
Guillaume Robert est le dirigeant des Transports Bon.
Quelle solution avez-vous choisie pour lancer la transition énergétique de votre flotte ?

Guillaume Robert : Depuis 2020, 10 de nos 50 véhicules sont des Scania roulant au B100 d’Oleo100. J’en suis content, même si ce n’est pas du B100 exclusif. En effet, les délais entre les entretiens sont réduits. Mais la consommation de carburant est supérieure de 5 à 6 % par rapport au gazole. Mais ce qui compte, c’est que mon atelier intégré, qui entretient mes véhicules, ne m’a signalé ni panne, ni casse.

Vous travaillez à Paris et en région parisienne où se trouvent des ZFE-m. Le fait que le B100 ne soit pas Crit’Air1 n’est-il pas un problème pour vous ?
J’effectue tous les jours de deux à douze livraisons de bonbonnes de gaz sur l’ensemble de la région parisienne. C’est donc un inconvénient. Mais le B100 réduit tout de même de 60 % mes émissions de CO2 et de 80 % celles des particules fines. De plus, la date d’entrée en vigueur de l’interdiction d’entrée dans Paris des véhicules Crit’Air2 a déjà été repoussée jusqu’en 2025. Avec la guerre russo-ukrainienne qui augmente le coût des énergies, un nouveau report est probable.

Des véhicules au gaz ou électriques n’auraient-ils pas résolu ce problème ?
Si, mais qui veut encore se lancer dans la mobilité au gaz alors que la majorité du gaz est fossile et nous arrive de l’étranger, avec cette hausse qui nous pénalise chaque jour ? C’est dépendre d’une énergie incontrôlable. Par ailleurs, je n’ai pas le droit de transporter des marchandises dangereuses, comme des bonbonnes de gaz ou des produits chimiques, avec un camion électrique. Cette crise énergétique nous apprend donc qu’il faut utiliser des énergies nationales comme l’Oleo100. Celui-ci est produit à partir de colza français pour garder une indépendance énergétique. TotalEnergies et Bolloré en sont convaincus puisqu’ils vont en produire eux aussi.

Allez-vous maintenir votre consommation de B100 ?
Oui, car il me paraît clair que, d’ici 2025, le pétrole russe ou d’autre provenance sera progressivement détourné vers la Chine et l’Inde. Ces pays en auront besoin pour remplacer leurs centrales à charbon. Je suis aussi convaincu qu’il n’y aura jamais assez d’électricité disponible en France pour alimenter les camions une fois que l’immobilier et les voitures électriques auront pris leur part. Nous allons donc renouveler prochainement sept véhicules au B100. Et nous allons continuer à étudier les bioénergies disponibles sur notre territoire. Il y a déjà l’éthanol que propose Scania, ou le XTL, que proposera bientôt Mercedes-Benz sous statut exclusif, et qui réduit de 92 % les émissions carbonées. Il y aura aussi des solutions à l’hydrogène comme la pile à combustible ou le moteur à hydrogène.
