« Le CEA Grenoble a été pionnier en France dans l’organisation d’un PDE en 2001, rappelle Bruno Renard. Mais après une quinzaine de plans de déplacements d’entreprise (PDE) et inter-entreprises (PDIE) organisés sur la Presqu’Île grenobloise, nous avons décidé d’aller plus loin en organisant en 2011 une journée de la mobilité durable (JMD). J’y ai inclus – ce qui ne se faisait jamais – les thématiques de la prévention routière et de l’accessibilité », poursuit le chef du service vie du centre et coordonnateur de la responsabilité sociétale de l’entreprise.
Lors de cette journée, l’ambition était de rendre le site de 70 hectares et un village de 50 000 m2 100 % accessibles pour les personnes à mobilité réduite ou avec une déficience intellectuelle. « Nous avons entre autres mis à disposition des fauteuils électriques tout-terrain pour certains accès et utilisé des astuces empruntées aux plages pour circuler dans des zones trop sableuses », explique Bruno Renard.
Un PDE sans cesse élargi
Par la suite, l’accessibilité a été intégrée au PDE du CEA. L’objectif des JMD était d’abord de sensibiliser les salariés du CEA, puis tous ceux de la Presqu’Île grenobloise, et l’événement s’est élargi lors de la dernière édition en 2017 en s’associant avec le premier forum international Creative Mobilities. Ont notamment été exposés une dizaine de véhicules adaptés très innovants, en partenariat avec des fabricants dans le cadre d’un concours d’innovation. Et une piste d’essais de fauteuils électriques innovants a aussi été construite.
« En parallèle, nous avons ajouté les trajets professionnels à notre PDE qui ne couvrait que les trajets domicile-travail. Cela nous a donné un point de vue systémique sur l’ensemble des déplacements des salariés, expose Bruno Renard. Et alors que la plupart des entreprises fonctionnent en silos avec un responsable mission handicap, un gestionnaire de véhicule, un chargé de prévention et un chargé de plan de mobilité, le CEA de Grenoble a réuni l’ensemble de ces missions au sein d’une seule entité. Ces deux grandes innovations sont l’une des preuves que le métier de gestionnaire de flotte n’est plus du tout le même : il n’est plus cantonné à une gestion basique mais devient un métier RSE centré sur la multi-modalité. »
Pour Bruno Renard, la clé du succès réside dans cette approche systémique : « Plutôt que de travailler uniquement sur le handicap, nous travaillons plus globalement sur la diversité et l’accès à l’emploi, ce qui permet de bénéficier de plus de moyens et de ressources, et de gagner en efficacité », argue-t-il.
La clé de l’approche systémique
Sans non plus oublier de miser sur la mutualisation des ressources avec d’autres entreprises, les échanges de bonnes pratiques et les appels à idées. « Après des années de recherche, le maître mot reste la pertinence », conclut-il. Et ce, qu’il s’agisse de la mobilité des salariés handicapés comme de celle des autres collaborateurs : pour mémoire, avec son plan de mobilité, le CEA de Grenoble essaie de faire en sorte que les salariés n’aient plus besoin de voiture, et cet objectif est atteint avec déjà 70 % de report modal.
Un bâtiment 100 % handi-accueillant
Le CEA de Grenoble a inauguré il y a trois ans un bâtiment démonstrateur 100 % handi-accueillant. « La recherche d’évolutions technologiques sociétales est dans l’ADN du CEA. Nous avons voulu transférer cette compétence dans le domaine de la mobilité, sachant que nous avons un site avec 250 bâtiments et 35 km de route, relate Bruno Renard. Comment se déplace-t-on pour arriver à son laboratoire, comment entre-t-on dans le bâtiment et accède-t-on à son bureau ? Avec ce bâtiment, nous testons différentes solutions. » Si le défi peut sembler de taille, il serait à la portée des entreprises et collectivités. « Rendre un bâtiment ou un service handi-accueillant à 95-96 % est déjà une réussite, on trouve toujours des solutions pour les quelques pourcents restants », affirme Bruno Renard.
La flotte du CEA de Grenoble en chiffres
• 130 véhicules dont plusieurs véhicules de fonction et de service adaptés