Comment réduire son poste assurance ?

Comment réduire son poste assurance ?

Si les primes d’assurance risquent d’augmenter à plus ou moins brève échéance, les entreprises disposent de nombreux leviers pour optimiser ce poste de dépense. Auto-assurance, mise en concurrence des acteurs, actions de formation à la conduite préventive, les solutions ne manquent pas.
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Comment réduire son poste assurance ?

Il semble difficile d’innover sur le marché de l’assurance des flottes tant les modèles proposés sont rodés et ont fait leur preuve. A l’exception du « Pay As You Drive », assurance à l’usage qui peine à décoller sur le sol français, rares sont les initiatives qui ouvrent de nouvelles voies. Voilà pourquoi Axa Entreprises détonne dans ce paysage. Selon Jean-Philippe Groult, responsable Auto-Entreprises, l’assureur détient le quart du marché français, mais a décidé de continuer à innover pour renforcer ses positions.

 

Une assurance «verte»

 

Surfant sur la vague de l’environnement, Axa Entreprises propose Green Miles, une assurance destinée aux flottes équipées de dispositifs embarqués pour enregistrer les consommations de carburant, soit 5 % de la flotte française selon les estimations de la compagnie. Si au moins 60 % de la flotte disposent d’un boîtier et d’une solution ad hoc, Axa Entreprises consent une remise immédiate de 5 % sur la prime d’assurance. En revanche, si ce pourcentage est inférieur à 60 %, la remise n’atteint plus que 3 %. Cette remise récurrente s’applique à chaque renouvellement de contrat. Une deuxième remise de 10 % est appliquée en fin d’exercice si l’entreprise a mené des actions de formation à l’éco-conduite et a enregistré une baisse d’au moins 5 % de ses consommations de carburant.

 

Axa Entreprises a noué un accord de partenariat avec AFTIFTIM, spécialiste des formations à la conduite. Par l’intermédiaire de l’assureur, les entreprises bénéficient de remises de 15 à 20 % sur les tarifs des formations à l’écoconduite proposées par cet organisme. La conduite économique étant également une conduite plus sûre, le taux de sinistralité part également à la baisse.

 

Mais Axa Entreprises ne se limite pas à la formation puisque l’assureur propose également toute une palette d’outils pour aider les entreprises à faire baisser les consommations de carburant de leurs flottes : sensibilisation du chef d’entreprise, formation du management, campagnes de sensibilisation des conducteurs et accompagnement sur le long terme. Cette offre recèle de multiples avantages pour Axa Entreprises. Tout d’abord, en terme d’image, elle permet à l’assureur de mettre en avant sa capacité d’innovation. De plus, les formations à l’éco-conduite permettent d’établir des projections plus précises sur la sinistralité de la flotte. « Pour les flottes importantes, les outils statistiques donnent une évaluation fine de la sinistralité et les estimations peuvent être corrigées en temps réel, explique Jean-Philippe Groult. Ce travail est beaucoup plus difficile avec les flottes dont le périmètre est plus modeste. » Et, avec Green Miles, Axa Entreprises vise avant tout les PME. Parallèlement l’assureur veut renforcer ses positions sur le marché des flottes. A terme, il veut s’adjuger 30 à 40 % du marché des flottes équipées de boîtiers électroniques ; un segment qui devrait croître rapidement dans l’avenir : « La crise incite les entreprises à réduire leurs frais généraux et elles adoptent de plus en plus des solutions de suivi de véhicules à distance », note Jean-Philippe Groult.

 

Arval devient assureur

 

D’autres acteurs comme les loueurs prennent également l’initiative sur ce dossier. Ainsi, il y a plus d’un an, Arval a mis sur pied une offre d’assurance en collaboration avec Greenval Insurance. « Pour nous, l’assurance est un produit de mobilité et de sécurité », explique Thierry Bernard, responsable de l’assurance Arval France. Tout d’abord, nous agissons sur les coûts de réparation, notamment pour maîtriser les primes et les franchises qui sont à la charge de l’entreprise. Ensuite, nous optimisons les temps d’immobilisation pour diminuer le budget consacré aux véhiculesrelais et assurer au mieux la continuité de l’activité de nos clients. » Grâce à son expertise en matière de gestion des sinistres, Arval estime faire baisser de 30 % le coût de ce poste par rapport à la moyenne retenue par les assureurs. En plus des prestations classiques (RC, tous risques, défense- recours), la filiale de BNP-Paribas propose des garanties spécifiques pour protéger les biens et les personnes et une option véhicule de remplacement en cas de sinistre partiel ou total. Sur 230 000 véhicules gérés par Arval, près de 55 000 bénéficient de la prestation assurance du loueur qui gère plus de 26 000 sinistres par an et a déjà réalisé 14 000 photos- expertises. Depuis la fin de l’année 2009, Arval remet cette assurance sur le devant de la scène pour séduire les TPE et les PME.

 

Le PAYD tarde à s’imposer

 

Toujours au chapitre des nouveautés, le « Pay As You Drive » ou l’assurance à l’usage en bon français, fait une entrée timide dans les flottes. « Axa a tenté une expérience, constate Dominique de Tassigny, responsable du département automobile au sein de Théorème, courtier particulièrement actif sur le marché des flottes, mais cela reste timide. Allianz teste également une solution, mais je reste sceptique. Gagner 1 000 kilomètres par an ne va pas changer la face des choses et ce, d’autant que les primes sont déjà basses. »

 

Autre tendance lourde, à l’image d’Axa Entreprises, les compagnies s’intéressent de près au développement durable. Bruno Larrieu, responsable du développement chez Covéa Fleet, reconnaît le travail de réflexion mené sur ce dossier par sa direction marketing. « Ce qui est sûr, expliquet- il, c’est que nous allons voir émerger des solutions qui prendront en compte les notions d’environnement. » Quant au fameux PAYD, Bruno Larrieu constate que le marché s’interroge : « Pourquoi ne pas imaginer une solution de ce type pour les jeunes collaborateurs dont la sinistralité est importante ? »

 

Quoi qu’il en soit, la crise est passée par là et modifie sensiblement les comportements des entreprises. « Tout le monde regarde son porte-monnaie, observe Dominique de Tassigny. Les budgets comme le nombre des véhicules en parcs se resserrent. Les entreprises ont tendance à remettre en cause leur contrat d’assurance pour réaliser des économies. Les courtiers sont extrêmement attentifs sur les conditions tarifaires des assureurs et regardent à la loupe s’ils ne sont pas trop gourmands. Cette pratique s’est généralisée en 2009 et devrait continuer en 2010. »

 

La fin d’une tendance Baissière

 

Du côté des tarifs, la tendance est en train de s’inverser. Après quatre années de baisses successives, les primes devraient repartir à la hausse. A titre d’exemple, en marge de la présentation de ses résultats 2009 aux analystes financiers, Generali a fait part de sa volonté d’augmenter davantage ses tarifs en France. La donne change alors que l’action volontaire du Gouvernement français en termes de répression avec la multiplication des radars a permis pendant plusieurs années de faire partir à la baisse le nombre de sinistres. La généralisation des actions de prévention au sein des entreprises a également eu le même effet. Cela étant, ces différentes actions ont montré leurs limites, notamment si les formations à la conduite préventive ne sont pas prolongées dans le temps.

 

Autre phénomène, positif pour la société, mais négatif sur le plan strictement économique, la médecine a fait d’énormes progrès et sauve de plus en plus de vies, mais a contribué à faire exploser le coût des sinistres corporels. Une inflation qui se répercute dans les tarifs des assureurs. « Il y a 10 % d’accidents en moins, explique Dominique de Tassigny, mais le coût du corporel a augmenté de 50 %. Les flottes ne pourront plus placer leurs risques avec des baisses de tarifs de 30 % comme on aura pu le voir en 2008 et 2009. » Enfin, avec la crise, les Français sont partis moins loin en vacances et ont eu davantage recours au trajet en voiture; ce qui a entraîné une surchauffe de la sinistralité au second semestre. « Cela étant, affirme Bruno Larrieu, le marché est encore baissier, car la concurrence entre assureurs s’exacerbe avec l’arrivée de nouveaux acteurs. »

 

Un marché atomisé

 

Moins d’une dizaine de compagnies se partagent le marché de l’assurance des flottes automobiles. Les deux leaders -Axa Entreprises et Covéa Fleet-, sont suivis par Allianz et Areas, nouveau nom sous lequel opère Chartis, Gan et Generali. D’autres acteurs arrivent ou reviennent sur le marché. C’est le cas de QBE, une compagnie d’origine australienne, de Zurich et de Groupama. De l’avis de plusieurs spécialistes, cette dernière compagnie cherche à se faire un nom auprès des flottes et mène une politique commerciale agressive. En revanche, les banques n’interviennent pas encore sur ce marché. « Elles y réfléchissent, concède Bruno Larrieu, mais si elle possède le savoir-faire en matière d’assurance auto et habitation auprès des particuliers, ce n’est pas le cas sur le marché entreprises. »

 

Plus nuancée, Dominique de Tassigny estime que les banques pourraient s’intéresser à des flottes de moins de 10 véhicules pour lesquelles la gestion des risques s’apparente à celle des particuliers.

 

Cela étant, le recours à un courtier est un passage obligé. A moins d’y consacrer des ressources en interne, celui-ci assure toute la gestion du contrat. « Les assureurs ne sont pas équipés pour répondre aux besoins des entreprises, explique Dominique de Tassigny. Mais, si elles l’étaient, les ressources consacrées à cette tâche auraient un coût répercuté auprès du client. »

 

Il est donc peu pertinent de faire l’impasse sur l’intermédiaire dans l’espoir de réaliser des économies sur sa commission. Un avis partagé par Covéa Fleet : « Le courtier gère l’après-vente et permet de rendre les procédures plus fluides », confirme Bruno Larrieu. Une dizaine de grands acteurs se partagent la majorité du marché dont trois ou quatre s’adjugent la plus grande part.

 

La chasse aux coûts est ouverte

 

Pour optimiser le coût de son assurance, l’entreprise dispose de nombreux leviers. Première possibilité : couvrir soi-même son risque. Seule la Responsabilité Civile est en effet imposée par la loi. Rien n’interdit de s’auto-assurer sur les dommages. Cette pratique est généralisée dans les grandes entreprises.

 

« Le chef d’entreprise doit évaluer son risque avec précision, explique Dominique de Tassigny. En matière de risque automobile, il existe des aléas. Ainsi, les dégâts au tiers ne sont pas mesurables. En revanche, sur les dommages, le courtier peut calculer le coût des sinistres. Ensuite, l’entreprise doit arbitrer entre les risques qu’elle veut conserver et ceux qu’elle veut transférer sans qu’elle ne se mette en danger. » A chacun de trouver son équilibre en fonction de son métier et de ses priorités. Bruno Larrieu précise que la conservation ne doit pas aller au-delà de la moitié de la sinistralité. Les entreprises provisionnent une enveloppe dédiée aux risques qu’elle a conservés et le courtier continue à gérer le dossier. Outre la baisse de la prime d’assurance, ce type de montage permet de diminuer la fiscalité qui peut atteindre jusqu’à 33,6 % pour les véhicules légers. Tout comme l’auto-assurance, augmenter les franchises revient à conserver une partie des risques et à diminuer le montant des taxes.

 

Autre axe de recherche, étudier les tarifs des prestataires en matière de réparation et les mettre en concurrence. Enfin, former les conducteurs à la prévention du risque routier peut faire baisser la sinistralité de 15 à 20 % sans que le risque ne se dégrade ensuite si les actions sont menées sur le long terme et si le management est motivé et impliqué.

 

Dernière solution : lancer une nouvelle consultation en espérant obtenir de meilleurs prix. Mais attention : ce saut dans l’inconnu peut réserver des surprises alors que les processus sont bien rodés avec l’assureur en place. Comme dans beaucoup de domaines, il faut éviter de lâcher la proie pour l’ombre.

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