Covid-19 : du changement dans la mobilité des Français

Selon une étude de l’Observatoire des Mobilités Émergentes, la « démobilité » des Français, impulsée par le recours au télétravail, devrait se poursuivre en 2021. La marche, le vélo et la voiture devraient rester les modes de déplacement les plus utilisés.
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Durant la période estivale seul un tiers des Français se déplacer comme avant la crise sanitaire (C) Observatoire des mobilités émergentes

L’Observatoire des mobilités émergentes a publié, le 19 janvier 2021, une étude sur les mobilités des Français. Celle-ci s’ajoute aux enquêtes précédentes (Covid « Le Jour d’Après ») menées entre mai et septembre avec ses partenaires – Chronos, la SNCF et l’Ademe. Pour cette présente étude, 4 504 Français âgés de 18 à 75 ans ont répondu à un sondage en ligne entre le 20 et 29 octobre 2020 (soit juste avant le confinement 2).

Télétravail, achats à domicile…

Malgré une reprise progressive de l’activité durant l’été et la rentrée de septembre, la période de l’entre-deux confinements est restée marquée par une forte limitation des déplacements individuels. En effet, 55 % des répondants restreignaient encore leurs déplacements au moment de l’enquête. Plus de 19 % ne sortaient que pour des activités indispensables (courses alimentaires, travail et rendez-vous médical par exemple) et seulement 25 % avaient repris le cours de leur vie « pré-covid ».

Cette « démobilité » des Français s’explique principalement par le maintien du télétravail et une modification des habitudes de consommations. Parmi les 42 % des actifs ayant la possibilité d’exercer leur profession à distance, 68 % ont poursuivi le télétravail (27 % à temps complet et 41 % à temps partiel). En revanche, 30 % ont repris en présentiel du fait des réticences de leur employeur (43 % d’entre eux) ou des mauvaises conditions de travail à domicile (26 % d’entre eux).

Pour leurs achats quotidiens, les Français ont en outre de plus en plus recours à l’e-commerce (produits non alimentaires + 7 points, et alimentaires + 3 points) et au drive (+ 13 points) pour s’approvisionner.

… même déconfinés, les Français restent casaniers

Tous ces changements ont contribué à la redistribution de l’usage des modes de transport. Les modes de déplacement individuels tels que la marche à pied (78 % d’usage ; + 22 points), le vélo (38 % ; + 6 points) et la voiture (81 % ; + 3 points) sortent gagnants. A contrario, toutes les autres formes de transport – surtout ceux collectifs (63 % des sondés préfèrent les éviter) – sont en diminution : VTC (16 % ; – 3 points), taxis (18 % ; – 5 points), covoiturage (26 % : – 5 points), TGV (31 % ; – 8 points) et transports en commun urbains (38 % ; – 10 points).

observatoire mobilités Français
L’impact de la crise sanitaire sur l’usage des modes du quotidien (C) Observatoire des mobilités émergentes

« Le concurrent principal du train, c’est la voiture. Durant la crise, nous avons perdu 42 % de nos voyageurs quotidiens, nous devons réagir et nous adapter aux différents modes de travail de nos usagers », pointe Christophe Fanichet, directeur général adjoint numérique du Groupe SNCF et président-directeur général de SNCF voyageurs. Face à cette demande, l’entreprise ferroviaire propose désormais des d’offres d’abonnement pour les télétravailleurs en région Nouvelle-Aquitaine et en région Sud.

Satisfaits de la démobilité

Par ailleurs, les Français se montrent globalement satisfait de cette démobilité (6,7 sur 10), et ce, qu’ils habitent dans de grandes métropoles (22 % de « très satisfaits » TS), dans des communes isolées (18 % de TS) ou en zone péri-urbaines (15 % de TS). Cette satisfaction s’explique probablement, selon l’observatoire, « par la réduction générale des déplacements quotidiens et une amélioration des conditions de transport habituellement saturés. »

De plus, les aménagements mis en place durant le premier confinement sont appréciés par les Français, notamment les pistes cyclables (78 % d’avis positifs contre 12 % d’avis négatifs), les zones piétonnes (75 % de positifs et 15 % de négatifs). En revanche, la limitation à 30 km/h ne rencontre pas encore un franc succès même si elle est majoritairement soutenue (58 % de positifs et 31 % de négatifs).

Marche, vélo, voiture, mobilités d’avenir ?

Guénaëlle Gault, directrice générale de l’Observatoire des mobilités émergentes, note des clivages au sein de la société : « Une part croissante mais minoritaire des Français se montre critique à l’égard de la voiture. Pour les autres, la crise a renforcé leur attachement à l’automobile pour leurs déplacements. »

Si 60 % des répondants pensent que les modes de transport collectifs représentent l’avenir (– 9 points par rapport à 2018), 65 % sont convaincus que la voiture ne sera pas délaissée. Enfin, la démobilité est amenée à perdurer. Dans les mois à venir, 47 % des Français envisagent de se déplacer « moins qu’avant ». Par ailleurs, le télétravail va se pérenniser pour environ 23 % de la population active. Et 54 % des sondés vont poursuivre en télétravail partiel ou temps complet.

Enfin, au vu des réponses des sondés, la marche et le vélo devraient progresser de respectivement 27 points et 10 points pour les déplacements quotidiens. La voiture augmenterait de 2 points pour les déplacements occasionnels (vacances, week-end, etc.)