Carburants : l’essence à l’attaque

Va-t-on, même au sein des flottes, vers la fin du tout-diesel ? La réponse serait positive à long terme si l’on en croit la place que tous les constructeurs accordent à l’essence dans leurs gammes destinées aux entreprises. Mais avec des nuances importantes. Et pour l’hybride rechargeable, dont les ventes demeurent encore symboliques, la situation est assez semblable.
- Magazine N°216
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Carburants : l’essence à l’attaque

Vous avez pu le noter en parcourant le dossier de notre précédent numéro consacré à l’offre des constructeurs : pour toutes les marques, l’offre essence gagne du terrain. Une évolution qui répond bien sûr à une demande avec, selon l’OVE, 65 546 ventes en essence dans les entreprises en 2015, en hausse de 48,8 % par rapport à 2014, sur un total de 730 763 VP et VU.

« Du côté des particuliers et des professions libérales, nous notons une augmentation significative de la demande en motorisations essence sur les segments des A1, A3 et A4. Avec la nouvelle A4, depuis son lancement en novembre 2015, la part de l’essence a quadruplé par rapport à la même période de 2014 », note Luc Deslaurier, chef du service ventes sociétés d’Audi France.

Les 10 premiers VP et VU électriques en entreprises en 2015

Renault Kangoo Z.E.

2 697

Renault Zoé

2 080

Goupil G3

435

Tesla Model S

392

Nissan Leaf

311

Nissan e-NV200

223

Ligier Propulse4

213

Peugeot iOn

180

Kia Soul

161

Smart Fortwo

158

Source : AAA Data, traitement OVE. Ce classement représente un échantillon de 6 850 véhicules sur les 7 467 immatriculations de VP et VU électriques.


France : immatriculations de VP par type d’énergie

Motorisations

2012

2013

2014

2015

Diesel

1 384 627

1 199 729

1 146 658

1 097 125

Essence

471 281

532 109

592 927

739 379

Hybride (électricité + essence)

18 021

32 799

33 634

61 619 (5 589 hybrides rechargeables)

Hybride (électricité + gazole)

9 869

13 946

9 509

Électricité

5 663

8 779

10 561

17 266

D’après les données du CCFA. Du fait de leurs immatriculations très réduites, sont exclus de ce tableau la bicarburation, le superéthanol et le GNV.

Une demande des flottes pour l’essence

Constat identique chez BMW : « Toutes clientèles confondues, les motorisations essence sont passées de 6 à 10 % du total de nos ventes de 2014 à 2015. Et les entreprises nous demandent des cotations en essence », confirme Aymeric Scheidecker, directeur des ventes entreprises. Pour répondre à cette attente, BMW décline en essence ses versions Business sur la Série 1, et élargira en 2016 cette offre à la Série 3 berline et Touring, et à la Série 2 Active Tourer et Gran Tourer. Autre constructeur, Peugeot propose des modèles essence en Business avec la 208, la 308, avant le 2008 mi-2016.

Cet intérêt tient aussi à un marché du VO qui fait de plus en plus de place à l’essence. « Il y a de fait une sensibilisation toujours plus forte des clients flottes à ce carburant. Une évolution à laquelle les loueurs sont très sensibles au vu de la demande de véhicules essence sur le marché de l’occasion », explique Philippe Flon, directeur des ventes sociétés, véhicules d’occasion et remarketing, de Ford France.

Effet de mode ou réalité durable, l’hybride rechargeable est aussi d’actualité, avec un petit 1 861 ventes entreprises en 2015, en forte progression. Certains constructeurs apportent déjà des réponses à cette demande émergente, avec des modèles hybrides rechargeables essence ou diesel. Chez d’autres, la réflexion est en cours ou bien avancée.

« L’absence de modèles hybrides rechargeables ne nous a pas pénalisés en 2015 et nous travaillons sur des projets à moyen terme », avance Hugues De Laage, directeur de Peugeot Professionnel France. Avec une offre qui devrait arriver par le haut de gamme et se diffuser rapidement aux autres segments. Chez Renault, pas d’hybride rechargeable, mais le constructeur lancera une Mégane en version Hybrid Assist au début 2017.

Chez Lexus, grand défenseur de l’hybride « classique », on reste assez circonspect : « Les hybrides rechargeables coûtent de 4 000 à 5 000 euros de plus que des hybrides équivalents, alors que leur bonus est passé de 4 000 à 1 000 euros en début d’année. Sans compter que l’autonomie en tout-électrique de ces modèles va s’accroître : il sera difficile de revendre un modèle avec une autonomie de 50 km alors que seront commercialisés des véhicules avec 100 km d’autonomie », argumente Patrick Dos Santos, responsable flottes de Lexus France.

L’hybride rechargeable ne fait pas l’unanimité

Positionné sur des niveaux de gamme moins élevés, la maison-mère Toyota fait bien sûr un constat semblable : « Les VR de nos hybrides se tiennent très bien sur le marché du VO, avec une forte demande de la part des acheteurs. En parallèle, alors que le marché de l’occasion se tourne vers l’essence, les VR des diesels sont mises sous pression », décrit Fabrice Martin-Blas, chef du département Toyota Entreprise et Toyota Occasions. Qui va commercialiser une version Business pour la Yaris essence à la fin du premier trimestre.

Alors, diesel, essence, hybride ou hybride rechargeable ? On s’en doute, la réponse est liée à l’utilisation des véhicules. Et sans compter l’impact d’une fiscalité qui demeure pour le moins instable ces dernières années…

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