Coronavirus – Samy Layouni, Minute Pharma : « L’activité de livraison à domicile s’est fortement développée »

Spécialiste de la livraison du secteur de la santé, Minute Pharma a vu son activité de livraison à domicile se développer durant le confinement et a réorganisé sa flotte en conséquence.
- Magazine N° avril 2020
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Minute Pharma
BMW C-Evolution

Samy Layouni est directeur général de Minute Pharma.

Quels ont été les effets du confinement sur l’activité de la flotte ?

Samy Layouni Minute Pharma
Samy Layouni, directeur général de Minute Pharma

La chaîne de distribution des médicaments passe soit directement des laboratoires aux hôpitaux par le biais de transporteurs, soit par des grossistes-répartiteurs qui livrent ensuite les officines et les hôpitaux. Ces derniers représentent 60 % des flux de médicaments en France et ce sont nos clients. Avec les mesures de confinement, ces grossistes-répartiteurs se sont réorganisés en interne et sont passés de deux à une tournée de livraisons par jour auprès des pharmacies, uniquement le matin, ce qui nous a fait perdre énormément de volumes d’affaires, de l’ordre de 35 à 40 % en quinze jours.

Mais d’autre part, l’activité de livraison à domicile s’est développée avec une augmentation des volumes d’affaires de plus de 300 %. Des contrats en projet depuis 18-24 mois se sont débloqués en une semaine. Nous travaillons aujourd’hui avec 410 pharmacies pour lesquelles nous assurons les livraisons directement chez les patients et en Ehpad. Nous les réapprovisionnons également en urgence l’après-midi si besoin et nous effectuons un peu de conciergerie pour les pharmaciens, notamment en leur apportant les courses à domicile.

Comment avez-vous adapté la gestion de la flotte ?

D’un point de vue opérationnel, la flotte roule très bien avec le confinement. Les véhicules quatre-roues, auparavant utilisés pour les livraisons des grossistes, font désormais le travail habituellement réservé aux deux-roues pour la livraison à domicile. Nous avons seulement un ou deux salariés que nous n’avons pas pu basculer sur l’activité de livraison à domicile et qui sont au chômage partiel, mais nous espérons les récupérer rapidement. Nous essayons de prendre toutes les mesures de précaution pour éviter d’être contaminés et malades. Notre qualiticien en interne a rédigé un petit fascicule pour chaque livreur, décrivant comment nettoyer le camion et livrer sans contact avec le client.

Avez-vous rencontré des difficultés ?

La vraie difficulté ces deux dernières semaines, c’est que nous sommes tributaires des décisions politiques et de celles des grands groupes. Nous ne savons pas si le confinement va être plus poussé et si nous pourrons continuer à exercer. Deux de nos principaux clients ont totalement fermé. Nous avons aussi des difficultés financières car nous n’arrivons pas toujours à nous faire payer. De plus, avec l’interdiction des réunions, nous n’avons pas pu finaliser l’entrée d’un investisseur au capital de la société. Nous nous sommes donc adaptés.

Nous nous demandons aussi pourquoi les transporteurs ne sont pas assimilés à un secteur stratégique par le gouvernement. En conséquence, nous ne sommes pas équipés en matériel de protection et les pharmacies ne peuvent pas nous en vendre. Or, si ce maillon essentiel du pays venait à lâcher, on risquerait une panique générale.

Qu’en est-il de l’entretien de la flotte ?

Du côté des véhicules, notre flotte est majoritairement Renault et tous les garages de la marque sont actuellement fermés en région parisienne. En conséquence, nous achetons nous-mêmes les pièces et nous débrouillons pour faire la mécanique de première nécessité, en passant si besoin par des connaissances qui ont un garage. Nous avons un camion qui est tombé en panne la semaine dernière. Nous l’avons donc rapatrié dans nos locaux et avons réussi à régler le problème par nous-mêmes.

Où en sont les renouvellements des véhicules ?

Nous avons la chance d’être une entreprise assez jeune puisque nous avons moins de trois ans et nos véhicules sont donc récents. Pour la partie de notre flotte en achat, le prochain changement de véhicules n’aura lieu que d’ici septembre-octobre 2020 ; nous avons donc encore de la marge. Pour notre flotte en location, nous sommes en contact direct avec les responsables d’agence. Lorsque nous avons eu un besoin urgent de motos suite au recrutement de nouveaux livreurs, nous avons réussi à faire ouvrir une concession BMW pour récupérer trois motos en provenance du Sud de la France. De manière générale, nos partenaires et nos clients essaient de faire le nécessaire pour nous aider à poursuivre notre activité.

Comment anticipez-vous la fin du confinement ?

Anticiper est un grand mot au vu de la situation que l’on vit. Nous essayons de travailler sur axe financier et économique mais nous savons qu’il y aura 12 à 24 mois assez délicats lorsque l’on sortira de la crise. Nous avons des stratégies à une semaine ou un mois, voire six mois, mais pas plus. L’activité devrait se rééquilibrer par la suite et nous devrions reprendre le même rythme qu’avant. Mais pour l’instant, la seule chose qui nous importe est que tous nos collaborateurs soient là, en bonne santé et avec un bon esprit d’équipe. Il y a une vraie solidarité et nous essaierons de sortir grandis de cet épisode.

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