
Dans le cadre de l’électrification des flottes, les entreprises et les collectivités doivent prévoir le déploiement d’un parc de bornes suffisant pour recharger leurs véhicules électrifiés (électriques et/ou PHEV). À la tête de 400 véhicules électriques sur 3 000 VU, le spécialiste de la livraison de colis DPD France a installé ses premières bornes en 2018 et a poursuivi leur déploiement en 2019 et 2020.
« Il existait plus d’une quarantaine de bornes sur le marché. Nous nous sommes donc retrouvés avec une dizaine de points de charge de marques disparates. Depuis, nous avons uniformisé ce parc en sélectionnant deux fournisseurs de bornes...
Dans le cadre de l’électrification des flottes, les entreprises et les collectivités doivent prévoir le déploiement d’un parc de bornes suffisant pour recharger leurs véhicules électrifiés (électriques et/ou PHEV). À la tête de 400 véhicules électriques sur 3 000 VU, le spécialiste de la livraison de colis DPD France a installé ses premières bornes en 2018 et a poursuivi leur déploiement en 2019 et 2020.
« Il existait plus d’une quarantaine de bornes sur le marché. Nous nous sommes donc retrouvés avec une dizaine de points de charge de marques disparates. Depuis, nous avons uniformisé ce parc en sélectionnant deux fournisseurs de bornes de 7,4 kVA en AC (courant alternatif), une puissance nécessaire pour rester opérationnels », résume Amélie Ranaivojaona, responsable RSE et logistique urbaine de DPD France. Aujourd’hui, l’entreprise compte 730 points de charge en France sur une quarantaine de sites.


Avant le déploiement des bornes de recharge : bien étudier les bâtiments
Au sein du conseil départemental des Yvelines, l’électrification a aussi bien avancé depuis 2020. Parmi les 530 VP et VUL de service, la flotte compte, en incluant les futures commandes, 241 véhicules électriques et 89 hybrides dont 17 rechargeables. « Nous avons non seulement verdi les véhicules mais aussi rationalisé leur utilisation en les mutualisant davantage, ce qui a permis de réduire la flotte », relate Christine Galland, directrice des moyens généraux du conseil départemental.
Et cette collectivité poursuit son plan de déploiement de bornes de recharge. En date, 244 bornes sont installées et 69 sont en passe de l’être. « Notre parc de bornes progresse et nous étudions régulièrement d’autres sites pour déterminer si l’installation de bornes est possible. Or, l’étude d’un site nécessite parfois de demander à Enedis de changer la puissance de l’abonnement électrique du bâtiment. Et nous ne pouvons pas maîtriser les délais d’intervention du distributeur qui a beaucoup de dossiers en cours », note Christine Galland. Qui poursuit : « Sur chaque site, nous identifions la puissance qui va répondre à l’usage. Mais dès que nous ajoutons des véhicules et des bornes, l’usage change. Soit le forfait initialement pris sur le site peut absorber le nombre souhaité de bornes, soit il n’est pas en capacité d’amortir ces appels de puissance, ce qui oblige à augmenter ce forfait avec des démarches administratives menées par la direction des bâtiments », décrit Christine Galland.
Un constat partagé par DPD France. En amont de l’installation de ses bornes, l’entreprise a rencontré quelques difficultés liées à la puissance disponible et aux délais d’intervention d’Enedis. « La plupart de nos sites sont en “tarif jaune” (raccordement supérieur à 36 kVA et inférieur à 250 kVA) qui suffit généralement. Mais nous avons encore des sites en “tarif bleu” (lorsque le compteur est d’une puissance inférieure ou égale à 36 kVA) qui reste parfois insuffisant. Nous sommes tributaires d’Enedis : il est le seul à être habilité à réaliser les travaux de changement de puissance et de tarification », souligne Amélie Ranaivojaona.
Brider la puissance des installations
Et face à ces délais, DPD France mise sur des solutions temporaires. « Nous anticipons et décidons de lancer des travaux ou non pour accroître les puissances en fonction des sites. En attendant, nous bridons nos installations électriques. Concrètement, lorsque cela possible, nous choisissons de ne pas délivrer les puissances maximales des bornes à 7,4 kVA pour éviter d’avoir à changer les tarifications d’Enedis. Cela dépend aussi du type de bornes. Nous pouvons désormais brider la puissance de nos nouvelles bornes à distance car elles sont connectées », précise Amélie Ranaivojaona. Une méthode qui pourrait servir pour limiter les coûts dans un objectif de sobriété énergétique. « Nous avons donc décidé cet hiver de brider une borne par site à 21 h 00 ou de brider toutes les bornes à une certaine puissance par rapport à celles disponibles sur un site », illustre la responsable.
Face à ces délais, les flottes s’accordent toutes sur l’importance de préparer le terrain en amont. Le Crédit Agricole des Savoie compte trente bornes doubles, soit soixante points de charge allant jusqu’à 22 kW. « Avant de les installer, il faut avoir l’infrastructure qui autorise cette installation. Il y a trois ans, nous avions équipé nos sites de transformateurs électriques et nous avions adapté l’abonnement électrique si besoin. Puisque nous avons réfléchi à ce plan de déploiement depuis longtemps et anticipé les besoins, nous ne sommes pas concernés par des problèmes de délai. À chaque semestre, nous reprenons un coup d’avance et souhaitons la conserver », expose Christophe Compassi, responsable du service logistique de cet établissement bancaire.
Mais selon les sites, les travaux peuvent s’allonger. « Nous sommes parfois confrontés à plusieurs contraintes qui empêchent le déploiement des bornes de recharge. Par exemple, les travaux s’avèrent plus complexes dans le cas d’un site en location. C’est aussi vrai quand il faut réviser les normes de sécurité pour implanter des bornes dans un parking », rappelle Christine Galland pour le conseil départemental des Yvelines. « Nous avons un parking semi-enterré, ce qui nécessite d’adapter l’implantation des bornes selon la réglementation en vigueur », confirme Christophe Compassi pour le Crédit Agricole.
Planifier les travaux d’installation
« Je conseille aussi de mettre en adéquation le nombre de véhicules avec sa capacité de recharge, et de bâtir un planning prévisionnel sur un an, entre les délais d’installation des bornes dus aux contraintes sur site et les délais de livraison des véhicules. À chaque commande, il faut savoir où ce véhicule va “atterrir“ et s’assurer de lui adjoindre une borne, note Christine Galland. Déployer des bornes reste une démarche de longue haleine qui se cale sur nos achats. Nous achetons des véhicules uniquement lorsque nous sommes sûrs de pouvoir installer des bornes. Comme la livraison des véhicules s’étend sur plusieurs mois, cela correspond en général à la durée d’installation des bornes », reprend cette responsable.
Pallier les retards de livraison
Christine Galland indique d’ailleurs avoir changé d’installateur depuis les premières bornes. « Ce changement n’est pas un souhait mais plus une question de marché public. Les délais de livraison de bornes ont été rallongés du fait de la pénurie de composants mais le prestataire avait assez de matériel en réserve pour éviter une situation de blocage. Les lenteurs sont plutôt liées aux autorisations en assemblée générale. De fait, certains de nos sites sont en copropriété. Cela nécessite le vote en assemblée générale, ce qui allonge le délai avant le début des travaux », complète Christine Galland.
DPD France a aussi connu des retards de livraison de bornes et de composants nécessaires à leur installation. « En lien avec le contexte de crise, les délais contractuels sont toujours plus longs. Ils sont de annoncés sur quatre à dix semaines, soit un à deux mois. En réalité, nous sommes plutôt sur plus de trois mois en moyenne. Plus précisément, sur nos bornes de 7,4 kVA en AC, nous sommes à moins de trois mois. En revanche, sur les bornes de 50 kVA en DC (courant continu), nous sommes à six mois d’attente, voire plus », décrit Amélie Ranaivojaona.
Travailler avec les fournisseurs
Dans ce contexte, DPD France essaie au maximum d’anticiper avec les fournisseurs. « En 2022, nous avons pris le temps d’identifier nos besoins pour 2023 et de les communiquer aux installateurs afin qu’ils adaptent les commandes. Mais il n’est pas impossible de se retrouver avec les véhicules livrés alors que les bornes ne sont pas encore là. Parfois, un matériel n’arrive pas en temps et en heure ou arrive défaillant, alors que les travaux de raccordement sont lancés. Nous nous sommes ainsi retrouvés avec un ou deux mois de latence entre l’arrivée des véhicules et celle des bornes. Dans ce cas, nous essayons de passer par la recharge hors agences en itinérance, lorsque le véhicule accepte les superchargeurs. Ou nous installons une prise de type renforcée qui allonge le temps de charge sur site », relate Amélie Ranaivojaona.
Pour sa part, le Crédit Agricole des Savoie n’a pas été confronté à ces retards. « Nous avons commandé régulièrement des bornes et les avons déployées progressivement sur les sites afin de suivre les besoins de recharge et se doter des dernières technologies. En effet, les bornes sur le marché sont de plus en plus puissantes, avec des temps de recharge raccourcis. Nous les choisissons surtout en fonction de leur puissance et de la puissance acceptée par nos véhicules », explique Christophe Compassi. Le Crédit Agricole a toujours fait appel au prestataire ZeWatt pour l’installation de ses bornes.
Anticiper les futurs besoins
« Pour répondre à nos futurs besoins, nous avons commandé d’autres bornes avec une réception prévue dans deux à trois mois. Nous n’en avons pas besoin dans l’immédiat, mais nous avons anticipé car nous savons que la flotte va se développer et que l’équipement des collaborateurs de la caisse régionale va aussi se renforcer. Fin 2023, nous aurons sûrement une centaine de bornes sur nos sites et nos agences mais n’avons pas encore fixé d’objectif de déploiement en nombre de bornes. Nous allons probablement les définir pour 2023 », projette Christophe Compassi.
Dossier Bornes de recharge : un déploiement sous contraintes
- Bornes de recharge : un déploiement sous contraintes
- Amélie Ranaivojaona, DPD France : « Un interlocuteur unique pour simplifier la gestion »
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