen avec sa Golf 7 1.5 TSI Multifuel. Ce modèle a disparu du catalogue mais la huitième génération de Golf devrait prochainement prendre le relais avec une version TSI Multifuel. De leur côté, les constructeurs français ont abandonné la technologie flexfuel essence/E85 au profit du GPL au début des années 2010. Mais ils pourraient y revenir dans un contexte toujours plus favorable aux essences et défavorable au diesel. Selon la Collective du bioéthanol, un constructeur au moins devrait lancer une nouvelle offre flexfuel cette année. À suivre.