
Pour la plupart, les gestionnaires de flotte sont avant tout des techniciens spécialistes des véhicules. Ce qui leur confère des atouts pour mener à bien leur travail. « Pour faire le “job“, le gestionnaire de flotte technicien doit maîtriser des compétences techniques pures, précise anonymement Philippe, responsable des 1 650 véhicules du siège social d’une multinationale industrielle. Cela signifie connaître parfaitement l’environnement du monde automobile et la mécanique. Et, bien sûr, être titulaire du permis pour déplacer les voitures si besoin… »
Mais pour progresser, ce gestionnaire devra maîtriser l’environnement informatique, être à...
Pour la plupart, les gestionnaires de flotte sont avant tout des techniciens spécialistes des véhicules. Ce qui leur confère des atouts pour mener à bien leur travail. « Pour faire le “job“, le gestionnaire de flotte technicien doit maîtriser des compétences techniques pures, précise anonymement Philippe, responsable des 1 650 véhicules du siège social d’une multinationale industrielle. Cela signifie connaître parfaitement l’environnement du monde automobile et la mécanique. Et, bien sûr, être titulaire du permis pour déplacer les voitures si besoin… »
Mais pour progresser, ce gestionnaire devra maîtriser l’environnement informatique, être à l’aise tant à l’oral qu’à l’écrit, et connaître les techniques pour alimenter son environnement en tableaux de bord divers et variés. Il est également important de posséder des qualités relationnelles pour comprendre les besoins des utilisateurs en interne et des prestataires en externe. Ensuite, comme on ne fait pas que de la production, il pourra être intéressant, pour être promu, de savoir gérer son temps et d’être autonome. Pour bien faire son travail, ce gestionnaire doit prioriser ses actions et les planifier. Un fonctionnement qui le fait pénétrer, par le biais de micro-actions, dans le monde de la gestion de projets.
Des compétences pas seulement techniques

« Mais passer d’un poste de gestionnaire-employé-technicien à cadre demeure difficile, souligne la recruteuse Albane Guerrier, dirigeante de la division Facility Management du cabinet de recrutement Michael Page. Il faut être irréprochable sur l’administratif, être à l’aise avec les prestataires externes, comprendre les besoins des salariés pour les devancer et être polyvalent. Et rares sont les personnes qui évoluent si elles ne se montrent pas à l’affût de toutes les nouveautés. »
La promotion est pourtant loin d’être impossible. « Le métier de gestionnaire de flotte est relativement ouvert, modère la consultante en recrutement Delphine Vassal, directrice du cabinet Fed Office. Pour percer, il faudra additionner des compétences techniques comme la maîtrise de l’informatique, de la gestion, une affinité pour l’automobile, avec des compétences comportementales comme la flexibilité et l’empathie. » Avec tout cela et un bac, le gestionnaire de flotte peut se promouvoir et atteindre des postes rémunérés environ 60 000 euros bruts par an, selon cette recruteuse.
Une gestion de flotte « sur le tas »

« Car la gestion de flotte s’apprend “sur le tas“, avec une chance donnée aux salariés expérimentés qui acquièrent des connaissances, passent d’un poste ou d’un employeur à l’autre. Le métier constitue une niche intéressante avec des opportunités pour peu que l’on évolue tous les trois à cinq ans », poursuit Delphine Vassal.
Philippe, notre premier témoin, a fait sienne cette méthode de changer régulièrement d’emploi. Il a donc effectué tout le parcours conduisant du technicien-gestionnaire de flotte quasi autodidacte à un poste de cadre de haut niveau. Titulaire d’un baccalauréat, il a débuté comme technicien dans le domaine de la filtration avant de se retrouver promu adjoint, puis responsable d’un atelier de mécanique. Il a ensuite « basculé » au service achats dans la même entreprise pour se former, dans les années 2000, via une licence professionnelle en logistique. Il a alors pu décrocher un poste de responsable logistique avec, dans sa fonction, la gestion de la flotte. Il est responsable de l’ensemble du parc depuis 2016.
Pour passer de technicien à cadre, des limites professionnelles sont à dépasser. Dans la mesure où un responsable de flotte doit se mettre en avant, l’une des premières limites du gestionnaire-technicien est de savoir et pouvoir communiquer, de s’intéresser aux nouveautés et de faire de la veille sur la partie légale et réglementaire. Bref, comme le note la recruteuse Albane Guerrier, les employeurs recherchent des « couteaux suisses capables de gérer de multiples problèmes ».
Face à ces exigences, le gestionnaire-technicien peut pécher par son faible niveau de connaissances en conseil. « Il a du mal à prendre du recul, pointe Maxime Sartorius, dirigeant du fleeteur Direct Fleet. Et encore plus de difficultés à démontrer les économies qu’il fait faire. Pourtant, il doit montrer que, par exemple, surveiller les cartes carburant peut générer un gain important. » Il existe de fait une multiplicité de leviers à actionner pour baisser les coûts : le bon gestionnaire de flotte les connaît et sait les évoquer. Enfin, le gestionnaire-technicien aime bien rester caché. Il ne veut pas s’exposer et a du mal à se projeter, à aller voir les achats, les RH, les finances, la comptabilité.
Démontrer et se montrer
Or, si le service achats ne prend pas en compte, ou mal, les problématiques de la flotte, il choisira des modèles en porte-à-faux avec la politique du gestionnaire. La relation avec les autres départements de l’entreprise reste donc primordiale pour la réussite de ce gestionnaire dans ses fonctions… et sa promotion. « Mais dans les entreprises, reprend Maxime Sartorius, on reproche à ces gestionnaires d’être trop techniciens et pas assez fleet managers. » C’est donc cela qu’il faut changer pour progresser.
Toutes ces étapes, l’autodidacte Franck Wernet, aujourd’hui fleeteur, les a vécues. Il a débuté sa carrière chez un loueur longue durée : agent de comptoir, il réalisait des devis et recevait la clientèle. Il a proposé d’optimiser les processus pour se lancer dans la gestion de flotte. Il est alors devenu gestionnaire de 80 véhicules pour ce loueur. Il s’est occupé des réparations des engins et de la mise à disposition des voitures afin d’intensifier leur utilisation.
Définir une stratégie
« J’ai vite compris, mon bac en poche, que la gestion de flotte était un métier d’avenir. J’ai alors prospecté un employeur qui recherchait un gestionnaire pour une gestion de A à Z. J’y ai fait mes premières armes en apprenant beaucoup du gestionnaire partant à la retraite : négociations avec les prestataires, optimisation du parc, gestion des sinistres, coopération avec les assureurs. J’ai appris sur le tas. J’ai analysé, avec eux, le fonctionnement des assureurs et des loueurs. Je me suis formé sur internet et avec la presse, pour me lancer ensuite dans le monde des fleeteurs en montant ma société », relate Franck Wernet.

Pour être promu, le gestionnaire de flotte technicien doit donc définir une stratégie. Et cette dernière passe par l’acquisition de compétences. « Je leur conseille aussi de se professionnaliser, confirme Hélène Billon, directrice Facilities & Mobility Management pour Orange, soit 80 salariés et 18 000 véhicules. Bien souvent, les gestionnaires de flotte se consacrent à plusieurs activités. Ils doivent se concentrer sur la mobilité : c’est l’avenir. Cela demande des compétences en gestion de flotte, bien sûr, mais aussi sur tout l’éco-système qui les entoure : pétroliers, loueurs, dirigeants, salariés. Dans ce contexte, avoir du “leadership“ est un atout important. Ces gestionnaires doivent entraîner les autres derrière eux. Je suis aussi à la recherche de gestionnaires “forces de proposition“, capables de m’apporter des solutions, de nouvelles perspectives et de proposer – quitte à prendre des risques », décrit Hélène Billon.

Un constat que partage Bruno Renard, chef du service vie du centre et coordonnateur de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) du CEA de Grenoble. Ce dernier a dans son équipe trois gestionnaires de flotte pour les 130 véhicules en parc. « C’est vrai qu’il y a un souci dans la promotion des techniciens-bac + 2, souligne-t-il. Mais cela peut se débloquer pour celui qui sait se valoriser, qui travaille sur le plan de mobilité. C’est l’avenir. Je conseille de se rapprocher des sociétés sans stratégie de plan de mobilité. Cela contribue à élargir son périmètre d’activité et à renforcer son employabilité. »
Aller vers le mobility management

« Cela peut valoir le coût de décrocher un poste de mobility manager, complète Fanny Marzocca, ancienne gestionnaire de flotte et désormais chargée d’affaires en mobilité pour le CEA de Grenoble. Mais il faut avoir conscience que ce poste très intéressant implique des relations avec des collectivités, un sens politique, de la diplomatie. On doit jongler entre différents sujets et il faut apprendre à apprendre. D’où la quasi-nécessité d’être titulaire d’un diplôme d’au moins le niveau licence. »
En pratique, ce changement professionnel doit être initié lors des entretiens annuels d’évaluation. Et dans certaines sociétés, passer d’employé à cadre nécessite l’obtention d’un diplôme bac + 4/5. « Mais ce n’est pas obligatoire, commente Cindy Triaire, consultante en communication managériale et développement personnel du cabinet Tremplin Carrière. Il peut suffire de renforcer ses compétences en conduite de réunion et en gestion du temps, cela facilite la prise de fonction. » Et cela peut passer par des formations courtes. Il faut aussi démontrer son intérêt pour les responsabilités, la gestion d’équipe, la coordination, puis mettre en avant des développements.

« Ensuite, il faudra s’adresser à son supérieur en suivant la technique du sandwich en trois tranches : 1 Exprimer sa frustration de ne pas évoluer ; 2 Avancer un argument positif du type : “J’aspire à m’impliquer davantage“ ; 3 Conclure par un élément prospectif : “Je souhaite faire mes preuves en basculant sur un poste de responsable de flotte avec un travail sur le plan de mobilité », conclut Cindy Triaire.
Une dernière recommandation d’Amel Djeghidel, responsable des 400 véhicules de Radio France : « Il est aussi important de ne rien lâcher. J’ai passé des entretiens. Deux fois sur trois, je n’ai pas été retenue. J’étais intérimaire et suis maintenant cadre. Si l’on montre que l’on a envie d’apprendre, on peut réussir en mettant en avant ses idées. J’ai ainsi demandé à mes employeurs de m’occuper de cahiers des charges ou remis à jour le catalogue des véhicules de fonction sans qu’on me le demande. Prendre des initiatives paie toujours car la gestion de flotte permet de belles ascensions dans la mesure où elle génère des économies importantes », conclut cette responsable (voir aussi le témoignage). À vos marques !
Dossier - Carrière : de technicien à gestionnaire de flotte
- Carrière : de technicien à gestionnaire de flotte
- Comment décrocher une promotion quand on est technicien supérieur ?
- Amel Djeghidel, Radio France : « Comprendre les attentes des collaborateurs et de la hiérarchie »
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