
Difficile de séparer la baisse de consommation de carburant de la préservation de l’environnement. C’est une lapalissade qu’il est parfois utile de rappeler : un véhicule qui consomme moins est également un véhicule qui émet moins de gaz à effet de serre et épargne davantage les ressources naturelles. Sur ce sujet, les dernières nouvelles sont plutôt encourageantes. Comme chaque année, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a publié fin avril son palmarès des véhicules les moins émetteurs de carbone et donc les plus sobres en matière de consommation.
Selon Patrick Coroller, responsable du département transport de l’organisme, « la France est le pays d’Europe où la moyenne des émissions de CO2 des véhicules neufs est la plus faible ». L’Hexagone affiche 133 grammes au kilomètre. Ces statistiques s’appliquent au marché grand public comme à celui des entreprises. Pour les particuliers, la mise en place du bonus/malus et de la prime à la casse a joué son rôle à plein. Mais les entreprises ont aussi choisi des véhicules plus petits, ce qui ne les empêche pas d’être plus puissants que les anciennes générations de taille équivalente. Une rupture technologique à mettre au crédit des constructeurs. Pour autant, le choix et le renouvellement plus fréquent des véhicules ne sont pas les seuls leviers pour diminuer les consommations.
Former les gloutons
Les gestionnaires de flottes disposent d’une panoplie complète d’outils pour optimiser le poste de dépenses mobilisé par le carburant. Ce n’est pas un hasard si organismes de formation, pétroliers, loueurs longue durée, constructeurs automobiles et spécialistes de la télématique proposent aux entreprises de former leurs collaborateurs à l’éco-conduite. Pour Patrick Coroller, ces formations s’avèrent très rentables : « L’investissement est limité mais les bénéfices sont évidents. Entre un conducteur apaisé et un agité, la différence de consommation peut aller jusqu’à 30 %. De plus, il existe une réelle synergie entre conduite économique et conduite sûre. »
Quelle que soit la technique retenue – formation sur piste, simulateur, e-learning, outil de mesure embarqué –, les résultats sont au rendez-vous. Selon les sources, le gain oscille entre 5 et 15 %. Ces résultats dépendent de la situation qui prévaut au départ. Autre statistique intéressante livrée par Patrick Coroller : « Baisser les limitations de vitesse de 10 km/h sur route et autoroute réduit les consommations de 3 à 5 % ». En fonction de son budget, chaque entreprise peut mener des actions de sensibilisation plus ou moins approfondies. Cela étant, les mauvaises habitudes reprennent vite le dessus. Pour maintenir les résultats dans le temps et comme avec les formations à la sécurité routière, les piqûres de rappel doivent être régulières et le management impliqué.
Des options en vert
Autre piste explorée par certaines entreprises, les nouveaux carburants enrichis d’additifs généreraient, selon les pétroliers, une diminution de la consommation de près de 4 %. Total, avec Excellium, BP avec l’Ultimate, et Shell avec le V-Power, se sont engouffrés sur ce segment de marché. Il n’en reste pas moins que ces innovations affichent un prix supérieur à la pompe. En outre, pour Thierry Forien, directeur adjoint de la SIPLEC (Société d’Importation E. Leclerc), ces carburants répondent essentiellement à des stratégies de communication : « Leclerc utilise les mêmes additifs que les autres pétroliers, mais nous ne les mettons pas en avant car nous estimons que cela fait partie de notre métier. » Et en attendant que les motorisations électriques et hybrides se généralisent et que les biocarburants de deuxième génération apparaissent, le GPL pourrait devenir à nouveau une alternative crédible. Selon l’Ademe, ce carburant a représenté 1 % des véhicules immatriculés en 2009 contre 0,1 % en 2008.
Autre solution, généraliser le GPS à l’ensemble de la flotte. Une étude commandée par Navteq a ainsi mis en évidence une baisse de consommation qui peut aller jusqu’à 12 % sur 100 km. Une autre étude menée pour cette entreprise s’est intéressée à l’impact de l’information trafic sur les durées de parcours dans quatorze villes européennes. A Paris, les résultats ont montré que les automobilistes perdaient 134 heures sur les routes par an et pouvaient économiser 65 heures – soit 48 % du temps initialement prévu –, grâce à Navteq Traffic Patterns, la solution d’information sur le trafic proposée par le spécialiste de la cartographie numérique.
En 2009, l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise (OVE) a de même organisé un test grandeur nature pour évaluer les économies obtenues grâce aux systèmes de navigation. Bilan : les conducteurs munis d’un GPS ont parcouru jusqu’à 10 % de kilomètres en moins, consommé 9 % de carburant en moins et gagné 20 minutes en moyenne sur leur temps de parcours. D’autres options comme le système Stop&Start – qui permet de diminuer de 10 % la consommation en cycle urbain –, le régulateur de vitesse ou l’indicateur de consommation participent à la maîtrise du poste carburant.
Des technologies propres
Les technologies de la géolocalisation sont tout aussi prometteuses. En organisant mieux les tournées et les livraisons, ces systèmes de communication de machine à machine amènent à réduire les kilométrages effectués ou le périmètre de la flotte. Toujours au chapitre des technologies, les logiciels d’optimisation de tournées offrent l’opportunité de réaliser de belles économies. Selon Pierre-Yves Minarro, P-DG d’Opti- Time, les gains oscillent entre 20 et 50 % de la consommation ou du kilométrage. Et d’ajouter : « Alors qu’il fallait dix véhicules pour mener à bien les tournées, notre outil permet d’atteindre le même objectif avec huit. »
Une étude menée auprès de 200 responsables de flottes par l’Ifop et pour le compte de Speedy Fleet a mis en lumière quelques résultats intéressants sur les pratiques d’optimisation des consommations. Ainsi 26 % des entreprises interrogées ont mené des actions de formation à l’éco-conduite dans les douze derniers mois et 17 % ont l’intention de le faire. Elles n’étaient respectivement que 22 % et 12 % en 2009. Et 91 % des gestionnaires de flottes estiment que le budget automobile est optimisé. Cette étude montre également que le carburant est le premier poste de dépenses qu’ils jugent possible d’optimiser. La chasse « au gaspi » est encore ouverte pour de longues années.
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