
Sur son site web « Car Labelling Ademe », l’Ademe publie et met en forme les données des ventes de VP neufs provenant de l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (UTAC) – l’organisme en charge de l’homologation des véhicules avant leur mise en vente –, complétées par les valeurs du bonus-malus et l’étiquette Classe Énergie CO2, dans le but de permettre aux consommateurs un choix éclairé.
La consommation et les émissions en hausse
Ces statistiques livrent aussi des informations sur l’évolution de la consommation et des émissions de CO2 du parc automobile français. Bilan : alors qu’elle était en baisse depuis 1995, la consommation des VP neufs stagne depuis trois ans à 5,1 l/100 km pour l’essence et a même augmenté pour le diesel, passant de 4,2 à 4,3 l/100 km entre 2017 et 2018. Et ce alors que la masse moyenne des véhicules (pondérée par les ventes) s’est allégée de 13 kg entre 2017 et 2018.
De même, le taux moyen d’émissions de CO2, en baisse depuis 1995, a grimpé d’1 g/km pour la deuxième année consécutive, passant de 110 à 112 g entre 2016 et 2018. En détail, le taux moyen d’émissions a progressé de 109 à 112 g/km entre 2016 et 2018 pour le diesel, dépassant le niveau de 2015 (111 g/km), tandis qu’il stagne depuis 2015 à 116 g/km pour l’essence. Toutes les gammes ont vu leurs émissions moyennes stagner entre 2017 et 2018, sauf la gamme économique/inférieure dont les émissions ont progressé de 2 g à 102 g/km.
« Ce phénomène est en contradiction avec les ambitions affichées par l’Europe d’une moyenne de 95 g/km pour 2021 », alerte l’Ademe. En cause : « La hausse des ventes de véhicules essence et de SUV impactent directement la moyenne des émissions de gaz à effet de serre des ventes de véhicules neufs », analyse l’organisme.
L’essence et les SUV en cause
Les véhicules essence ont en effet totalisé 54,67 % des ventes en 2018, tandis que le diesel est passé de 47,3 % de part de marché en 2017 à 38,87 % en 2018. « Cette tendance s’explique par une politique fiscale qui se rééquilibre entre les motorisations diesel et essence (suppression des bonus, alignement des taxes entre le gazole et l’essence). Elle s’explique également par le succès des véhicules de petite taille qui sont majoritairement essence compte tenu du coût des systèmes de dépollution nécessaires au respect de la norme Euro 6, plus complexes pour les modèles diesel », explique l’Ademe.
La situation pourrait toutefois évoluer : depuis l’annonce de l’alignement de la fiscalité entre essence et diesel, « les prix des véhicules diesel ont sensiblement baissé, ce qui peut les rendre attrayants pour des personnes qui effectuent de nombreux kilomètres car les moteurs diesel sont aussi en principe plus résistants que les moteurs essence », note Sandrine Carballès, ingénieure au service Transports et Mobilité de l’Ademe. D’autant que les entreprises représentent désormais la majorité des acheteurs de véhicules neufs, en France comme en Europe.
De leur côté, les SUV et autres véhicules tout-terrain ont en effet représenté 36,26 % des ventes en 2018 contre 32,37 % en 2017. Résultat : alors que le marché des véhicules dits « environnementalement performants » a été très dynamique en 2018 avec + 22 % d’hybrides rechargeables (14 528 unités), + 31,7 % d’hybrides non rechargeables (91 815 unités) et + 25 % d’électriques (31 059 unités), « tous les gains réalisés sont annulés par la croissance de la part de marché des SUV », déplore Jérémie Almosni, chef du service Transport et Mobilité à l’Ademe.