
La flotte en propre de Bouygues Construction France totalise 5 580 véhicules, dont 2 930 véhicules de service, 2 400 véhicules utilitaires et 250 poids lourds, 80 d’entre eux comportant une nacelle. Gillian Fuentes, directeur achats et équipements de Bouygues Construction, et Amina Abbassi, acheteuse matériel, choisissent les véhicules utilitaires auprès de constructeurs comme Renault Trucks ou Iveco.

Le choix des poids lourds étant moins contraignant, le directeur et l’acheteuse recherchent les véhicules répondant le mieux aux critères exprimés par les clients, qu’il s’agisse de Renault Trucks, d’Iveco, de Volvo Trucks, de DAF ou de Scania. Parmi ces poids lourds, de plus en plus font appel à des énergies moins carbonées. Ainsi, 22 Iveco circulent déjà au BioGNV et deux sont électriques : un porteur Volvo FE 100 % électrique et un tracteur électrique DAF.
Pour la flotte de Bouygues Construction, des achats répondant aux critères de Fret 21
Bouygues Construction achète ou loue (location avec ou sans conducteur) tous ces véhicules selon le budget annuellement alloué dans les objectifs du groupe quant à la flotte. « Depuis 2019, les travaux du Grand Paris et les enjeux de l’accès aux ZFE-m, où nous déployons nos activités, ont été des vecteurs d’accélération pour notre flotte et le contrôle de nos émissions carbonées, rapporte Gillian Fuentes. Tous nos achats s’effectuent selon les critères de la Certification Fret 21 à laquelle nous avons souscrit auprès de l’Ademe. »

« Ainsi, nous prenons systématiquement en compte le bilan carbone des véhicules dans le renouvellement du parc, poursuit ce responsable. Bouygues Construction veut être le meilleur prestataire et la transition énergétique devient donc centrale dans les achats de notre flotte. C’est un sujet compliqué car il faut choisir le bon véhicule, prendre en compte l’infrastructure de recharge et prévoir aussi la formation du conducteur à la conduite d’un poids lourd BEV, PHEV ou FCEV. »

Pragmatisme des investissements

Dans cette optique, Bouygues Construction fait évoluer avec minutie l’ensemble de son parc vers la vignette Crit’Air1. « Le pragmatisme prévaut car une solution n’est prise que pour sa fonctionnalité et son efficacité, précise le directeur achats. Nous avons loué en LLD sur cinq ans vingt Iveco au biogaz pour être Crit’Air1. Et nous avons aussi renoncé aux biocarburants qui sont Crit’Air2. De plus, nous avons pris des VU à nacelle électrique pour Paris. Nous nous chargeons aussi de la gestion des infrastructures de recharge électrique de nos VU et de nos camions électriques. En effet, nous intégrons dans nos chantiers des bornes de recharge lente que nous alimenterons bientôt à l’énergie photovoltaïque. Mais nous avons laissé la maintenance du Volvo FE Electric aux soins du Groupe Mauffrey, car l’entretien fait partie de son métier. Pour nos poids lourds au BioGNC, nous avons des accords avec les stations publiques. »
Tester les futures mobilités
Préférant prévoir plutôt que subir, Bouygues Construction s’est aussi largement engagé sur des énergies en devenir. « Pour être en avance sur la réglementation, il faut s’engager davantage et c’est pourquoi nous avons misé sur l’électromobilité et l’hydrogène, reprend Gillian Fuentes. Nous n’avons pas pris un Volvo FL Electric pour gagner de l’argent. Le but est de tester comment trouver le bon véhicule, la bonne infrastructure, le bon chargeur et le bon usage. De ce fait, nous interrogeons régulièrement les fournisseurs pour connaître les innovations. Et nous lançons des essais sans tenir compte du TCO. Il s’agit là d’une révolution dans le BTP où l’EBIT est faible. Mais nous voulons tester les véhicules pour être prêts à rentabiliser l’énergie et la mobilité que le marché déterminera. Ce que le groupe soutient. En effet, le groupe veut que notre transition énergétique fonctionne bien et que nous soyons les meilleurs du marché. »

Surcoûts contre éco-conduite et optimisation de tournées
Gillian Fuentes se montre confiant dans la démarche. « Nous estimons qu’un surcoût de 10 % est acceptable dans la mesure où nous rencontrons des inconnues sur le rendement et la rentabilité, juge-t-il. Aussi, comme nous achetons plus une rentabilisation de transport qu’un véhicule, nous pensons que nous trouverons une façon de rentabiliser notre outil de travail grâce aux exigences de la réglementation. En même temps, nous avons acheté les outils de calcul. Ces derniers permettront à nos gestionnaires de parc de contrôler nos coûts. Nous optimisons aussi nos tournées avec le logiciel Masternaut de Michelin Connected Fleet et systématisons la formation à l’éco-conduite pour tous nos conducteurs dans le monde, y compris pour les pilotes de nos Dumpers miniers d’Afrique, afin de réduire les coûts d’exploitation et l’usure des pneus. Dans tous les cas, nous savons que nous serons toujours obligés de porter nos idées vers le client et de le convaincre de l’avantage de nos solutions. »
