« Dans le domaine du TCO, il faut être jusqu’au-boutiste. Ne pas se contenter de chiffres prédictifs. Il faut réfléchir aux coûts d’inefficience liés aux sinistres, à ceux dus au temps passer à gérer des amendes, aux coûts de restitution, à certains éléments de la fiscalité comme les avantages en nature ou les amortissements non déductibles », avance Patrick Beyer, directeur des achats indirects de l’ascensoriste Kone en France.
Les décideurs et les gestionnaires de parc sont de fait de plus en plus aguerris à la notion de TCO. « Mais que met-on dans ce TCO ? C’est la question essentielle. Intègre-t-on les coûts administratifs et de gestion de la flotte ? Le temps passé à la relation avec les conducteurs, celui passé aux commandes, aux livraisons, aux restitutions ? », s’interroge Barbara Gay, directeur conseil d’Arval France. Des coûts par définition cachés et difficiles à mesurer.
Le TCO, une multitude de dépenses à agréger
« Sans oublier ces petits évènements journaliers – il y en a quasiment tous les jours – comme un paiement d’autoroute, une amende ou des frais de parking, très souvent oubliés dans le décompte global », complète Robert Maubé, expert conseil en gestion de flottes automobiles. Qui compare le TCO à un jeu de Mikado : quand l’un des multiples bâtons bouge, tout bouge !
Avec le TCO, chaque gestionnaire a son propre mode de calcul mais le principe du tout compris permet une harmonisation et donc des comparaisons plus justes. « Je compare entre les régions pour mieux diminuer les coûts, mais aussi entre pays, ce qui est plus difficile en raison des différences de fiscalité et de politique sociale », relate pour Kone Patrick Beyer, à la tête d’une flotte de 2 650 VU et motos et 140 VP.
Patrick Beyer détaille sa méthode : « J’emploie deux indicateurs de performance, calculés sur une période de douze mois glissants. Le premier intègre, pour chaque conducteur, les sinistres, les amendes, les réparations hors contrat, les véhicules de remplacement, les frais, etc. Le second concerne la consommation de carburant. J’effectue tous les mois des comparaisons entre les collaborateurs sur un même segment de véhicules et dans une même région. Un conducteur en Beauce et un autre en Rhône-Alpes n’obtiendront évidemment pas des résultats identiques. »
Calculer le TCO pour mieux le maîtriser
Pour Serge Bonnier, directeur administratif et financier de Setelen, spécialiste des travaux sur les réseaux d’infrastructure en télécom, le TCO demeure une notion relativement récente. À la tête d’un parc de 500 véhicules dont 30 VP, ce responsable calcule le TCO depuis deux ans. « Il faut à la fois intégrer la donne écologique du fait de la fiscalité mais aussi toutes les questions relatives à la loi de roulage. Une entreprise peut bénéficier de tarifs compétitifs et ainsi réduire la valeur faciale du véhicule, mais faire face à des coûts de restitution prohibitifs », constate-t-il.
Autre difficulté rencontrée par Serge Bonnier avec le TCO : faire évoluer les logiciels de gestion pour prendre en compte cette logique de calcul. « Il s’agit d’organiser des passerelles pour faire entrer les factures de tous les fournisseurs », souligne-t-il.
Pour Bernard Falcou, responsable du département véhicules de GRTgaz, « le TCO est un calcul que nous allons mettre en place rapidement, notamment avec l’arrivée d’un nouvel outil de gestion. La flotte du gestionnaire du réseau de transport de gaz comprend 1 250 véhicules en achat (moins de 5 % du parc est en LLD). Ce sont majoritairement de VU et sur les 150 VP, seuls une vingtaine sont attribués à la direction. Les autres sont mis à disposition et reviennent sur le site », reprend Bernard Falcou.
Bernard Falcou, qui a repris en main la gestion du parc depuis un an, compte s’appuyer sur son nouveau « fleeter » Overlease pour affiner le coût total. « Nous gérons en direct les questions relatives à l’assurance et à la TVS, nous devrons donc ajouter les chiffres correspondants », précise-t-il. Ce qui n’empêche pas ce responsable de suivre de près les consommations de carburant, la sinistralité, les contraventions… pour optimiser les coûts.