
« La démarche d’achat des véhicules électriques a débuté en 2008 », retrace Lionel Boudy, technicien supérieur hospitalier, responsable de la gestion de la flotte et de la maintenance du centre hospitalier Esquirol, spécialisé dans la santé mentale. Cette année-là, l’établissement adoptait le programme d’actions lié à l’Agenda 21 qui prévoyait parmi ses différentes mesures des actions sur les déplacements des personnels.
Les premiers achats de véhicules électriques remontent à 2011 : il s’agissait alors de Simplycity, les utilitaires de la région Poitou-Charentes, employés par les services techniques « intra-muros » – le centre Esquirol est...
« La démarche d’achat des véhicules électriques a débuté en 2008 », retrace Lionel Boudy, technicien supérieur hospitalier, responsable de la gestion de la flotte et de la maintenance du centre hospitalier Esquirol, spécialisé dans la santé mentale. Cette année-là, l’établissement adoptait le programme d’actions lié à l’Agenda 21 qui prévoyait parmi ses différentes mesures des actions sur les déplacements des personnels.
Les premiers achats de véhicules électriques remontent à 2011 : il s’agissait alors de Simplycity, les utilitaires de la région Poitou-Charentes, employés par les services techniques « intra-muros » – le centre Esquirol est doté d’une surface de 30 hectares et de plusieurs pavillons. En 2012, d’autres modèles électriques ont fait leur apparition dans la flotte : deux C-Zéro financés en location sur deux ans. « Cela nous a permis de mener des phases tests en interne, entre autres pour les vaguemestres et la distribution du courrier, ou les prélèvements des laboratoires », rappelle Lionel Boudy.
Faire accepter l’électrique
Ces deux voitures ont aussi offert l’occasion de familiariser l’ensemble des agents avec l’électrique. « Mais pour le personnel, le gros déclic s’est produit en 2013 quand Renault nous a prêté une Zoé pour une semaine, explique le responsable. Nous avons pu alors mieux présenter le véhicule électrique en le mettant en situation avec différents personnels, et le faire accepter auprès des professionnels susceptibles d’y faire appel, par exemple en les rassurant sur l’autonomie. » Parmi ces personnels figurent les vaguemestres mais aussi l’ensemble des personnels de santé qui se rendent au chevet des malades à l’extérieur du site.
Fort de cette expérience, le centre hospitalier a multiplié les voitures électriques les années suivantes. « En 2014, nous avons acheté quinze Zoé déployées sur tous les secteurs que nous avions pu cibler lors de la phase test, et deux autres en 2015. En 2016, nous avons acheté six Zoé et trois Kangoo Z.E. : nous avons convaincu les collègues des services techniques de recourir à ces véhicules, très pratiques intra-muros. En 2017, nous avons acheté deux Zoé et deux Kangoo Z.E., et en 2018, une Zoé. En 2019, nous prévoyons l’acquisition de nouveaux véhicules électriques », anticipe Lionel Boudy.
Pour s’assurer de l’adéquation des véhicules et de leur autonomie avec leurs utilisations par les agents, le responsable de la flotte a étudié les besoins des différents services, notamment en se basant sur les carnets de bord des véhicules en parc. « À moins de 80 km par jour, nous ne prenions aucun risque à doter les services d’un véhicule électrique, même en conditions de froid », estime Lionel Boudy. Et si l’électrique n’était pas envisageable, le responsable s’est tourné vers les modèles les plus adaptés, en choisissant de délaisser peu à peu les diesel pour des véhicules essence.
Des véhicules « au pot commun »
L’analyse des besoins a généré un autre bénéfice : elle a contribué à lancer l’autopartage. « Les véhicules sont attribués pour la plupart mais dès le démarrage de l’Agenda 21 en 2008, nous avons mis en place la possibilité de pratiquer l’autopartage », détaille le responsable. À cette époque, une solution logicielle développée en interne organisait la rotation des véhicules entre conducteurs. « Dès qu’un service n’employait pas un véhicule, il était remis au ‘‘pot commun’’ avec une indication de la fenêtre de disponibilité », indique Lionel Boudy.
Mais le système ne s’est pas révélé suffisamment fiable à long terme. « Les utilisateurs en deuxième main n’étaient pas assez habitués à l’utilisation du véhicule, à remplir le carnet de bord, faire le plein, ou bien ils se trompaient de véhicule lors de l’emprunt », poursuit le responsable. Une mauvaise utilisation qui pouvait se montrer problématique, particulièrement pour retrouver les auteurs d’infractions verbalisées.
« Depuis le début de l’année, nous avons choisi de stabiliser ce système grâce à un logiciel, Résallier d’Informakit, associé à une armoire à clés Traka à laquelle les personnels accèdent grâce à leur carte professionnelle », expose Lionel Boudy. Et le bénéfice du logiciel ne se limite pas à une meilleure gestion des véhicules mis au « pot commun », il contribue aussi à l’optimisation du parc. « Avec le logiciel, nous pouvons savoir si certains services sont surdotés en véhicules. Et nous pouvons aussi limiter le nombre de véhicules de remplacement. »
Des deux-roues électriques aussi
Car pour améliorer son bilan carbone, le centre hospitalier Esquirol ne mise pas seulement sur les véhicules : il met en avant des vélos électriques qui ont commencé à se déployer dans la flotte en 2010. Ces deux-roues sont conduits par les personnels pour de petits trajets à destination du CHU voisin, ou encore pour des réassorts de cuisine avec le seul triporteur de l’établissement. « Il sert aussi pour des ‘‘réclamations’’, complète le responsable, quand il faut livrer un repas à un patient qui n’était pas prévu. »
Cette flotte électrique va bien sûr avec un dispositif de bornes de recharge. Tandis que les vélos à assistance électrique se rechargent sur une prise classique, les Zoé peuvent se charger selon trois modes : quatre bornes doubles de 22 kWh pour une recharge rapide de 80 % en une heure, dix bornes murales en 3,7 kWh destinées aux charges de nuit et, enfin, pour les Kangoo Z.E., des prises Green’Up vendues avec le véhicule et installées dans les locaux des services techniques. Le centre Esquirol a aussi implanté des recharges extérieures dans son réseau de centres destinés à accueillir des patients dans la Haute-Vienne.
Reste la question du coût de ces choix pour la structure. « Nous ne réalisons pas d’économies mais cela ne nous coûte pas plus cher », répond Lionel Boudy à propos de la flotte électrique.
Des gains à peser
Les 31 véhicules électriques parcourent sur une année environ 155 000 km. « Avec une consommation moyenne de 6,5 l/km chez nous, le gain réalisé correspond à 10 000 l de super sans plomb, ce qui couvre en grande partie le coût de la location des batteries », estime Lionel Boudy. Et l’hôpital n’envisage pas de délaisser cette location au profit de l’achat : « La location représente un coût plus élevé mais elle nous assure un remplacement par le constructeur en cas de défaillance », justifie le responsable.
Dans la balance des arguments en faveur de l’électrique pèse aussi le bilan carbone des déplacements. « L’économie de carburant contribue à remplir notre Agenda 21 », note le responsable. L’avantage économique des véhicules électriques s’apprécie pareillement sur le poste de la maintenance, « beaucoup moins importante que pour les modèles thermiques. En dehors des pneus et du lavage, nous avons très peu d’interventions sur les véhicules », relève Lionel Boudy.
Une maintenance sur laquelle l’hôpital possède une vision très fine puisqu’il exploite un atelier intégré. « La croissance du nombre des véhicules électriques a provoqué une baisse d’activité au garage mais simultanément, le CHU nous a confié la maintenance de son parc. Ce qui a abouti au maintien des effectifs du garage que nous avons même renforcés », pointe Lionel Boudy qui est aussi responsable du service garage de la structure.
Mais les dimensions écologique et économique ne constituent pas la seule motivation du centre hospitalier : cette institution spécialisée dans la santé mentale compte aussi sur les véhicules électriques pour créer un environnement plus silencieux pour ses patients. Le pari semble gagné.