Possession d’une voiture : quelles perspectives ?

Selon une étude de l’observatoire Cetelem, 80 % des possesseurs de voiture y restent attachés et la voiture est indispensable pour 39 % d’entre eux. À l’inverse, ne pas posséder de voiture est avant tout une question de coût. Et les fractures s’accentuent entre milieux urbain et rural, ainsi qu’entre les générations.
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etude observatoire cetelem

L’observatoire Cetelem – structure d’études et de veille économique du groupe BNP Paribas Personal Finance – a publié les résultats de son étude annuelle sur le marché automobile, consacrée cette année à la « fracture automobile ». Dans ce cadre, l’institut Harris Interactive a interrogé 10 000 personnes âgées de 18 à 65 ans dans 15 pays, dont 3 000 en France, et ce du 30 août au 20 septembre 2019.

Premier enseignement : 80 % des sondés en moyenne se sont déclarés attachés au véhicule qu’ils possèdent en 2019 (82 % en moyenne en Europe et 81 % en France). Des proportions identiques à celles mesurées par l’observatoire en 2017 où 8 personnes sur 10 déclaraient qu’il était hors de question de se passer de leur voiture.

etude observatoire cetelemLa possession d’une voiture encore indispensable

Cette tendance touche en particulier les plus jeunes : 82 % en moyenne des 18-34 ans se sont dits attachés à leur véhicule (84 % en Europe et 82 % en France), contre 75 % des 55 ans et plus (79 % en Europe et 80 % en France). « Parce que les « millennials » habitent plus naturellement en ville, c’est dans les agglomérations de plus de 1 million d’habitants que l’affection pour l’automobile est le plus revendiquée », note aussi l’observatoire.

etude observatoire cetelemLa possession d’une voiture a avant tout un fondement logique : 39 % des sondés ont indiqué que c’était tout simplement un moyen de transport indispensable pour leurs déplacements, et plus particulièrement les ruraux (47 %) et les seniors (44 %). Ainsi, 32 % des sondés ont indiqué qu’ils n’étaient pas prêts à s’en séparer parce qu’ils n’avaient pas d’autres alternative. Ce chiffre grimpe à 44 % chez les Français. « Ce résultat explique en creux pourquoi toucher en France à l’automobile peut se transformer en sujet potentiellement explosif », commente l’observatoire, citant le mouvement des « Gilets Jaunes ».

La possession d’une voiture est aussi synonyme de liberté pour 18 % des répondants et même de « plaisir en soit » pour 11 % d’entre eux. Inversement, 11 % ont jugé qu’elle représentait une contrainte économique, 10 % qu’elle était de moins en moins utile face aux alternatives disponibles et 7 % que les restrictions de circulation la rendaient compliquée. À noter que seuls 3 % ont estimé que posséder un véhicule était irrespectueux et dangereux pour l’environnement.

Ne pas posséder de voiture : une question de coût

De fait, si certains sondés ne possèdent pas de voiture, c’est principalement une question de coût : parce qu’elle est trop chère à l’achat (36 %) ou qu’elle représente une charge financière trop importante à l’usage (34 %) ; ou bien parce qu’ils n’ont pas le permis (34 %).

Pour 85 % des sondés, le coût du carburant arrive en tête des dépenses liées à la voiture. « Sur ce sujet, qui a été le déclencheur de la crise des Gilets Jaunes, la France exprime une opinion toute aussi massive, légèrement supérieure à la moyenne (88 %) », ajoute l’observatoire.

Certains sondés ont même déjà renoncé à faire des trajets en raison du prix des carburants, dont 63 % des 18-34 ans contre 46 % des 55 ans et plus. En conséquence, sans surprise, 61 % des répondants sont pour une baisse des taxes sur les carburants en vue d’augmenter le pouvoir d’achat. « Les habitants des campagnes sont plus favorables à cette mesure que ceux des grandes villes », précise l’observatoire. À l’inverse, seuls 18 % pensent que les pouvoirs publics devraient augmenter les taxes afin de favoriser des modes de transport vertueux. À noter que c’est en France où l’écart est le plus important (25 points) entre ces deux réponses.

Pour réduire les coûts liés à la voiture, 42 % des sondés roulent moins. « Une même proportion préfère acheter un véhicule d’occasion ou consommant moins, réduit le coût de son assurance en utilisant les comparateurs en ligne, évite les péages », ajoute l’observatoire. En parallèle, ils sont 41 % à envisager de faire jouer la prime écologique ou la prime à la casse.

Vers un avenir sans voiture ?

Autre information : 75 % des sondés (76 % en Europe et 80 % en France) ont déclaré être sensibles aux questions écologiques et avoir réorienté leurs habitudes de consommation en faveur de l’environnement. Ils sont en outre 66 % à considérer la voiture comme le premier vecteur de pollution. Cette proportion passe cependant à 60 % en Europe et même à 46 % en France où « les millennials sont deux fois plus nombreux que les seniors à juger l’automobile principale source de pollution (63 % contre 30 %) », précise Cetelem. Et si la majorité des sondés ont l’intention d’acheter un véhicule essence (59 %), 49 % s’intéressent aussi à l’hybride et 33 % à l’électrique, principalement en milieu urbain.

Pourtant, 86 % des sondés pensent que l’on achètera encore des voitures dans dix ans.  La voiture idéale serait avant tout sûre (42 %), confortable (34 %) et durant le plus longtemps possible (29 %). « Notons que ces critères sont presque toujours surévalués à la campagne et par les seniors », précise l’observatoire. 26 % des répondants estiment aussi qu’une voiture doit avoir une faible empreinte écologique. En revanche, seuls 7 % des sondés rêvent d’une voiture en libre-service.

Malgré tout, 57 % des sondés pourraient imaginer ne jamais ou ne plus posséder de voiture (55 % en Europe). Cette tendance est plus forte chez les 18-34 ans (61 %) et les urbains (66 %). « Les Français sont les moins nombreux à envisager un futur sans voiture (43 %) », pointe Cetelem. Ce chiffre grimpe à 61 % dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, contre 38 % dans celles de moins de 100 000 habitants. À noter également que 60 % des Français ont estimé que le réseau de transport en commun était assez développé autour de leur domicile (contre 67 % en Europe et dans le monde). Un chiffre qui passe à 92 % en ville.

Autopartage et covoiturage : des sondés encore frileux

La principale motivation pour faire du covoiturage est sans surprise de gagner ou d’économiser de l’argent. Inversement, ceux qui ne le pratiquent pas en tant que passagers « préfèrent tout simplement conduire (44 %), surtout les seniors (46 %) », explique Cetelem. Côté conducteurs, la pratique est jugée trop contraignante (environ 50 %) ou trop risquée (environ 35 %).

Les motivations sont plus nuancées pour l’autopartage puisque les sondés le pratiquent en proportions égales pour des raisons pratiques mais aussi pour faire un geste écologique et pour gagner de l’argent. 49 % ne sont en revanche pas prêts à mettre à disposition leur propre véhicule, principalement par peur qu’il soit détérioré (62 % et 60 % en France). Ceux qui l’envisagent le feraient toutefois pour environ 120 euros par mois (100 euros en France).

Ainsi, seuls 29 % des sondés seraient prêts à proposer du covoiturage et 18 % à mettre leur voiture en location pour gagner de l’argent. Ils seraient plus enclins à mettre de la publicité sur leur voiture (32 %). À noter aussi que les répondants se montrent méfiants envers la vente de leurs données de conduite : 57 % y voient une intrusion dans leur vie privée et 50 % ont peur qu’elles soient détournées ou utilisées de manière illégale.