Avec son BTS action commerciale, Cristelle Lauvergnat est le symbole des (bonnes) progressions de carrière dans le monde des gestionnaires de flotte et mobility managers. Cette responsable du parc automobile de Solocal (2 200 salariés, 650 véhicules) travaille dans cette entreprise de publicité et communication depuis 18 ans.
« En 2014, la flotte de ma société s’est développée. J’ai évolué parallèlement à mon poste en améliorant la car policy, en analysant le TCO et en mettant en place les réponses pour suivre les évolutions législatives, relate Cristelle Lauvergnat. Au fur et à mesure, j’ai acquis de nouvelles expertises et des compétences que j’ai pu valoriser par des augmentations salariales. J’ai aussi mené des projets transverses avec le service RSE (responsabilité sociétale de l’entreprise) ou avec les RH », poursuit cette responsable.
Une carrière de gestionnaire de flotte dans le privé…
Pendant toutes ces années, Cristelle Lauvergnat s’est auto-formée dans des salons ou par le biais d’appels d’offres lancés auprès des fournisseurs. « J’ai beaucoup appris. J’ai aussi suivi une formation en mobility management en juin 2022. Bref, j’ai su me tenir informée et rester en veille stratégique grâce à des newsletters, des contacts avec les fournisseurs ou mes homologues. Ces derniers sont toujours de très bon conseil pour développer notre expertise. Enfin, j’ai su aussi faire savoir », note cette responsable.
Cristelle Lauvergnat pratique cette politique « de reconnaissance » depuis peu et trouve important de tenir au courant son entourage professionnel des actions qu’elle mène. « J’explique à ma direction la stratégie que je prône, pourquoi je l’envisage et les solutions possibles. Prenons la question des ZFE-m (zones à faibles émissions-mobilités) qui interdisent à terme certains véhicules : j’expose à mes supérieurs pourquoi il est urgent de changer la car policy, pourquoi je vais abandonner le diesel et par quoi je vais le remplacer. Je fais donc des propositions, j’argumente tout en maîtrisant le budget », conclut Cristelle Lauvergnat.
… une autre dans le public
Passons maintenant au secteur public. Éric (son nom a été changé à sa demande), 49 ans, a débuté sa carrière avec un niveau bac au garage municipal d’une commune, en tant que gestionnaire d’une flotte de quarante véhicules. En 1995, le jeune homme était alors payé 12 000 euros bruts par an. Il a ensuite migré vers d’autres fonctions pour s’occuper du nettoyage de véhicules industriels et d’un service de quarante salariés. « J’y suis resté 17 ans, précise-t-il, pour finalement décrocher le poste de responsable de la flotte, avec un salaire de 33 600 euros bruts par an. »
C’est alors que sa carrière s’est accélérée. En 2018, Éric a été recruté par une préfecture de 50 000 habitants avec, sous ses ordres, 200 véhicules et un service à réorganiser, pour 44 200 euros annuel bruts. Deux ans plus tard, « ayant fait le job », Éric a accepté l’offre d’une autre commune avec une tâche assez similaire, toujours pour une flotte de 200 voitures, mais avec un salaire de 46 800 euros bruts par an.
Changer d’employeur
« J’ai alors été approché par une communauté de communes pour un poste de responsable des moyens généraux. J’ai pris ce poste fin 2022. Je perçois toujours 46 800 euros bruts par an mais pour une fonction plus importante, et dans une collectivité locale de 2 200 agents, avec 800 véhicules mais aussi l’organisation de la gestion du mobilier et des accès. Et comme j’ai passé un concours pour devenir attaché, je vais percevoir en 2023 environ 51 000 euros bruts par an », détaille Éric.
« Je progresse régulièrement pour plusieurs raisons, reprend Éric. Tout d’abord, je travaille sur de nombreux projets et des sujets toujours nouveaux : dossiers de subvention, électrification des flottes, stratégie de renouvellement. Dans mon réseau, cela a fini par se savoir : j’ai donc été approché et/ou j’ai pu savoir quand un poste se libérait. Ensuite, j’ai toujours aidé mes collègues qui souhaitaient bénéficier de mes connaissances et de mon expérience. Un tiers que j’avais aidé m’a ainsi proposé mes deux derniers postes », expose Éric.
Évoluer vers la mobilité
« Pour la suite, le poste de mobility manager pourrait être intéressant, anticipe Éric. Il globalise beaucoup d’actions, de la mobilité vers le domicile à celle du travail. Et le marché est favorable : de grandes sociétés cherchent des mobility managers. J’ai été amené à en conseiller quelques-unes : elles ont les mêmes problématiques et enjeux que le public, mais elles sont moins subventionnées », constate Éric. Qui reste attentif aux offres d’emploi. « J’en reçois deux à trois par semaine. Sur Linkedin, c’est pareil. Beaucoup de grands groupes se rendent compte que la mobilité constitue un enjeu majeur de société et sont à la recherche de spécialistes. De ce fait, le responsable de flotte, considéré auparavant comme un acteur de la réparation des véhicules, devient un stratège de la mobilité de demain. Cela implique de se former pour obtenir ces jobs », conclut Éric.