Contrôle technique : le point sur les évolutions réglementaires

À l’occasion d’une conférence de presse, le spécialiste du contrôle technique Dekra a fait le point sur les évolutions réglementaires entrées en vigueur le 20 mai 2018 et celles à venir au 1er janvier 2019.
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contrôle technique

« Les évolutions réglementaires de mai 2018 sont liées à la transposition d’une directive européenne datant de 2014 dont l’objet était principalement d’harmoniser le contrôle technique au niveau européen et d’améliorer la sécurité routière », a rappelé Rémi Courant, directeur qualité et technique chez Dekra Automotive. « Une transposition de bon sens », selon Xavier Diry, directeur général contrôle technique du groupe.

En pratique, le nombre de points de contrôle des VL est passé de 123 à 133, et celui de défaillances de 410 à 610, réparties en trois niveaux de gravité. En conséquence, selon les chiffres du groupe, le taux de contre-visites, aussi appelé taux de refus, est passé de 19,6 % en 2017 à 22,4 % à fin septembre 2018 sur le segment des VL, dont 1,4 point dus à des défaillances critiques. Une augmentation qui n’est « pas énorme » pour Rémi Courant, contrairement aux chiffres annoncés avant la réforme.

Contrôle technique 2018 VL
© Dekra

VL : attention aux pneumatiques

En outre, la hausse du taux de refus a concerné principalement cinq éléments. En tête de file, les défauts de carrosserie et de châssis (+ 3 points), suivis des pertes de liquides importantes, notamment d’huile (+ 2,4 points). « Le contrôle de l’orientation des feux de croisement a également été renforcé avec l’installation de systèmes dans les centres entre mai et juillet 2018 », a signalé Rémi Courant, et le taux de refus dus à ce type de défaut a grimpé de 2 points. « Paradoxalement, les éléments les plus souvent défaillants sont souvent les plus faciles facilement contrôlables », a noté Rémi Courant. Les pneumatiques ont ainsi représenté 6,4 % des défaillances, dont 14 % des défaillances critiques (corde visible ou endommagée).

VL – Les principaux changements (défauts soumis à contre-visite) Points
Carrosserie et châssis + 3
Pertes de liquide + 2,4
Orientation des feux de croisement + 2
Airbag + 2
Lave-glace + 1

Éléments les plus souvent défaillants (VL) Taux défaillance
Pneumatiques 6,4 %
Orientation (Feux de croisement) 6,4 %
Opacité (Pollution diesel + OBD) 3,2 %
État et Fonctionnement (Phares) 3,1 %
État et fonctionnement (Feux stop) 2,7 %
Émission gazeuses (Pollution essence + OBD) 2,7 %
État et fonctionnement (Feux de position avant, arrière et latéraux, feux de gabarit, feux d’encombrement et feux de jour) 2,4 %
Pertes de liquide 2,4 %
État de la timonerie de direction 2,1 %
Airbag 1,9 %

Principales défaillances critiques (VL) Poids sur total défaillances critiques
Pneumatiques : corde visible ou endommagée 14 %
Efficacité du frein de stationnement : efficacité inférieure à 50 % de la valeur limite 11 %
État et fonctionnement (feux stop) : aucune source lumineuse ne fonctionne 9 %
Pneumatiques : la profondeur des sculptures n’est pas conforme aux exigences 9 %
Garnitures ou plaquettes de freins : usure excessive (marque minimale non visible) 4 %

Source : Dekra Automotive

PL : l’éclairage et les freins à surveiller

Du côté des PL, « la classification en trois niveaux de défaillances existait déjà depuis 2005 », a rappelé Rémi Courant, mais l’augmentation du nombre de défaillances prises en compte a entraîné une hausse du taux de refus plus importante que pour les VL, passé de 11,3 % en 2017 à 17,2 % sur les 9 premiers mois de 2018, dont 2,7 points dus à des défaillances critiques. En cause, l’état de la carrosserie et du châssis mais aussi les systèmes d’éclairage, si bien que « le taux de refus devrait baisser dans les prochains mois », a estimé Rémi Courant. Sur les PL, ce sont l’éclairage et les freins qui sont le plus souvent défaillants, les défauts de freinage représentant même 61 % des défaillances critiques constatées.

PL – Les principaux changements (défauts soumis à CV) Points
État carrosserie et châssis + 5,2
Orientation des feux de croisement + 3,9
Pertes de liquide + 1,6
État et fonctionnement des systèmes d’éclairage et de signalisation + 1,9

Éléments les plus souvent défaillants (PL) Taux défaillance
Orientation (feux de croisement) 5 %
Performances du frein de service 3 %
État et fonctionnement (feux de position avant, arrière et latéraux, feux de gabarit, feux d’encombrement et feux de jour) 3 %
Pare-chocs, protection latérale et dispositifs anti-encastrement 3 %
Pertes de liquides 2 %
État de présentation du véhicule 2 %
Pneumatiques 1 %
Garde-boue, dispositifs anti-projections 1 %

Principales défaillances critiques (PL) Poids sur total défaillances critiques
Efficacité du frein de service : efficacité insuffisante 30 %
Efficacité du frein de secours : efficacité insuffisante 10 %
Efficacité du frein de stationnement : efficacité insuffisante 8 %
Performances du frein de service : freinage inexistant sur une ou plusieurs roues 8 %
Performances du frein de service : déséquilibre important sur l’essieu directeur 5 %
État et fonctionnement (feux stop) : toutes les sources lumineuses ne fonctionnent pas 4 %
Pneumatiques : corde visible ou endommagée 2 %

Source : Dekra Automotive

Un renforcement du contrôle technique pollution en 2019

En France, un second renforcement du contrôle technique est prévu pour le 1er janvier 2019, dans le cadre de l’article 65 de loi de transition énergétique d’août 2015. Il concerne les émissions de polluants atmosphériques des véhicules légers. Pour les véhicules essence, le contrôle technique mesurera désormais les niveaux d’émission de monoxyde de carbone, de dioxyde de carbone, d’oxygène et d’hydrocarbures imbrûlés.

Du côté des diesel, le contrôle de l’opacité des fumées sera effectué selon la norme NF R10-025 2016, « pour une meilleure détection des surémissions de particules, comme celles causées par l’encrassement des filtres à particules », précise le ministère de la transition écologique et solidaire. Cette norme impose une nouvelle méthode de mesure, plus poussée et plus précise. Pour s’y conformer, les centres de contrôle technique devront mettre à jour leurs opacimètres ou bien en utiliser de nouveaux. La loi prévoit en outre un contrôle des NOx sur banc à rouleaux à l’horizon 2022, ainsi qu’un contrôle des émissions de particules fines issues de l’abrasion, notamment des freins, « dès que les moyens techniques seront disponibles », a précisé Dekra.

Détecter les défapages

En parallèle, le contrôle de l’opacité des fumées se basera dès janvier sur des valeurs de référence issues de l’homologation des véhicules, majorées pour tenir compte de l’usure et apposées sur les véhicules. L’enjeu : détecter une usure du système de dépollution, des défauts d’entretien, mais aussi et surtout les défapages.

Sur la base des mesures effectuées cette année, Dekra estime que ces changements devraient faire passer le taux de refus due à une opacité des fumées trop élevées de 0,8 % en 2017 à 5 à 7 % en 2019. « Il n’y a pas de défaillance critique sur la pollution, a rassuré Xavier Diry qui espère éviter une anticipation des conducteurs dans les prochains mois. De plus, on ne parle que des véhicules diesel, soit 60 % du parc. En extrapolant, cela signifie environ 2,4 % de véhicules en plus en contre-visite, exactement ce que l’on a connu au 20 mai 2018 », a-t-il conclu.

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