
« Depuis plusieurs années, il y a une réelle volonté politique de la part de la ville de rajeunir sa flotte, mais aussi d’y intégrer des véhicules à énergies alternatives, dits “propres” », expose Manuel Just, technicien territorial responsable du parc automobile de Bois-Colombes, une ville des Hauts-de-Seine en région parisienne.
La collectivité a tout d’abord testé des modèles électriques, le Goupil G3 puis le Goupil G4, chacun pendant un an, pour son service espaces verts. Puis, il a été demandé à Manuel Just de mener à bien un audit complet du parc qui a duré près d’un an.
« J’ai pris rendez-vous avec l’ensemble des chefs de service et...
« Depuis plusieurs années, il y a une réelle volonté politique de la part de la ville de rajeunir sa flotte, mais aussi d’y intégrer des véhicules à énergies alternatives, dits “propres” », expose Manuel Just, technicien territorial responsable du parc automobile de Bois-Colombes, une ville des Hauts-de-Seine en région parisienne.
La collectivité a tout d’abord testé des modèles électriques, le Goupil G3 puis le Goupil G4, chacun pendant un an, pour son service espaces verts. Puis, il a été demandé à Manuel Just de mener à bien un audit complet du parc qui a duré près d’un an.
« J’ai pris rendez-vous avec l’ensemble des chefs de service et des conducteurs des véhicules pour connaître leurs besoins et aussi leurs envies, explique ce gestionnaire de flotte. Le modèle sélectionné sera leur outil de travail pour huit à dix ans ; le choix ne doit donc pas être unilatéral comme trop souvent. »
Un audit pour la transition énergétique
Résultat : « Pour Bois-Colombes, l’électrique s’est révélé une bonne option pour les VL et les petits VUL, poursuit Manuel Just, alors que l’offre dans les catalogues des constructeurs est désormais cohérente par rapport aux besoins de la ville. » De fait, les véhicules, conduits par les agents de la commune, parcourent en moyenne 5 000 km par an – de 2 500 km pour certaines voitures à 35 000 km pour certains autocars.
L’audit a aussi montré qu’il est possible de passer à l’électrique des VU avec des modèles comme le Master Z.E., notamment pour le service espaces verts. « En revanche, l’électrique ne convient pas pour les véhicules plus lourds et ou spécifiques, comme notre nacelle élévatrice. Nous misons donc sur le gaz naturel, par exemple avec l’Iveco Daily GNV », déclare Manuel Just.
Mais pour passer la flotte à l’électrique, il a fallu faire preuve de pédagogie et montrer aux agents que l’autonomie suffisait pour leurs usages. « Nous avons réussi à avoir des véhicules à l’essai – des Kangoo et des Berlingo électriques – et nous avons organisé une présentation », précise Manuel Just.
Finalement, la collectivité a retenu quatre véhicules électriques, dans le cadre d’un marché négocié avec Renault par le Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris pour les énergies et les réseaux de communication (Sipperec).
Deux Zoé ont ainsi été affectées à des directions et une troisième a été attribuée à la police de l’environnement. Cette dernière a déjà parcouru 9 000 km en moins d’un an, s’enthousiasme Manuel Just. « Nous avons aussi un Kangoo Z.E. employé par le responsable de régie voirie, qui effectue entre 20 et 25 km par jour sur de micro-trajets », ajoute ce responsable.
Suite à cette première expérience réussie, la flotte de Bois-Colombes compte maintenant douze véhicules électriques, dont quatre arrivés fin septembre : des Zoé, des Kangoo Z.E., deux Goupil G3 et G4 et deux scooters 100 % électriques Doohan. La collectivité a acquis ces modèles en propre avec la location des batteries. « En outre, nous avons choisi d’en rationaliser l’entretien en passant par la concession Renault Courbevoie située à moins de 800 m de nos locaux, avec un contrat sur 60 mois », complète Manuel Just.

12 VE et 7 points de recharge
Pour la recharge, Bois-Colombes a fait appel à l’entreprise Inforomu, également par le biais d’un marché négocié par le Sipperec. « Nous disposons de trois sites de recharge pour un total de sept points de charge, des Wallbox Schneider de 7 kW », détaille Manuel Just. Le premier site est situé en centre-ville dans le parking souterrain du centre administratif et comporte trois points de charge. Chacun d’entre eux est positionné entre deux places de stationnement, pour potentiellement alimenter quatre véhicules. « Pour la police de l’environnement, nous avons aussi un point de charge dans un parking plus excentré proche de la gare de Bois-Colombes. Enfin, nous avons une borne dans le centre technique avec trois points de charge, à raison d’un par véhicule », ajoute ce gestionnaire de parc.
Un plan de renouvellement à l’étude
En parallèle, la ville a commandé un autocar GNV qui vient tout récemment de rejoindre la flotte. Seule difficulté : « Nous n’avons que deux stations GNV proches de Bois-Colombes, à Nanterre et à Gennevilliers, et elles sont déjà saturées », regrette Manuel Just.
Et la transition énergétique de la flotte, qui roule malgré tout encore majoritairement au diesel, ne devrait pas s’arrêter là. « Nous travaillons à un plan pluriannuel de renouvellement sur cinq ans, ce qui n’avait pas été fait jusqu’ici, avec un chiffrage et des modèles prédéfinis », indique Manuel Just. En prévision du durcissement du système Crit’Air, ce plan a été élargi. La flotte compte en effet 23 véhicules classés Crit’Air 3 ou plus : ils sont ou seront donc interdits de circulation dans la ZFE francilienne en cas de pic de pollution et ne pourront définitivement plus circuler à partir du 1er janvier 2021.
« Il a donc été proposé de changer l’ensemble de la flotte en cinq ans avec des véhicules électriques et quelques modèles au GNV pour des questions d’autonomie, entre autres les autocars et la nacelle élévatrice ou des véhicules à benne déposable, anticipe Manuel Just. Nous ne diminuerons pas le nombre de véhicules mais nous essaierons d’avoir des modèles plus solides, moins polluants et surtout spécialisés pour cibler des métiers spécifiques. »
Ce responsable prévoit ainsi de passer de diesel à deux places à des véhicules électriques à trois ou sept places pour le service espaces verts, de manière à rationaliser les trajets des agents. « Nous avons déjà des Trafic et Master complètement équipés dont un pour le service arrosage et entretien des fontaines. Auparavant, les agents prenaient n’importe quels véhicules, pas forcément adaptés », se félicite Manuel Just. Les anciens véhicules, d’une moyenne d’âge de huit ans, sont ou seront revendus via le site web AgoraStore.

Des outils de gestion
« Ce plan de renouvellement doit dorénavant être validé », nuance toutefois le gestionnaire. Pour ce dernier, la prochaine étape consistera à s’équiper de logiciels de gestion et de suivi de la flotte, et d’un contrôle des consommations électriques des véhicules, en remplacement du traditionnel tableur.
« Aujourd’hui, un gestionnaire de flotte doit s’intéresser à l’avenir des véhicules, conclut-il. Les véhicules ont été beaucoup décriés mais ils représentent quand même l’avenir de la mobilité à condition de les utiliser différemment. » Rester responsable de parc ne suffit plus : « Il faut s’interroger et rechercher », conseille Manuel Just qui n’a pas hésiter à devenir web-conférencier pour partager son expérience.