« Nous avions anticipé la possibilité du confinement, relate Théophane Courau, président du fleeteur Fatec Group. Nous en avions parlé dès janvier en comité directeur et avons expérimenté le télétravail pour de premiers salariés du plateau technique dès février, dont une personne en situation de confinement. Nous sommes depuis capables d’avoir 100 % de nos salariés en télétravail, si bien que tous nos services restent ouverts. »
Le fleeteur Direct Fleet a aussi anticipé un plan de crise quinze jours avant le confinement. « Nous avons mené des réunions de travail et écrit des procédures partagées avec tous les salariés, détaille son dirigeant Maxime Sartorius (voir le témoignage). Dès le dimanche après l’annonce, nous avons commencé la mise en pratique. »
Une organisation à mettre en place
Direct Fleet a ainsi mis au point un dispositif pour récupérer ou envoyer le courrier. « Nous ne recevons le courrier que deux jours par semaine et la poste est souvent fermée, constate de son côté Théophane Courau. Pour envoyer une carte grise ou une carte verte, nous vérifions en amont que notre client sera ouvert le jour de la réception, ou nous les gardons et lui transmettons par e-mail. Nous sommes très vigilants pour les amendes et les FPS reçus par courrier. Cela pose aussi problème pour les partenaires que nous payons par chèque. »
Autre changement noté par Maxime Sartorius : « L’activité des conducteurs est très calme. Nous avons environ 30 à 50 % d’e-mails et 70 % d’appels en moins. » Chez Fatec, l’équipe de gestion administrative reste en activité à 70 %.
Pour leurs clients, les fleeteurs se concentrent sur la prolongation des contrats avec les loueurs. « Il y aura un décalage des commandes et des renouvellements et la meilleure solution est l’anticipation, estime Maxime Sartorius. Nous avons fait le tour des loueurs pour savoir si certains étaient en capacité d’enregistrer des commandes et nous allons encourager nos clients à anticiper leurs commandes le plus vite possible pour fin 2020, poursuit Maxime Sartorius. Toutefois, la situation évolue chaque jour et des fournisseurs comment à rouvrir les livraisons. Il y aura sans doute des organisations alternatives qui respectent le confinement, à condition que le client accepte de réceptionner les véhicules. Nous tenons nos clients informés de l’évolution de la situation. »
À l’inverse, Fatec estime qu’il n’est pas forcément utile de procéder dès maintenant à des cotations : « Tous les loueurs avec lesquels nous travaillons font des cotations valables un mois seulement et 90 % des commandes passées ont été gelées », indique Théophane Courau.
Comme les flottes, les fleeteurs ont aussi dû faire face à la fermeture de leurs partenaires. « Environ 80 % sont fermés pour le dépannage, l’entretien et la réparation ou les contrôles réglementaires, précise Théophane Courau. Or, nous fonctionnons avec un réseau de plus de 30 000 partenaires. Dans cette situation, nous privilégions la disponibilité et la sécurité des véhicules. En contrepartie, nous acceptons d’aller chez d’autres partenaires. Nous avons donc fait des avenants aux contrats pour adapter les règles. »
L’entretien et la maintenance
Fatec entretient de nombreux véhicules d’astreinte, de l’Établissement français du sang, de transports médicaux ou des ambulances. « Nous avons entre 20 et 25 dépannages par jour, ce n’est pas énorme mais derrière il y a un important enjeu de santé, rappelle Théophane Courau. Mais le jour où les clients qui ont complètement fermé vont rouvrir, il va falloir réaliser tous les entretiens et les contrôles réglementaires qui n’ont pas été faits », anticipe-t-il. « Chez Direct Fleet, nous sommes confrontés à des questions très simples, plutôt de la part des conducteurs, sur des besoins d’entretien, de dépannage ou d’assistance, témoigne Maxime Sartorius. Nous réussissons à trouver des garages ou des dépanneurs bien que ce soit plus compliqué. Et les grands groupes commencent à rouvrir des sites de manière locale et segmentée. »
Reste les difficultés financières. « Deux clients nous ont écrit pour prévenir que, compte tenu de la désorganisation actuelle, ils auront beaucoup de mal à payer dans les délais habituels, évoque Théophane Courau. Cela va se ressentir sur la trésorerie, d’autant que nous mettons un point d’honneur à régler nos partenaires dans les temps, en particulier les garages. » Pour y pallier, Fatec met en place toutes les mesures économiques proposées par le gouvernement et a contacté sa banque pour anticiper cette période. « Inversement, l’un de nos gros fournisseurs nous a écrit pour décaler toutes nos échéances d’un mois », se félicite Théophane Courau.
Anticiper les difficultés financières
« Nous avons la chance d’avoir des contrats annuels avec nos clients, pointe Maxime Sartorius. Grâce à ce business model dit récurrent, nous sommes relativement protégés et ne subissons pas de perte brutale de chiffre d’affaires. Nous sommes donc assez confiants, si tant est que nos clients – tous des grands comptes – paient leurs factures. »
Aujourd’hui, il s’agit donc d’anticiper au mieux. « Nous nous organisons pour être prêts au moment de la reprise, vers le 15 mai a priori », déclare Maxime Sartorius. « Nos clients et nos partenaires doivent toujours nous faire confiance et nos salariés doivent rester engagés. Pour cela, il nous faudra de la trésorerie », conclut Théophane Courau.