
« Le gestionnaire de flotte est pris en sandwich entre les demandes des collaborateurs qui veulent des voitures plus grosses et plus chères, et celles de la direction qui veut couper les coûts », résume Robert Maubé, expert-conseil en gestion de flotte pour le cabinet RRMC et pour Flottes Automobiles. Pour réussir à concilier les deux, c’est au donc responsable de parc de faire les propositions adéquates.
Tout d’abord, pour que la car policy soit attractive, elle doit contenir les modèles du moment. « Le Mondial de Paris me permet de découvrir les nouveautés, de créer le contact avec les commerciaux et de voir en direct les modèles de notre...
« Le gestionnaire de flotte est pris en sandwich entre les demandes des collaborateurs qui veulent des voitures plus grosses et plus chères, et celles de la direction qui veut couper les coûts », résume Robert Maubé, expert-conseil en gestion de flotte pour le cabinet RRMC et pour Flottes Automobiles. Pour réussir à concilier les deux, c’est au donc responsable de parc de faire les propositions adéquates.
Tout d’abord, pour que la car policy soit attractive, elle doit contenir les modèles du moment. « Le Mondial de Paris me permet de découvrir les nouveautés, de créer le contact avec les commerciaux et de voir en direct les modèles de notre car policy avec leurs équipements et options », relate Virginie Ringot, responsable des services généraux du fabricant d’édulcorants Merisant en France, en charge de la flotte de 38 VP dont 31 véhicules de fonction (voir son témoignage).
Les SUV s’imposent dans les car policies
Ainsi, une car policy ne peut aujourd’hui plus faire l’impasse sur les SUV. « Le SUV est le modèle commercialisé par tous les constructeurs, il plaît à la majorité des conducteurs particuliers ou professionnels, confirme Virginie Ringot. J’ai peu de SUV à ce jour mais l’objectif 2018 est d’inclure un SUV dans chaque catégorie. Je travaille actuellement avec LeasePlan sur la refonte totale de la car policy en tenant compte de cet objectif, » complète cette responsable. De même, face au succès du X1 auprès des collaborateurs, l’éditeur de logiciels Generix Group prévoit de cibler les SUV dans sa car policy 2018, en intégrant un modèle dans chaque catégorie pour sa soixantaine de véhicules (voir le témoignage de Karine Braut).
Mais ajouter des modèles signifie en retirer d’autres, une opération qui présente un risque tant en termes d’attractivité que de coût, mais qui peut jouer positivement sur les valeurs résiduelles.
« Cette année, nous avons sorti un certain nombre de véhicules de la car policy, explique Pascal Amico, directeur des achats du paysagiste id verde et de son millier de véhicules. Par exemple, nous avons sorti la C4, un véhicule plutôt en fin de vie et donc peu valorisé en VR. Nous l’avons remplacée par la Mégane, un produit récent avec une bonne visibilité pour les loueurs et donc une VR élevée. Les véhicules plus modernes sont plébiscités par les loueurs. Nous avons gagné près de 10 % à prix catalogue équivalent. »
Des modèles récents pour une meilleure VR
« De manière générale, lors de la première année de lancement d’un modèle, le constructeur est rarement disposé à faire des remises et privilégie les ventes aux particuliers, tandis que le loueur a peu de visibilité sur la VR, poursuit Pascal Amico. À la fin de la première année s’ouvrent des possibilités de remise, avec une VR correcte. Cela forme une courbe en creux, avec une remontée des loyers vers la quatrième année, dès lors que le constructeur annonce la fin de la commercialisation du modèle » (voir le reportage sur id verde).
Prudence cependant : « Un véhicule avec une bonne VR n’a pas forcément un meilleur TCO, prévient Robert Maubé. Cela dépend de ce que l’on prend en compte dans le calcul du TCO. Attention à la fiscalité indirecte des AEN et des AND, indexée sur la valeur faciale du véhicule, qui peut neutraliser l’avantage d’une bonne VR ! » De plus, avec les véhicules en propriété, il faut inclure la taxation sur la plus-value de cession d’actif : la plus-value obtenue à la revente du véhicule est en effet soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) et donc taxée à 33 %. « L’étude menée sur un 4×4 allemand premium, avec une loi de roulage de 36 mois/90 000 km, a révélé que la fiscalité pesait 51 % du TCO », argue Robert Maubé.
Pour concilier attractivité et bonne VR, la clé réside aussi dans les équipements. Ce qu’a pu constater id verde. « Tous les ans, pour optimiser le parc, nous étudions la diminution de la dotation des personnels en véhicules. Nous nous sommes aperçu que si nous prenons des véhicules moins équipés, nous mettons nos personnels en danger : le kit main libre et la climatisation sont maintenant considérés comme des équipements de sécurité. En outre, les véhicules avec peu d’options intéressent peu les loueurs, ce qui entraîne une VR dégradée », témoigne Pascal Amico.
Des équipements sans dépasser le budget
Ce directeur des achats a étudié cette année la Citroën C-Élysée, un véhicule d’entrée de gamme à prix d’achat très bas mais correctement équipé. « Nous avons comparé les modèles 82 ch essence et 100 ch diesel. À notre grande surprise, le loyer du véhicule essence était 10 % supérieur à son équivalent diesel, toutes choses égales par ailleurs. Et le loyer de la C-Élysée vendue 14 300 euros était équivalent à celui d’un véhicule vendu entre 18 000 et 19 000 euros. Cela montre la volonté des loueurs de ne pas encourager ce type de véhicule », conclut-il.
« Mais ce n’est pas parce qu’une voiture possède de nombreuses options qu’elle aura une très bonne VR. L’idéal est d’avoir suffisamment d’options mais pas trop. Pour cela, la bonne pratique consiste à faire confiance aux packages business des constructeurs », recommande Robert Maubé.
Tous les véhicules de Merisant sont ainsi sélectionnés en gamme business afin de bénéficier des équipements de série nécessaires à la sécurité et au confort des conducteurs professionnels : radar de recul, climatisation, kit bluetooth ou GPS. « Cette finition business a bien évolué ces dernières années et s’est étendue à d’autres options pour l’ensemble des constructeurs », commente Virginie Ringot.
Limiter les options supplémentaires
En conséquence, si le conducteur désire des équipements ou options supplémentaires, ces demandes seront étudiées sous conditions et suivant une procédure bien définie : un conducteur ne peut demander l’étude que de deux options supplémentaires au maximum, ces dernières ne devant pas augmenter le loyer pour Merisant. Si elles sont acceptées, le conducteur les prendra à sa charge en faisant un chèque à l’ordre du loueur lors de la commande. « Mais très peu de conducteurs, sur le terrain notamment, prennent des équipements complémentaires, relativise Virginie Ringot. Des demandes spécifiques peuvent m’être adressées pour l’ensemble de la flotte.
C’est vrai pour la boîte automatique : demandée par le CHSCT, elle a été intégrée dans la car policy pour les commerciaux du terrain il y a deux ans. J’ai aussi reçu une demande pour intégrer en option le radar de régulation de distance (ACC). » Virginie Ringot alerte aussi sur le fait que les remontées des salariés ne représentent pas toujours la majorité des conducteurs : « La boîte automatique a été très révélatrice. Alors que cet équipement était très demandé, seuls 30 % des conducteurs l’ont retenu suite à son intégration dans la car policy. »
Lors de la révision de son catalogue et de son règlement automobile il y a deux ans, le groupe Generix a entre autres interdit d’ajouter toute option. « Mais dans la pratique, nous autorisons le salarié à prendre à sa charge les options désirées en cas de forte insistance. C’est vrai pour les boîtes automatiques que je compte retenir dans la car policy 2018 pour plus de véhicules », souligne Karine Braut (voir son témoignage).
« Tous les responsables de parc sont confrontés à la demande de boîte automatique, cela fait partie du chantage fréquent des collaborateurs, constate sans surprise Robert Maubé. Face à des conditions de circulation difficiles, cette option intéresse de plus en plus les conducteurs. Mais peu d’entreprises acceptent de l’intégrer à la car policy en raison d’un coût plus élevé à l’achat, ce qui accroît le TCO du véhicule. Et la boîte automatique reste encore un signe distinctif de hiérarchie. »
Télématique : des collaborateurs à convaincre
Dernière piste pour baisser les coûts : la télématique. Avec le risque de porter un coup à l’attractivité des véhicules pour les collaborateurs, souvent refroidis par le suivi de leur comportement et par la géolocalisation. Un défi que souhaitent relever le groupe de protection sociale Humanis et le CHU Grenoble Alpes (CHUGA).
« Nous lançons, dans le dernier semestre, un appel d’offres européen pour la LLD. Dans ce cadre, nous étudions la dotation en télématique des véhicules afin de relever de façon fiable le kilométrage, d’étudier les comportements routiers, d’anticiper les maintenances à venir, d’être proactifs, de réduire les coûts et le risque routier », énumère Stéphane Page, responsable des 450 véhicules d’Humanis (voir son témoignage). Mêmes enjeux pour Didier Dupeyron, gestionnaire des 129 véhicules du CHUGA : « Je pense que nous allons équiper tous les véhicules d’une solution télématique avec géolocalisation lors du prochain appel d’offres. Pour cela, nous devons encore travailler avec les services en interne. Cela nous permettrait d’avoir un reporting du kilométrage exact à l’instant T, mais aussi un suivi plus précis de la consommation » (voir le témoignage de Didier Dupeyron).
Entre les conducteurs et leur entreprise, au gestionnaire de flotte d’équilibrer les attentes. Une tâche qui n’est pas des plus simples…
Dossier - Car policy : quels choix pour 2018 ?
- Politique flotte : quels changements pour 2018 ?
- Stéphane Page, Humanis : « Une car policy uniquement en essence »
- Virginie Ringot, Merisant France : « Un cadre qui facilite la gestion de flotte »
- Désignation des amendes : une mise à jour délicate
- Véhicules : quels modèles pour quelles fonctions ?
- Car policy : concilier attractivité et réduction des coûts
- Karine Braut, Generix Group : « Faire évoluer le catalogue pour 2018 »
- Didier Dupeyron, CHU Grenoble Alpes (CHUGA) : « Réduire la taille de la flotte »