Cartes carburant poids lourds : alternatives et numériques

Pour accompagner les transporteurs dans la transition énergétique, les fournisseurs de cartes carburant étendent la couverture de leurs offres aux stations GNV ou de recharge électrique. Ils multiplient aussi les services numériques en faveur de la réduction des consommations, avec la dématérialisation en ligne de mire.
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Carte-carburant-DKV

Depuis que les fournisseurs de cartes carburant ont emprunté le virage numérique puis celui de la mobilité, les services associés à l’achat de carburant à l’aide de leurs cartes multi-énergies ne cessent de s’étoffer. Outre l’accès étendu aux stations GNV, aux bornes électriques, voire aux stations de ravitaillement en hydrogène, les pétroliers et fournisseurs de cartes de paiement accélèrent la numérisation du transport. Et ils proposent aux utilisateurs une gestion en ligne ou mobile simplifiée, des services de suivi des livraisons et de nombreux reportings de leurs consommations.

Les cartes peuvent aussi se coupler à des boîtiers télématiques désormais fournis par les opérateurs tels que DKV, UTA ou Shell. Et elles tendent à se dématérialiser sur smartphone ou directement dans le tableau de bord des camions connectés. Depuis près de deux ans, avec le renforcement des accords de partenariat entre les pétroliers, fournisseurs de cartes et la grande distribution, un même support de paiement est de fait accepté dans la quasi-totalité des stations européennes, y compris à bas coût.
Pour les transporteurs, le choix d’une carte carburant dépend de l’activité, régionale, nationale ou européenne, et de la stratégie autour du poste carburant. D’un côté, les entreprises ont accès aux cartes des pétroliers (AS24/TotalEnergies, Shell, BP/Esso, etc.) et fournisseurs historiques, compatibles dans leurs réseaux européens de stations. Un seul moyen de paiement garantit alors l’accès aux carburants quels que soient les trajets, à des tarifs maîtrisés et souvent fixes.

Le choix d’un réseau

D’un autre côté, à l’échelle nationale ou régionale, les entreprises peuvent retenir les cartes professionnelles des acteurs de la grande distribution comme Intermarché, E.Leclerc ou Carrefour, avec des réseaux de stations nettement moins étendus mais des tarifs avantageux (voir le tableau page ci-contre). C’est donc par les services, l’accompagnement des transporteurs et la numérisation que les acteurs du marché cherchent à se différencier.
Depuis quelques années, les distributeurs intègrent aussi à leurs cartes l’achat de carburants alternatifs : GNV ou bioGNV, AdBlue, huiles végétales HVO, électricité ou hydrogène. Ils accroissent peu à peu le nombre de stations offrant ces carburants le long des grands corridors routiers ou investissent dans l’installation de bornes de recharge électrique dans leur réseau en propre ou ceux de leurs partenaires.

Le numérique au cœur des services

Avec les progrès technologiques et la numérisation, les fournisseurs collectent pareillement les données de consommation pour le compte des transporteurs qu’ils peuvent accompagner dans l’optimisation des dépenses et la diminution de l’empreinte carbone à l’aide de certificats d’économies d’énergie (CEE) ou de crédits CO2. Pour leur part, les conducteurs ont accès à des applications mobiles pour gérer leurs itinéraires, dématérialiser les documents de transport ou leurs notes de frais et identifier automatiquement les étapes de livraison. Les géants pétroliers ou les fournisseurs historiques ajoutent également aux cartes carburant des boîtiers télématiques, des services de télépéage ou de taxe routière. Ils étendent les fonctions des cartes au paiement du lavage des véhicules, à la réservation en ligne, à l’accès aux parkings ou au dépannage.

Des paramétrages

Avec de nouvelles générations de cartes à puce à la sécurité cryptographique renforcée et issues du secteur bancaire, les outils de gestion accessibles sur les portails client en ligne se sont aussi de fait améliorés. Ils intègrent des fonctions de paramétrage des règles d’usage. On peut ainsi limiter la fréquence des pleins, définir des plafonds, des stations ou zones géographiques autorisées ou non, ajouter ou ôter différentes options de paiement.

Ces services ne sont pas nouveaux mais ils se sont nettement améliorés depuis l’intégration d’outils de business analytics et d’intelligence artificielle (IA). Automatiquement, les utilisateurs sont alertés de toutes les dérives d’achat de carburant ou d’évènements anormaux. Ils accèdent à des rapports de consommation par véhicule ou pour l’ensemble de la flotte. À l’aide d’interfaces avec les solutions embarquées de gestion de flotte, l’IA compare les données opérationnelles et techniques aux données de carburant. Cela permet d’automatiser la détection d’irrégularités qui peuvent être corrigées par les conducteurs ou les gestionnaires.

Des services aux conducteurs

En parallèle, les fournisseurs mettent à jour, en moyenne une fois par an, leurs applications mobiles pour administrer les cartes ou offrir des services aux conducteurs. On retrouve ainsi des applications de géolocalisation des stations de proximité avec les tarifs en vigueur pour tous les types d’énergie disponibles. Ces applications intègrent le calcul d’itinéraires pour guider les conducteurs jusqu’à la station choisie. Les plus avancées vont jusqu’à intégrer des fonctions de tracking des tournées avec le calcul de l’horaire estimé d’arrivée et la possibilité de réserver des créneaux d’enlèvement.
Cette numérisation sert en outre à bénéficier de flux continus d’informations sur les transports, ensuite employés par les opérateurs pour mettre en avant l’accompagnement personnalisé. Des acteurs proposent aussi de déployer des analystes dans l’entreprise. ILs peuvent ainsi aider les transporteurs à limiter leurs émissions de CO2 avec l’éco-conduite ou l’installation d’informatique embarquée.

Des applis pour les conducteurs

En 2022, une tendance forte consiste enfin à dématérialiser les cartes sous la forme d’une application mobile accessible sur smartphone ou via l’écran Android du camion. Le service est prêt. Mais les fournisseurs restent dans l’attente d’une mise à jour des bornes ou des logiciels de caisses fournis aux stations par Tokheim ou Lafon entre autres, avant de généraliser l’offre. Son intérêt : s’affranchir d’une carte physique et autoriser la prise de carburant depuis l’application mobile qui géolocalise le véhicule et « dialogue » avec la pompe. Les transporteurs n’auraient alors plus à attendre de recevoir une carte pour fournir un moyen de paiement, par exemple à un nouveau conducteur de l’entreprise qui peut immédiatement prendre la route.

Réseaux fournisseurs en nombre de stations PL en Europe*

AS24/TotalEnergies GR 17 000
Shell (PL) 2 370
BP/Esso/Wex GO 6 050
DKV Fuel Card 80 000
UTA Card 55 000
Edenred Ticket Fleet Pro 3 400
EasyFuel 3 990
C2A 2 300
Intermarché Pro 650
E.Leclerc Pro 556
Carrefour Pro 630
Auchan Pro 240
*Liste non exhaustive
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