
Difficile de réduire ou de stabiliser les coûts d’un parc automobile en 2014 : les tarifs des constructeurs devraient en effet enregistrer une hausse et la fiscalité pourrait devenir encore plus contraignante. C’est pourtant l’exercice d’équilibre auquel vont se livrer les responsables de parc. Pour ces derniers, les contraintes économiques se font plus pressantes, d’autant que plusieurs entreprises devraient connaître des plans sociaux ces prochains mois. « Les restructurations s’accélèrent et les évolutions sont rapides. De nombreux responsables de flotte vont vite devoir prendre des décisions de rationalisation », confirme Martine Jolly,...
Difficile de réduire ou de stabiliser les coûts d’un parc automobile en 2014 : les tarifs des constructeurs devraient en effet enregistrer une hausse et la fiscalité pourrait devenir encore plus contraignante. C’est pourtant l’exercice d’équilibre auquel vont se livrer les responsables de parc. Pour ces derniers, les contraintes économiques se font plus pressantes, d’autant que plusieurs entreprises devraient connaître des plans sociaux ces prochains mois. « Les restructurations s’accélèrent et les évolutions sont rapides. De nombreux responsables de flotte vont vite devoir prendre des décisions de rationalisation », confirme Martine Jolly, responsable de la flotte de Coca-Cola Enterprises.
L’évolution de la fiscalité fait partie des grandes interrogations pour 2014. Si le gouvernement ne semble pas envisager de taxation sur le diesel, les gestionnaires de parc s’inquiètent de rumeurs persistantes sur une taxation des utilitaires. « Si nous ne pouvons plus récupérer la TVA, cela risque de peser très lourd », déplore Isabelle Contet, responsable de la flotte du spécialiste de l’outillage Berner qui compte 770 VU en parc et 330 VP. Un sujet de la fiscalité qui devrait s’éclaircir dans les prochains mois.
Les émissions de CO2 toujours en ligne de mire
En 2014, la poursuite d’une politique plus vertueuse en matière de car policy devrait demeurer l’une des toutes premières priorités. « Il est indispensable d’évoluer vers des motorisations de plus en plus éco-responsables », indique Jean Ménétrier, directeur des achats et services généraux d’Assystem France. Le représentant du spécialiste de l’ingénierie et du conseil révise chaque année son catalogue et a privilégié des Clio, des 208 et des Twingo en 2013.
L’un des objectifs les plus mis en avant reste ainsi de passer sous les 100 g/km d’émissions de CO2. Pour ce faire, Pernod compte privilégier des modèles comme la Mégane Estate Business (90 g) ou la Golf TDI 110 (85 g). Isabelle Contet a aussi cet objectif en ligne de mire alors que le parc de Berner affiche déjà une belle performance : 107 g de CO2 en moyenne, VP et VU confondus. Pour sa part, Eiffage Contruction prévoit une continuité dans la baisse des émissions de CO2 par véhicule d’ici 2014, ce qui devrait rapprocher la flotte du seuil des 100 g.
Autre tendance qui pointe : offrir aux salariés plus d’équipements de confort ou multimédia en échange d’une motorisation moins puissante – ce qui amène à diminuer les émissions de CO2 et incidemment la TVS. Une politique développée notamment par Assystem et Tyco, spécialiste de la protection incendie. « Pour les VP, nous avons introduit dans la car policy la Clio IV 5 places en optant pour la version business mieux équipée avec GPS, radar de recul, etc. Pour les techniciens, nous avons retiré la Mégane société et choisi la Clio IV société », relate Frédérique Baumann, gestionnaire du parc de Tyco qui compte 550 véhicules. La réflexion est aussi engagée chez Berner en raison d’une augmentation des coûts liés à la sinistralité.
Veolia optimise le CO2 et le TCO
Chez Veolia, 2014 sera une année de bilan. « Afin de faire le ménage dans la flotte, nous avons sorti tous les véhicules non conformes en termes de CO2 et de TCO. Nous avons même arrêté des contrats en cours de route pour aller plus vite. Ce qui a permis de renouveler 1 100 modèles. Sur quatre ans, à l’échéance 2014, cela représente une baisse de 25 % des coûts grâce aux actions menées sur les postes fiscalité, loyer et carburant. Et en moyenne sur un an, les véhicules émettront 10 g de CO2 en moins. Une évolution qui dépend encore de l’offre des constructeurs », détaille Baudouin de Mégille, directeur de Veolia Environnement Gestion Automobile (VEGA). Globalement, pour 2014, ce dernier compte stabiliser son TCO au niveau atteint en 2012 et 2013.
Chez Cisco, la car policy pourrait être révisée l’an prochain. Le nombre de véhicules de la flotte – 4 500 en Europe – pourrait alors reculer. « La règle est toujours de faire plus avec moins. Nous engageons une réflexion en profondeur sur l’intérêt d’attribuer des véhicules aux cadres non commerciaux. Jusqu’alors, nous avions une politique assez généreuse. Et le travail sur les coûts se fait dans toutes les directions : l’un des deux postes de responsable de la flotte va ainsi être décentralisé en Pologne », explique Marie-Laure Tamas-Danfa, responsable flotte de Cisco pour la zone EMEAR (Europe, Moyen-Orient, Afrique et Russie). Parallèlement, le groupe valorise les modèles électriques et hybrides dans sa car policy.
La consommation de carburant reste à maîtriser
Chez France Télévisions où la flotte compte aujourd’hui 1 250 véhicules de service et une centaine de véhicules de fonction, les réductions de budget sont aussi d’actualité. « Nous allons définir des conditions plus contraignantes à l’attribution d’un véhicule mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un élément du salaire. Retirer une voiture, cela implique d’autres compensations salariales », souligne Jacques Rocaries, responsable du parc.
Intimement liée aux émissions de CO2, la maîtrise de la consommation de carburant demeure l’une des cibles des gestionnaires de parc alors que le coût du carburant est toujours difficile à anticiper. Un casse-tête d’autant plus complexe que de nombreux leviers ont déjà été actionnés dans ce domaine. Assystem et Tyco envisagent donc d’équiper les véhicules en télématique embarquée pour mieux maîtriser les consommations et améliorer l’organisation des tournées. Un cap déjà franchi par Veolia Environnement qui a pourvu 80 % de ses utilitaires en télématique embarquée et en géolocalisation.
Parmi les autres économies envisagées par Assystem sur le carburant : sortir du contexte de mono-distribution avec Total « pour faire jouer la concurrence, explique Jean Ménétrier. Nous faisons appel à la carte Total car les stations-services sont réparties sur tout le territoire, mais nous voulons une alternative avec les cartes de distributeur comme celle de Leclerc dans les zones où cela est possible », complète-t-il.
Les frais de restitution, autre axe de travail
Une réflexion semblable est engagée chez Tyco. « Il y a deux ans, nous avions envisagé de prendre des cartes chez un pétrolier « low cost ». Mais c’est assez compliqué car il fallait alors deux cartes pour couvrir le réseau national et les remises des pétroliers n’apparaissaient pas suffisantes. À l’heure actuelle, nous disposons de la carte Total en direct avec le pétrolier pour certains contrats, et pour d’autres de cette même carte par un de nos loueurs. Pour harmoniser et faciliter la remontée des informations, nous voulons rencontrer d’autres pétroliers pour rassembler tous nos véhicules chez un seul prestataire », précise Frédérique Baumann.
Cette dernière envisage aussi des économies sur les frais de restitution : « Nous sommes à la recherche d’un partenaire habitué à reconditionner les véhicules en tenant compte des critères de restitution en location longue durée », souligne Frédérique Baumann. Par ailleurs, Tyco a abandonné l’option pneumatiques et bris de glace dans les contrats en août 2013 et pris Speedy comme partenaire.
Pour aller encore un peu plus loin dans les économies, les entreprises s’attaquent aussi aux processus de gestion, avec comme cible l’optimisation et l’homogénéisation des pratiques. Une dernière étape quand les autres leviers ont déjà été activés. « Et c’est plus difficile que de diminuer simplement le nombre de véhicules ou de fournisseurs », note Baudouin de Mégille pour Veolia Environnement.
En 2014, Veolia Environnement passera à la dernière étape d’un programme de mutualisation et d’automatisation des processus de gestion. « Nous pouvons encore générer des économies en centralisant la facturation grâce à notre nouvel outil », anticipe Baudouin de Mégille. Le modèle de gestion mis en place par Veolia à l’échelle de la France sera ensuite dupliqué à l’étranger.
« Chez Eiffage Construction, nous allons consolider au plus près les TCO réel et prévisionnel afin de voir où se situent les décalages pour chaque famille de dépenses, indique Laurent Jolivet, responsable du parc véhicules. Si l’activité est toujours correcte, nous ne comptons ni réduire la flotte, ni faire de coupe. En revanche, nous voulons renforcer la gestion autour de deux axes, la sinistralité et la consommation de carburant », ajoute le gestionnaire.
Optimiser les processus de gestion
Autour de la sinistralité, Laurent Jolivet compte fluidifier les procédures de déclaration des sinistres et des réparations de carrosserie. Sur le carburant, Eiffage Construction cherche à mieux identifier les consommations en croisant les remontées d’information dans un outil de gestion de flotte GAC Technology. « Cela permettra d’analyser finement les consommations par genre de véhicule et d’identifier les consommations anormales », précise le responsable.
Chez France Télévisions, la planification et le logiciel GAC Technology amèneront l’an prochain à mieux gérer la flotte et à « analyser les manques sur certains sites ou au contraire les surplus, pour quantifier ensuite le nombre de véhicules dormants. Je pense que nous nous dirigeons plutôt vers une réduction du parc avec cette planification », explique Jacques Rocaries. L’un de ses objectifs reste également de limiter le recours à la location de courte durée.
« Nous menons une politique de gestion européenne de la flotte depuis 2003 et l’homogénéisation du parc sur 23 pays se poursuivra l’an prochain. Nous sommes en situation mono-loueur et externalisons une partie de la gestion auprès de ce prestataire. C’est une tendance forte », souligne Marie-Laure Tamas-Danfa pour Cisco. Sur ce dernier point, les gestionnaires de flotte n’ont pas toujours la même vision. Chez Pernod, la stratégie consiste depuis deux ans à renforcer la concurrence avec deux loueurs : « C’est positif et nous continuerons en 2014 », observe Luce Gellibert, la responsable du parc. Chez Coca-Cola Enterprises, Martine Jolly suit une stratégie similaire, tout en « réduisant le nombre de constructeurs dans les appels d’offres afin d’obtenir des remises maximales. »
Jouer la mise en concurrence des loueurs
La mise en concurrence de plusieurs loueurs est aussi au programme de Tyco : « Nous avons des contrats de LLD avec Arval et Parcours. Nous avons dernièrement élargi l’offre en faisant entrer un troisième loueur, ALD Automotive. À terme, l’objectif reste de n’en conserver que deux », complète Frédérique Baumann.
Autre pratique qui se généralise : la discussion tripartite entre constructeur, loueur et responsable de parc. « Cela nous permet d’obtenir une remise plus importante », conclut Isabelle Contet, pour Berner. À suivre de très près.
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