Ces dernières années, la part du budget des flottes consacrée aux pneumatiques n’a cessé d’augmenter. Plusieurs phénomènes ont contribué à cette inflation. Premier élément, les véhicules embarquent toujours davantage d’équipements et voient leurs poids partir à la hausse. Conséquence : à segment comparable, les diamètres des pneus s’accroissent et les prix enflent au même rythme que les indices de charge et de vitesse. Autre explication, les pneus deviennent des produits de haute technologie et nécessitent des matériaux plus coûteux. En parallèle, la flambée du prix des matières premières, caoutchouc en tête, influe sur les tarifs. Ainsi,...
Ces dernières années, la part du budget des flottes consacrée aux pneumatiques n’a cessé d’augmenter. Plusieurs phénomènes ont contribué à cette inflation. Premier élément, les véhicules embarquent toujours davantage d’équipements et voient leurs poids partir à la hausse. Conséquence : à segment comparable, les diamètres des pneus s’accroissent et les prix enflent au même rythme que les indices de charge et de vitesse. Autre explication, les pneus deviennent des produits de haute technologie et nécessitent des matériaux plus coûteux. En parallèle, la flambée du prix des matières premières, caoutchouc en tête, influe sur les tarifs. Ainsi, début février, Michelin a annoncé des hausses moyennes de 5 %, entre avril et juin, des tarifs de ses gammes pour véhicules particuliers et utilitaires. Enfin, la multiplication des rondspoints accélère l’usure.
Mais malgré ce poids toujours plus important dans les coûts de détention, les pneus sont souvent négligés. Et pour cause : même s’ils augmentent, leurs prix ne représentent qu’un faible pourcentage de l’ensemble des dépenses liées à l’usage des véhicules. Bernard Roland, fondateur et dirigeant du cabinetconseil BRC, s’est livré un calcul rapide en partant de l’exemple d’une Clio diesel avec un contrat de location longue durée de 48 mois et 120 000 kilomètres. Verdict : les pneus ne pèsent que pour 4 % dans le prix de revient.
Un poste de dépenses encore trop souvent négligé
Cela étant, cette part modeste ne doit pas éclipser leur importance. Leur état et leur pression influent sur les consommations de carburant. De plus, des pneus mal gonflés ou en mauvais état dégradent la sécurité du véhicule. Avec, à la clé, des risques d’accident plus élevés et, au final, un nombre de sinistres en hausse et des coûts directs et indirects qui suivent une courbe exponentielle. Et cette équation économique traduit mal l’enjeu humain de la sécurité routière, la route étant la première cause de mortalité dans le cadre du travail. Autre élément difficilement mesurable : si l’un des collaborateurs a un accident grave ou mortel alors que ses pneus étaient mal gonflés, la responsabilité pénale du chef d’entreprise peut être engagée. Pour toutes ces raisons, les pneus doivent être mis sous surveillance par les responsables de flotte.
10 % C’est, sur le marché français, le pourcentage des pneus hiver. En Allemagne, le chiffre s’élève en revanche à 55 %.
1 Contrôler usure et pression
En matière d’optimisation du budget pneumatiques, la pression constitue l’élément fondamental. Et pour cause : une pression insuffisante d’environ 20 %, soit un sous-gonflage de 0,5 bar, entraîne une baisse de 20 % de la durée de vie du pneu et une augmentation de 2 à 3 % des consommations de carburant. Souvent établis par les manufacturiers, ces chiffres pourraient, à juste titre, être sujets à caution. Il n’en est rien : des organismes indépendants ont confirmé l’importance de la pression sur les consommations de carburant et la longévité des pneus. Dekra Test Center a mené des expériences sur des trajets du domicile au travail et sur autoroute avec une Golf VI 2.0 l. TDi. Dans le premier cas, le véhicule n’embarque que le conducteur et roule à vide. Bilan : même si la sécurité est dégradée en cas de sous-gonflage, la consommation de carburant est identique. En revanche, dans le second cas, le véhicule embarque quatre personnes, 40 kg de bagages et roule sur autoroute. Cette fois, la consommation augmente de 2,7 % en cas de sous-gonflage. Pour les manufacturiers, sur deux ans et 120 000 km, le surcoût atteindrait 698 euros, une somme loin d’être négligeable, surtout multipliée par le nombre de véhicules en parc. Enfin, une autre statistique montre que 4 % des accidents sur autoroute sont liés à un problème de pneus. Les responsables de flotte ont donc tout intérêt à mettre en place des procédures pour en surveiller la pression et l’état.
Enfin, un examen visuel régulier du pneu et de la jante permet d’allonger la durée de vie du pneu et de limiter les risques d’accident. La jante ne doit être ni voilée, ni bosselée. L’état d’usure du flanc et de la bande de roulement peut révéler des défauts de géométrie ou un amortisseur défaillant. Autre point important : l’obus de la valve n’assure pas à lui seul l’étanchéité du pneu. Le bouchon a lui aussi un rôle fondamental sur le maintien de la pression. Les manufacturiers conseillent de remplacer les valves à chaque changement de pneus et de choisir des jantes en alu avec des valves vissées.
Observer ces quelques règles rallonge la vie des pneus mais réduit aussi les consommations de carburant, tout en assurant davantage de sécurité. Un triptyque gagnant pour les salariés, comme pour les responsables de parc et l’entreprise dans son ensemble.
2 Choisir un mode de gestion
Des enseignes comme First Stop, Euromaster, Eurogom, Norauto, Point S, Profil +, Speedy ou Vulco montent en puissance sur l’entretien des pneus face aux réseaux des constructeurs. Déjà largement sollicitées par les loueurs pour le compte de leurs clients, ces enseignes séduisent toujours plus d’entreprises qui leur confient en direct la gestion de leurs pneus. En choisissant cette solution, les entreprises font l’économie de la marge réalisée par les loueurs sur cette prestation. Ainsi, Repsco, spécialiste de la visite médicale auprès des pharmacies et des médecins, a économisé 150 000 euros en une année sur son budget pneus et entretien en faisant appel à Speedy Fleet. Mais reprendre la main sur ce poste implique d’y passer du temps et de se donner les moyens de contrôler les interventions, rôle dévolu ordinairement aux loueurs qui centralisent les données.
3 Recourir aux services sur site
De plus en plus d’enseignes de la réparation rapide proposent d’intervenir au domicile du collaborateur ou sur le lieu de travail pour réparer, changer les pneus ou permuter les trains hiver et été. Gain de temps pour le collaborateur, réduction du temps d’immobilisation du véhicule, le service mobile offre de nombreux avantages et contribue à optimiser les ressources de l’entreprise. Speedy Fleet et Euromaster sont en pointe sur ce dossier. Outre les opérations traditionnelles autour du pneu, ces deux enseignes proposent de réaliser des diagnostics des pneus de la flotte sur le site de l’entreprise. Mieux vaut prévenir que guérir : détecter les anomalies en amont limite les risques d’accidents et réduit les consommations de carburant liées à un sous-gonflage.
4 Adopter les pneus hiver
En Allemagne, le segment des pneus hiver représente 55 % du marché global contre 10 % en France où l’on parle encore de pneus « neige », en associant ces pneus à la conduite en montagne. Rien n’est plus faux. Les pneus hiver ont de meilleures performances dès que la température passe sous les 7 °. Particulièrement précoce, le dernier hiver a révélé l’utilité de cet équipement. À tel point qu’en début d’année, Pierre Morel-A-L’Huissier, député de Lozère, a déposé un projet de loi pour le rendre obligatoire comme en Allemagne et dans de nombreux pays européens.
Reste que le budget lié à l’adoption des pneus hiver pourrait rebuter les entreprises à la recherche d’économies. Or, les généraliser ne coûte pas forcément beaucoup plus cher que de conserver des pneus été toute l’année. En moyenne, les automobilistes changent leurs pneus deux fois sur une période de six ans. Il suffit d’adopter un train été et un train hiver pour obtenir le même rendement kilométrique. De plus, les pneus hiver peuvent être montés avec un indice de vitesse inférieur aux pneus été, avec à la clé des coûts à la baisse. Reste à budgéter l’intervention pour démonter et remonter les pneus à chaque saison. Mais la sécurité des collaborateurs est renforcée et ce bénéfice n’a pas de prix.
5 Former les collaborateurs à l’éco-conduite
Un conducteur nerveux, qui ne vérifie jamais la pression de ses enveloppes et pilote un coupé sportif, aura une consommation de pneus décuplée par rapport à un conducteur calme qui surveille la pression de ses pneus régulièrement et roule avec un véhicule léger. Une lapalissade dont chaque gestionnaire de parc doit s’imprégner. En matière de pneus, la conduite est un critère prépondérant : accélérations brusques, coups de frein intempestifs, chocs contre les trottoirs et courbes négociées trop vite diminuent leur durée de vie. Sans compter qu’une telle conduite entraîne une consommation de carburant à la hausse et des risques d’accident plus élevés. La prévention est donc la première piste à suivre si un gestionnaire de parc cherche à réaliser des économies sur le poste pneus. Mobigreen, filiale de La Poste spécialisée dans l’éco-conduite, avance des coûts d’entretien et de pneus en baisse de 6 à 10 %.
6 Généraliser les pneus basse consommation
Les manufacturiers ont multiplié les labels écologiques. Qu’il s’agisse de l’Energy Saver chez Michelin, de l’EfficientGrip chez Goodyear, d’Ecopia chez Bridgestone, de Cinturato chez Pirelli, d’EcoContact chez Continental, les pneus font d’énormes progrès pour abaisser leur résistance au roulement et donc les consommations de carburant, tout en préservant leurs qualités de tenue de route et de longévité. Les pneus participent pour 20 % à la consommation de carburant d’un véhicule. Adopter des pneus verts amène à faire baisser la facture de 2 à 3 %.
7 Géolocaliser ses véhicules
La géolocalisation permet d’organiser les tournées plus efficacement. En parcourant moins de kilomètres, l’entreprise consomme moins de carburant et réalise aussi des économies sur le budget pneus comme sur les coûts d’entretien. Et ce n’est pas tout : en remontant des informations sur les habitudes de conduite de ses collaborateurs, elle peut cibler ses formations à l’éco-conduite sur les conducteurs les plus nerveux. Ces derniers font en effet exploser les statistiques en termes d’accidents, consomment plus de carburant, demandent un entretien plus coûteux et usent plus rapidement leurs pneus.
8 Utiliser les services autour du smartphone
Pour préserver les pneus et réaliser des gains sur le carburant et l’entretien, l’attitude du conducteur est primordiale. Mais les gestionnaires de flotte ont parfois des difficultés à passer leurs messages. Les technologies peuvent les assister dans cette tâche. Ainsi, les smartphones peuvent constituer les outils de communication pour envoyer des messages ciblés aux utilisateurs et les sensibiliser. Les spécialistes de la location longue durée et du fleet management l’ont bien compris. En 2010, les deux acteurs principaux ont créé de nouveaux services autour de ces terminaux mobiles. ALD Automotive a lancé une application sur iPhone pour sensibiliser les conducteurs aux avantages de l’éco-conduite et Arval a aussi misé sur les smartphones pour créer une application gratuite baptisée Arval Mobile. Point de service le plus proche pour entretenir et réparer son véhicule ou pour changer de pneus, organisation du rendez-vous, en quelques clics, le conducteur gère une situation d’urgence ou planifie une opération précise. Autant de temps gagné pour se concentrer sur sa mission.
9 Demander le remboursement des pneus non consommés
La fin de vie des pneumatiques coïncide rarement avec celle du contrat de location longue durée. Pour optimiser ce poste, Renault Parc Entreprises, la captive du constructeur au losange, rembourse les pneus non consommés en fin de contrat si ses clients optent pour un service de gestion des pneus avec ajustement au réel au moment de la restitution.
10 Laisser le véhicule au garage
Reste une solution radicale : employer les transports en commun, généraliser la visioconférence, multiplier les réunions téléphoniques… De plus en plus d’entreprises élaborent des plans de déplacements qui favorisent les solutions alternatives à la voiture. La meilleure façon de réduire le coût de sa flotte reste de limiter le recours à la voiture. Ce qui est bénéfique pour le budget de l’entreprise l’est également pour l’environnement.
Continental revoit ses tarifs à la hausse
Continental devrait revoir ses prix à la hausse de 6 % en mai prochain, auprès une augmentation de 7 % en février. Pour Uniroyal and Semperit, le chiffre est de 10 %. Pour les marques Barum et Matador, présentes en Europe de l’Est, l’augmentation s’affichera à 6 %. Principale raison à cette flambée des tarifs : le prix du caoutchouc naturel, multiplié par quatre en deux ans, à 5,6 dollars le kilo en février dernier. Et si le cours du caoutchouc devait se maintenir, une nouvelle hausse serait à attendre en mai.
Le marché tourne le dos à la crise
En février, Michelin a publié ses résultats pour 2010. Bilan : la crise est bel et bien oubliée. Après un recul marqué en 2009, le marché du pneumatique pour voitures et utilitaires légers s’est redressé en 2010. La première monte enregistre une hausse de 25 % alors que le remplacement progresse de 9 %. En Europe, ce marché du remplacement bénéficie d’une forte demande pour les pneus hiver, avec une croissance de 22 % de leurs ventes. Les distributeurs ont reconstitué leurs stocks en prévision d’une hausse des tarifs et après avoir déstocké massivement en 2009 pendant la crise. Ce marché de la rechange progresse de 9 % en France, de 12 % en Allemagne et de 10 % en Italie. Sur un marché redevenu dynamique, Michelin a vu ses ventes augmenter de près de 21 % en valeur, soit 17,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires dont 9,8 milliards pour les pneus de voitures particulières et d’utilitaires légers. Pour 2011, Michelin table sur une croissance d’au moins 6,5 % de ses volumes de ventes.
Quant à Goodyear, la perte nette de 177 millions de dollars sur les trois derniers mois de 2010 est due notamment à la fermeture d’une usine dans le Tennessee. Le chiffre d’affaires du manufacturier américain a augmenté de 14 % au dernier trimestre 2010 pour s’établir à 5,07 milliards de dollars. Quant au revenu par pneu, il progresse de 12 %. Pour Richard Kramer, directeur financier du groupe, la croissance prévue pour 2010 devrait se traduire par une hausse de 3 à 5 % des ventes unitaires. Pour les manufacturiers, les affaires roulent à nouveau dans le bon sens.
Budget pneumatiques - 10 pistes pour mettre la pression
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