Le biopropane arrive en France

Le distributeur Primagaz, filiale de la société néerlandaise SHV Energy, a livré le 28 mars 2018 sur le marché français les premiers volumes de biopropane, un gaz renouvelable issu de la biomasse.
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La bioraffinerie de Rotterdam où est produit le biopropane
La bioraffinerie de Rotterdam où est produit le biopropane (c) 36CLICKS

Annoncé au départ pour mars 2017, c’est finalement avec un an de retard que le bioGPL arrive en France, ou plus précisément le biopropane.

Pour rappel, le GPL, ou gaz de pétrole liquéfié, est un mélange de plusieurs hydrocarbures légers, principalement de propane (C3H8) ou de butane (C4H10) généralement extraits du gaz naturel ou du pétrole brut. Ces derniers sont gazeux à température ambiante, mais peuvent être liquéfiés à faible pression (entre 1,7 et 7,5 bar) ce qui facilite leur stockage et leur transport.

Le GPL est intéressant d’un point de vue environnemental en raison de sa faible teneur en carbone (87 %). « Le GPL émet jusqu’à 20 % de CO2 en moins par rapport à l’essence et surtout 96 % de particules fines en moins comparé au diesel. Un véhicule GPL bénéficie ainsi de la vignette Crit’Air 1 », a indiqué Steven Sels, directeur général de Primagaz France. Et la version bio du propane, synthétisée à partir de la biomasse, permet de réduire un peu plus l’empreinte carbone du GPL.

Des déchets industriels et des huiles végétales

Le biopropane de Primagaz est produit par hydrotraitement dans une bioraffinerie située à Rotterdam, en partenariat avec le raffineur finlandais Neste. Ce dernier utilise des matériaux de deuxième génération issus de deux grandes familles : des déchets industriels recyclés, principalement des huiles de cuisson ainsi que des graisses animales récupérées, et des huiles végétales d’origine renouvelable.

« En 2015, 68 % de déchets industriels et 32 % d’huiles végétales étaient utilisés, a détaillé Walter Delage, responsable du développement durable chez Primagaz France. En 2017, la proportion d’huiles végétales était plutôt de 19 % : de l’huile de colza et de l’huile de palme certifiée RSPO. Les entrants sont répartis au niveau mondial et leur origine est prise en compte dans l’analyse de cycle de vie. Les huiles de cuisson viennent en grande partie d’Asie mais aussi de France et d’Europe. L’objectif à terme est de créer une boucle la plus circulaire possible. »

Un facteur d’émission de 60 g/kWh de CO2 sur le cycle de vie

Pour faire enregistrer son biopropane dans la base carbone en tant que biogaz, Primagaz a travaillé pendant un an avec l’Ademe. « Analysé sur l’ensemble du cycle de vie, le facteur d‘émission du biopropane est de 60 g de CO2 par kilowattheure, soit 78 % de moins que les énergies fossiles de référence et donc que le propane standard », a précisé Walter Delage.

Facteur emission biopropane primagaz
(c) Primagaz

Cette empreinte carbone est principalement due à l’approvisionnement en biomasse, en amont de l’utilisation qui quant à elle affiche un facteur d’émission 0. « Même si nous savons que du CO2 est émis lors de la combustion, ces émissions sont compensées par le CO2 capté par les plantes lorsqu’elles ont poussé et parce que nous réutilisons des déchets qui sinon auraient sans doute été brûlés », a expliqué Walter Delage.

Conforter la place du GPL dans le mix énergétique

Le déploiement du biopropane est la première réalisation de la stratégie « Next » de Primagaz pour le XXIe siècle. « L’objectif est de conforter la place du GPL dans le mix énergétique à l’heure où se prépare la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), a déclaré Mathieu Lassalle, directeur commercial et marketing de Primagaz France. Aujourd’hui, le coût de fabrication du biopropane est plus élevé que celui du propane classique. Des tarifs premium seront fixés selon les marchés mais cela restera raisonnable pour permettre une pénétration plus rapide. »

Le distributeur prévoit de multiplier les partenariats avec des laboratoires et des universités pour créer une nouvelle filière du gaz renouvelable d’ici 2040. Steven Sels espère que « l’environnement réglementaire autour du propane s’adaptera à cette innovation. »

Du propane 100 % renouvelable d’ici 2020

Arrivée bateau biopropane Brest - copyright Primagaz
Arrivée par bateau à Brest le 28 mars 2018 des premiers volumes de biopropane qui seront distribués en France (c) Primagaz

L’ambition du groupe est de convertir 100 % de sa production de propane en biopropane d’ici 2020. Le Benelux, la France, l’Angleterre, le Danemark, la Suède et l’Italie seront les premiers pays européens à avoir accès au biopropane.

Primagaz a signé un accord exclusif avec Neste pour la production de 40 000 t par an, dont 10 000 t à destination du marché français. « D’ici 2020, 18 000 t de biopropane seront incorporées dans notre réseau de distribution » a annoncé Steven Sels.

Le biopropane produit sera principalement commercialisé comme combustible, notamment pour l’habitat. Mais 8 % du volume sera incorporé au réseau GPL carburant via un partenariat. Il devrait ainsi être accessible dans les 1 750 stations GPL implantées en France, avec une certification garantie d’origine. Et ce sans investissement supplémentaire : « Aucune adaptation n’est nécessaire que ce soit pour les véhicules, le réseau ou les infrastructures », a précisé Mathieu Lassalle, directeur commercial et marketing chez Primagaz France.

Une nouvelle impulsion pour le GPL carburant ?

« En affectant une partie de la production du biopropane à la carburation, nous voulons rappeler l’existence du GPL carburant et voir si cela va lui donner une nouvelle impulsion », a expliqué Walter Delage.

Sur la partie mobilité, le principal axe de développement du distributeur reste toutefois le GNV, à destination du transport longue distance et des poids lourds. Une étude est d’ailleurs en cours pour convertir les camions utilisés pour transporter le GPL en camions roulant au GNV.

Depuis octobre 2017, Primagaz a déjà déployé deux stations GNV à proximité du réseau autoroutier français en partenariat avec Avia et prévoit d’en ouvrir encore une quinzaine (voir notre brève). Pour ne pas reproduire l’expérience du GPL, le distributeur a collaboré avec des transporteurs locaux, comme par exemple Casino à Limoges. La station approvisionne aujourd’hui 30 camions par jour en moyenne.