Des asphaltes antibruit et antichaleur en test à Paris

Dans le cadre du projet « Cool & Low Noise Asphalt », la ville de Paris est en train d’installer de nouveaux revêtements bitumineux sur trois sites pilotes, dans le but de réduire à la fois la pollution sonore générée par le trafic routier et l’effet d’îlot de chaleur urbain.
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Projet Cool & Low Noise Asphalt pose du revetement
© Mairie de Paris

Lancé en juillet 2017 pour une durée de 5 ans, le projet « Cool & Low Noise Asphalt » est subventionné à hauteur d’environ 1,3 million d’euros par la Commission européenne dans le cadre du programme européen de financement LIFE, sur un coût total de 2,3 millions d’euros. Il comporte deux volets : le perfectionnement des propriétés des deux types de revêtements bitumineux les plus répandus en Europe, et l’expérimentation de trois revêtements innovants sur trois sites parisiens.

Ces sites pilotes seront situés rue de Courcelles (8e), rue Frémicourt (15e) et rue Lecourbe (15e). Ces derniers « ont été choisis selon plusieurs critères, dont l’exposition au soleil, le manque de végétation, et l’exposition à des niveaux de bruit élevés », a indiqué la mairie de Paris. Ils serviront à tester trois formules d’asphalte aux propriétés thermiques et phoniques améliorées, développées par le concepteur de routes Eurovia et par l’entreprise de travaux publics Colas, filiale du groupe Bouygues.
Projet Cool & Low Noise Asphalt

Une question de couleur et de porosité

Les concepteurs ont d’une part joué sur la couleur du revêtement pour augmenter son pouvoir réfléchissant ou « albedo » : « plus les matériaux sont clairs, plus ils réfléchissent la lumière et moins ils absorbent la chaleur, donc moins ils la restituent pendant la nuit. En période de canicule, l’aspersion d’eau va accentuer cet effet », explique le site du projet. En ville, cela permet de lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU), provoqué justement par la restitution de la chaleur accumulée en journée par les surfaces minéralisées.

D’autre part, la surface de ces revêtements innovants n’est pas lisse mais poreuse, et ces micro-interstices vont piéger les ondes sonores. Enfin, les revêtements devaient conserver des propriétés techniques et une durabilité acceptable, avec un surcoût de production limité à 10 %.

L’enrobé conçu par Eurovia est un asphalte coulé à chaud à granulats clairs. Baptisé Puma, il combine justement « la capacité́ à réfléchir la lumière à la porosité́ de granulats légers pour une meilleure performance phonique ». De son côté, Colas va tester deux types de revêtement. Le premier, BBphon+, est un enrobé acoustique à granulat clairs originellement destiné aux voies rapides et modifié pour résister à la circulation urbaine. Le second, SMAphon, est un enrobé urbain à granulats clairs et de taille réduite pour améliorer ses capacités phoniques.

Une baisse de température jusqu’à – 3 °C

Environ 250 mètres de revêtement seront posés sur chaque site pilote, à côté du revêtement classique. Cela permettra d’évaluer la performance du dispositif et la possibilité de le répliquer sur d’autres sites. L’impact environnemental des enrobés sera suivi et mesuré pendant trois ans, en partenariat avec l’observatoire francilien BruitParif et le laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain (LIED) de l’université Paris-Diderot.

Les acteurs du projet estiment que ces enrobés entraîneront une baisse d’environ 2 °C, soit un ressenti de – 3 °C le jour en période chaude par rapport aux revêtements classiques. En outre, leur arrosage permettrait de réduire la température ambiante d’encore 1 °C, soit – 2 °C supplémentaires en ressenti. Ces effets s’accompagneraient d’une baisse du niveau sonore sur le site de 2 à 3 dB.

Projet Cool & Low Noise Asphalt