« L’ensemble des acteurs est condamné à grossir pour diluer le risque, explique Olivier Rigoni, président de Cogecar. À titre d’exemple, financer 80 000 véhicules à 20 000 euros en moyenne par an demande 1,5 milliard d’euros de capitaux. En s’introduisant en bourse, ALD Automotive a voulu trouver des relais pour se financer. D’autres acteurs cherchent à emporter des parts de marché et attaquent les leaders avec une valorisation plus forte des valeurs futures pour proposer des loyers plus compétitifs. »
Consultant pour son cabinet RRMC, Robert Maubé détaille le mode de calcul d’un loyer de LLD : « Tel qu’il apparaît au catalogue du constructeur, le prix du véhicule est amputé de la remise pour aboutir à la valeur investie. Pour obtenir le montant du loyer, la valeur résiduelle est soustraite de cette valeur investie afin de trouver le montant à financer, auquel sont ajoutés les frais financiers sur la durée du contrat. » Le prix catalogue, le montant de la remise, la VR et le taux de financement sont donc les paramètres sur lesquels il est possible d’arbitrer pour adapter le loyer.
Les captives ont leur réseau
« En général, constate Robert Maubé, les captives avancent de meilleures VR car elles revendent les VO dans leurs réseaux et ont une meilleure maîtrise de l’évolution des prix, contrairement aux filiales de banque. A contrario, une captive se refinance auprès d’une banque, d’où des frais financiers généralement plus élevés, alors que les loueurs appartenant à des groupes bancaires se refinancent plus facilement et à moindre coût auprès de leurs holdings et bénéficient de taux moins élevés. »
Des constats que ne contredira pas le cabinet de conseil Aficar. Pour ce spécialiste des flottes, les constructeurs et leurs captives ont pour atout de maîtriser la chaîne commerciale du véhicule de bout en bout. Ils souffrent donc moins quand les VR se dégradent car, grâce à leurs réseaux, ils sont particulièrement bien placés pour réagir rapidement et revendre leurs VO au plus juste. « En revanche, affirme Alain Guillemier, président d’Aficar, les prestataires multimarques utilisent différents canaux et sont moins pointus que les constructeurs sur chacun des labels. »
Pour Cogecar, les captives ont aussi l’avantage de mieux appréhender les VR grâce aux informations collectées auprès des concessionnaires et agents des constructeurs qui revendent les VO. « Le calcul des valeurs futures est plus resserré que chez les loueurs multimarques dont les évaluations sont généralement moins fines », complète Olivier Rigoni. Diac Location vante ainsi sa capacité à revendre les VO dans le réseau de sa holding et à maîtriser ses VR quand les loueurs multimarques auraient moins de marges de manœuvre en écoulant leurs stocks principalement auprès des marchands.
Et la restitution ?
À écouter Olivier Rigoni, les clients des captives ont aussi moins de mauvaises surprises lors de la restitution. Les loueurs multimarques ne vérifieraient visuellement que 1 % des retours. « Avec les captives des constructeurs, le concessionnaire accueille le véhicule et peut transiger puisqu’il le revend lui-même sur le marché local », note Olivier Rigoni.
On s’en doute, ALD Automotive n’est pas de cet avis : « Par rapport à une captive qui revend ses véhicules uniquement à travers son réseau et à des prix imposés, nous avons une meilleure vision du marché VO car nous avons accès à l’ensemble des canaux et pouvons choisir le plus pertinent en fonction de chaque véhicule. ALD France revend 80 à 90 000 véhicules chaque année et a donc une vision plus large que celle d’un constructeur. Grâce à cet avantage, nos VR sont plus élevées », argumente Guillaume Maureau, directeur général adjoint du loueur.
Sur ce sujet et comme ses confrères, Robert Maubé estime que les filiales de banque et les loueurs multimarques ont moins de visibilité sur les risques liés à la revente sur le marché VO et fixe donc des VR plus élevées pour obtenir davantage de sécurité. Et ce, d’autant plus qu’elles ont été échaudées par la crise du marché VO survenue à la suite de celle des crédits immobiliers toxiques née aux États-Unis.
Cela étant, pour les entreprises à la tête de centaines ou de milliers de véhicules, faire appel à un prestataire multimarque permet de remplacer un modèle d’une marque dont la VR plonge par celui d’un autre constructeur. « Avec une captive, c’est impossible, souligne Robert Maubé. Cela est d’autant plus important que le marché automobile est mouvant et que les taux de remise et les VR changent deux fois par an. » Faites vos comptes !